
DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOS S ILES
BASSIN LE LA MER DU NORD ET DE LA BALTIQUE.
BELGIQUE ET P A Y S - B A S .
Toul amo u r de la ville d'Anve r s , sur u n e é t endue de plusieurs l i eue s , parliculièremeiit sur la
rive droite de TEs c aul , ces ossements sont r épandus avec une profusion dont on peut à peine se
faire une idée.
Ils y sont t e l l ement abondant s que l'on ne s aur a i t donne r un coup de bê che à quelques pieds de
profondeur s ans en r encont r e r . C'est un vrai os sua i r e , peut - ê t r e io plus grand qui existe, où des
cadavres de Cétacés de toutes les g r a n d e u r s , des Mysticètes et des Cétodontes, des Siréniens et
des Phoque s , sont venus é choue r pendan t des siècles. Les os s ement s y sont liéuéralement mêlés
entre eux et provi ennent tous, y de r a r e s exceptions près, d ' a n ima ux ma r ins qui dilTèrent de
ceux qui vivent encor e actuellement.
r n médecin d'Anve r s du XVI - siècle. Van Go r p , a fait mention des coquilles et des dents de
poissons et de quelques ossements de g r a n d s a n ima u x terrestres , ma i s il n'a pas connu les restes de
Cétacés qui sont si n omb r e u x dans cette province.
Vers le milieu du siècle d e r n i e r , ces ossements a t t i r è r ent Taltenlion d'un naturaliste plein de
sagacité, qui habitait Cologne, le ba ron voii l lups ch. Il s'était procuré .¡uelques débris que les iravaux
a u t o u r de la ville d'Anve r s avaient fait dé couvr i r , et il en donna une description, a c compagnée
de considérations biologiques, que l'on peut fort bien lire encor e a u j o u r d ' h u i avec intérêt.
I l est le pr emi e r qui ail fait mention de ces ossements. Déjà en M' i - i , il a r e conn u la vr a i e
nature des caisses t ymp a u i q u e s des baleines, ainsi que les dent s de Sqnales qui étaient alors dési-
<.nées sous les noms de : Ichnjodontes, Odontopèlrn et GlussopÉtres.
' Pa rmi ces os s emeni s divers, a p p a r t e n a nt i, de g r a n d s a n ima u x ma r i n s , la pétrificalion la plus
r a r e et la plus r ema r q u a b l e , dit le ba ron von I lups cb, c'est un os d'oreille d'un animal inconnu,
dont la n a t u r e lui a été dévoilée par l'os de l'oreille des kifis manali, ckr so fjcnante Scclaihslcm.^
Ou voit d i s t i n c t eme n t , par la description qu'il en donne , qu'il a connu la caisse t ymp a n i q u e des
Myslicètes du c r ag. — Il leur a c corde trois pouces en longueur sur deux pouces de l a rgeur . C'est,
en elTet, la dimens ion ordina i r e de ces os.
Il a c omp a r é ces os s emeni s d'Anve r s ave c des os de la Baleine qu'il possédait dans son cabinet
et reconnail leur pa.'faite r e s s embl anc e, sur tout par l eur na tur e poreuse. Il a jout e ensuit e qu'il a
re.:u des os s emeni s fossiles d'Amé r iqu e el que, par leur aspect aussi bien que par leur couleur et leur
structure, ils sont compl è t ement send)!ab!es à ceux d'Anvers.
Il est à r e g r e t t e r , dit le s avant l)aron, qu e l'ostéologie des animaux ma r ins ne soit pas plus
i.vancée; l e u r ' c o n n a i s s a n c e ineomplète rend la dé f c rmina t ion de ces o s o m i oe s , ajnnto-t-il, diflicile.
Sans le mo t osléolidics, on ne croirait pas (|ue ce pa s s age porte la date de i l l i .
Au c omme n c eme n t de ce siècle, le c r e u s eme n t de bassins nouve aux à Anve r s , a mis au Jour
divers os s ement s intéressant s qui ont attiré Tatlention de plusieurs naturalistes français. Nous pouvons
citer La j onka i r e et sur tout Cuvier. C'est ave c quelques rostres et un e tète, incomplète trouvée
sur la piaiie de la .Méditerranée, que Cuvier a créé le ge.u-e Zi p h i n s , g e n r e devenu depuis le type
d'une g r a n d e famille qui a j oué un rôle exl r émement impor t ant vers la fin de l'époque tertiab'e.
r t i iliuslre p r o s c r i t , .M. Arnaul t , ex- a c adémi c i en, profita, en 1 S 1 9 , de son séjour cti IJclgKine
poin- écrire u n e notice sur des coquilles et des os s ement s fossiles découverts el observés dans les
environs d'Anvers . Il fait mention de trois ve r t èbr e s é n o rme s , un a t l a s , une dorsale el une lombaire
plus allongée (|uc les autres, trouvées à Irois mètres de i)rofondein-.
