
50 DICSCRIPTION DES OSSI Í J IE^TS FOSSILES
La couche de sable noir crEclegheni, dans laquelle nous avons trouvé, à côté d'une faune de
mollusques très-riche , le Placoziphius, est la plus ancienne. M. Nyst a publié dans les Bulletins de
CAcadémic.... îa liste des fossiles recueillis à Edegbem, avec Tindicalion des difTerentes localités
d'Europe où ils ont été rencontrés. — C'est avec ceux d'Italie, c'esl-à-dire de Tu r i n , de Tor tone ,
d'Âsli, de la Calalire et de la Sicile qu'ils semblent avoir le plus d'alïinité. — Ils en ont peu avec
ceux d'.AIIemagne ( ' ) .
Une seconde couche de sable de nicMne couleur et qui s'étend ))robablcmcnt jusqu'à Saint-Nicolas,
parait succéder la précédente; c'est le sable de Vieux-Dieu qui renferme des Dau|)hins long
l'ostre, des Zipluoïdes ei des Cétacés fanons.
La couleur noire change insensiblement en vert et en gi'is. On a as'^iniilé le dépôt vert au diestien
et .M. Mourlon en fait du miocène, jusqu'au sable vert Inclusivement.
Au-dessus de ce sable, noii' d' abord, vert ensuite, se trouve le sable gris passant au jaune ou au
rouge qui est le crag propr emoi t dit, la continuation du crag des comtés de Norfolk et de Sufl'olk.
Il renferme à Anvers des Cétodontes et les grands ilysticètes, voisins des Balénoptères et des
Baleines actuelles; ce sont tous animaux ma r ins , et, contrairement à ce qui existe en Angleterre,
il est fort rare à Anvers de trouver, au milieu d' eux, des ossements d'animaux terrestres.
Immédiatement au-dessus de ce c r ag, nous voyons le quaternaire, qui renferme abondamment les
grands maunnifères terrestres, Mammouth, Rhinocéros, Dos primif/enias, Rcnm, 3Ie(/aceros avec
des restes d'Hyène et d'autres carnassiers.
Nous aurons soin avec le concours de M. Mourlon, après la description de chaque os, de faire
connaître, indépendamment de la localité, le sable dans lequel il a été trouvé. On a souvent négligé
d'en tenir note , mais, en fouillant les trous des os, on parvient généralement à recueillir assez de
grains de sable pour en déterminer la nature.
Nous exposerons plus loin les résultats des observations faites par M. 3IonrIon sur la nature du
sable et la succession des espèces.
On est généralement d'accord sur l'âge relatif de ces sables, mais quand il s'agit de les rattacher
à d'autres bassins, l'accord n'est plus aussi complet.
Ainsi M. Vandenbroeck fait commencer le pliocène avec le sable noir inférieur et regarde l'argile
sur laquelle il repose, comme limite. MM. Nyst et .Mourlon pensent, au contraii'e, que le sable vert
est la limite et que le pliocène ne commence qu'avec le sable gris.
Au sujet de la place assignée au diestien dans les environs d'Anvers, une opinion nouvelle a été
émise récemment et d'après laquelle le diestien devrait être considérablement r a j euni ; il correspondrait
à la couche supé r i eur e, celle de Calloo et non à l'inférieure, comme on l'a cru jusqu'à
présent. Le diestien sei-ait placé immédiatement sous le campinien. Cette opinion a été émise par un
savant géologue, M. Gosselet, à la suite d'une excursion qu'il a faite dans la province d'Anvers.
Un j eune naturaliste, M. Cogéis, qui habite Anvers, a fait sur les lieux des observations nombreuses
et suivies et reconnaît trois zones paléontologiques : la zone à Panopoea Menardl, dans les
sables d'Edeghem, la zone à hocurdia coi-, dans le sable gris des bassins, et la zone à Fusits
anlif/mis, dans le sable de Calloo.
La me r qui recouvrait Anvers à l'époque où la plupart de ces animaux marins s'enfouissaient dans
le sable, s'étendait jusqu' aux bords de la Meuse, recouvrait une gr ande partie de la Hollande et
occupait une partie de l'Allemagne, au moins jusqu'au Mecklenbourg. En Angleterre, elle recouvrait
les duchés de Norfolk et de Sufl'olk; toute cette région semble avoir été sous eau jusqu'à la lin de
l'époque tertiaire. A en juge r par les ossements connus , ces eaux se sont retirées lentement et les
(') -Noiicc sur un noiivuau gïie de fossiles se rapporlant aux es|)èces faluiiionnes du midi
Edegliein, près d'Anvers, Bullclins de l'Acadé/nio royale de M'jique, l. XII, 1801, p. 29.