DES ENVIRONS D'ANVERS. i»
En 1 8 3 3 , La jonka i r e , dans une notice géologique s u r les envi rons d'Anve r s , fait éga l ement
r e lit d a n s celui où on les a trouvées,
vivants el iguorail le degr é de dur e t é
mention de vertèbre s de Cétacés, ma i s sans les dé t e rmine r .
Dans ses Recherches sur les ossemenis fossiles, Cuvier lit coiniaitre ensuite divers ossements de
Cétacés fossiles, sur tout des restes de Ziphioïdcs. Son article III est intitulé : Srir des lêles du genre
caractérisé dans l'article précédent, compièicment pétrifiées, déterrées en creusant les bassins
d'Anvers.
La dur e t é de ces pétrifications est cons idé r abl e , dit Cuvier avec r a i s o n , tandis qu e tous les
autres fossiles que l'on r encont r e dans le même gi s ement , quoique bien conservés quant aux
formes, passent facilement à l'état pulvérulent. Ce qui porterait à c r o i r e , a jout e - t - i l , qu e ces trois
pièces avaient été elles-niemes autrefois transportées d'un aui
Cuvier n'avait pas eu l'occasion d e v o i r des rostres de Ziphius
que pr é s ent ent na tur e i l ement ces os de la lace chez ces Hétérodontes.
En 1 8 3 0 , dans un e lettre adressée de Paris, nous écrivîmes à l'Académie de Ri'uxelles que les
ossements que l'on dé couvr e en si g r a n d e abondanc e d a n s les envi rons d'Anve r s , provenai ent de
diflerentes espèces de Cétacés, el q u e , à en ju^rej' par les caisses t ymp a n i q u e s que nous avions
recueillies, la plupart de ces ossements appai'ienaient à des Baleines du g e n r e Rorcpial.
A la séance du i) j a n v i e r 1 8 3 6 , M. le Ministre de l'intérieur demanda à l'Académie royale
des sciences de Bru.xelles son avis sur les débris d'ossements fossiles r encont r é s dans les ti'avaux de
terrassement qu'on exécutait pour le chemin de fer. Eo hma n u , à la séance suivant e , iit conna î t r e ,
dans un r appor t , que c'étaient des f r a gme n t s d'une ve r t èbr e de Cétacé (du g e n r e Haleine), a p p a r -
tenant il la région lomba i r e ou caudale, et il expr ima le désir de voir forme r une collection dont
la conservation serait confiée il un h omme versé en paléontologie. Cauchy, second commi s s a i r e ,
ajouta que l'élat de l'os et les f r a gme n t s de coquilles qui le r e couvr a i ent s embl a i ent indique r que ce
débris d'un gr and animal ve r t ébr é appa r t ena i t plutôt aux t e r r a ins tertiaire s qu' aux dépôts alluvicns.
Dans le cour an t de 1 8 3 6 , nous attirions l'attention des zoologistes s u r l ' impor t anc e que p r é -
sentent les caisses auditives pour la distinction des genr e s et des espèces, à propos de que lque s os
que M. Eugène Robe r t avait r appor t é s de son voyage en I s l a n d e .Pa rmi ces ossements se trouvaient
des caisses tympanique s qui nous pe rmi r en t de constater qu e le Rorqua l de la Méditerranée de
Cuvier s'étendait jusqu' en Islande et que c'est d a n s le Nord de r.Vtlantique qu'il fait son s é jour
habituel.
Ce n'est donc pas en 1 8 4 6 , dans un e note sur les Ziphius , que nous parlions pour la pr emi è r e fois
de Ralénoptère fossile, comme Lyell le fait suppos er dans son mémo i r e sur les t e r r a ins tertiaires de
la Helgique, ma i s en 1 8 3 5 .
Nous avons fait c o n n a î t r e , en 18/1-6, deux rostres de Cétacés Zipliioïdes, qui avaient été
recueillis lors du pr emi e r c r eus ement du bassin d'Anve r s , et qui reposaient depui s l o r s , dans le
cabinet d'un ama t e u r , sous le nom de pénis d'un anima l antédiluvien. L'un de ces rostres appa r t i ent
au Ziphins planirostris, décrit par Cuvier, l'autre se r a p p o r t e assez bien au Ziphius longirostris
du même auf eur .
En 1 8 5 1 , je mis de nouveau sous les yeux de l'Académie, des caisses lympanique s de Cétacés
recueillies au .lardin zoologique d'Anvers,
Trois ans plus l a rd, M. de Köninck annonç a la découverte d'un gr and nombi'C de ve r t èbr e s ,
d'une mâ choi r e et de diverses autres parties de squelettes de Raleines dans les t r avaux qui s ' exé cutaient
à celle épo(iuc aux environs d'Anvers .
M. Van Ruemdonck informa l 'Ac adémi e , à la séance du mois d'août I S SO, qu'on .venait de
découvrir, en c r eus ant la t e r r e ii Saint-Nicolas, des ossemenis fossiles n omb r e u x d'une g r a n d e
dimension. L'Académie désigna MM. Nys t , de Köninck et Van Reneden c omme commi s s a i r es et à
la séance du '> novembr e suivant, M. Nvsl donna lecture de son rappoi't.
IV.