l'Eu
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DES EN\ ' IRONS D ANVEllS. 51
Tbalassothériens riverains animaient encore le vaste estuaire d'Anvers que le sol s'émergeait du coté
du Limbourg et de la Baltique. Les Siréniens et les Phoques abandoimaient l'intéi'ieur des terres à
mesure que les golfes et les bassins se rétrécissaient. On découvre dans le lit de la Meuse à EIsloo
des restes de Squalodou, iS'HaUlherium et de Phoque s , qui sont en tout semblables à ceux de
l'argile rupelienne et du sable noir de Saint-Nicolas.
Ce sera une élude bien intérc-ssanto par la suite que celle des communications de la me r du
Nord et la Baltique, de la me r Noire et la Méditerranée, à l'époque où lous ces grands Cétacés et
ces nombreux Phoques occupaient le coeur de l'Europe. La vallée du Danube, depuis la me r Noire
jusiju'aii lac de Constance, r enf e rmenl des ossements de lous ces gr ands animaux marins, et, comme
à Anvers, on voit partout des débris d'animaux pélagiques mêlés avec des restes d'animaux littoraux.
Mais il reste à déterminer quels sont les rapports des espèces et des genres qui hantaient ces
mêmes mers, qui sont aujourd'hui si complètement séparées.
Nous examinerons plus lard les communications (|ui devaient exister enti'C la me r du Nord de
celle époque et la Baltique, la me r Noire et la Méditerranée. Les ossements d'animaux ma r ins mis
au jour en Suisse, dans le Wur t embe rg, ainsi que dans la vallée du Da n u b e , à Linz, à Vienne et à
Pestb, indiquent clairement les pays que la me r recouvrait à cette époque des temps tertiaires. On
a reconnu depuis longtemps déjà, d'après les mollusques marins, la réunion, à l'époque miocène, du
bassin de Vienne avec celui de Constance et de Berne.
Il y a plusieurs observations à faire au sujet de l'ensemble d'animaux fossiles des environs d'Anvers.
Ou y trouve des Foraminifères, des Bryozoaires, des Mollusques et des Vertébrés, et presque
lous ces a n ima u x , si pas tons, sont à régime animal. Comme aujourd'hui le régime végétal est une
rare exception dans la me r et ceux qui habitent le littoral peuvent seuls se nour r i r de végétaux.
-Mais, parmi tous ces carnassiers, ce sont précisément les plus voraces qui semblent avoir été
les plus abondant s , surtout parmi les poissons. Les dents de Plagiostomes sont ext raordinai remeni
répandues et le Carcharodon megalodon est moins rare que le poisson osseux le plus commun.
Lu rai'eté des animaux qui ont dû servir de pàlure s'explique aisément si l'on tient compte du
régime particulier de certaines classes.
Quelle était la pâture de ces nombr eux Zipbioïdes, de ces Dauphins à longue et à courte s ymphyse,
de ces Baleines de toutes les dimensions et de ces Phoque s amp h i b i e s ? Les Zipbioïdes ne
poursuivent actuellement que des Céphalopodes, surlont de la famille des Ca lma r s ; les Baleines
véritables ne mangent guère que des Mollusques gastéropodes et pl é ropode s , ainsi que de petits
Crustacés ; les Dauphins et les Balénoptères r e che r chent , comme les Phoque s , les poissons osseux.
Ces xMollusques céphalopodes aussi bien que les autres Mollusques et les Crustacés n'ont guère de
parties solides à conserver et les poissons osseux n'acquièrent pas une taille assez gr ande pour que
leurs débris soient facilement recueillis. C'est ce qui nous explique l'abondance des uns et la rareté
des autres.
Il existe dans ces sables un mélange d'animaux dont il n'est guère facile au premie r abord de
se r endr e compte.
Il est évident que les Zipbioïdes ne pouvaient vivre à coté des Phoque s ; tous les Ziphioïdcs sont
Teutophages, a dit depuis longtemps Es chr i chi , c'est-à-dire que leur pâ tur e consiste en Céphalopodes
et ces Mollusques ne se rencontrent guère qu'en pleine me r . Les Phoques, au contraire, sont
IclUhyopbages el c'est dans les baies et les criques qu'ils pèchent avec le plus de succès.
Quelques naturalisles ont cru pouvoir expli(H!er le mélange et l'abondance de ces a n ima u x , en
admellanf que la pâiure soii plus riche près des côtes; mais, en supposant qu'il en soit ainsi,
cela n'explique pas leur mélange.