
2 DESCRIPTIOÎV DES OSSEMENTS FOSSILES
Ces osscmenls proviennenl (raiiiniaux bien différcuts les mis des autres; qiielquos-ims iiidiqueiil
des Raleiiies de pelite laille, comme ou en trouve encore dans la mer de nos anlipodes; mais le
plus grand n ómb r e s e rapi)Ortent à des Balénoptères et des Célodonles qui ne sont pas sans analogie
avec des espèces qui vivent encore dans les mers d'Europe.
Il y a un contraste l'rappfint sous le rapport du nombre et de la variété, entre les Célacéa qui
vivent actuellement dans le voisinage de nos côtes cl ceux qui ont rem|)li TesUiaire d'Anvers de
leurs débris. Aujourd'hui c'est un événement si un Célacé èclioue.
Il y a eepeiulaut des parages où cette abondance d'ossemenis est lout aussi grande ; non loin do
la côte du Cbili, la petite île de Mocha est entourée d'une telle quantité d'ossements, dit Pecbuel,
que l'on pourrait en meubler tous les Musées d'Europe. Le comte de Deauvais dit (¡ne la baie de
Iloicard Toivn (Ta smani e ) est un cimetière de Cétacés océaniens. Sur les cotes du Drésil, il existe
encore des clotures faites avec des mandibules de Baleine, comme jadis on on établissait dans le
golfe de Gascogne. Nous avons vu, à Liverpool, un navire chargé d'ossements de Baleines qui
avaient été recueillis sur les côles d'Afrique pour en faire du guano artificiel.
Il y a près d'un demi-siècle que les ossements de Célacés d'Anvers ont attiré notre attention.
Depuis 1 8 3 0 , nous n'avons jamais perdu de vue col ordre intéressant de Mammifères, aussi
bien les espèces vivantes que les espèces fossiles, et nous pouvons dire que nos travaux actuels sont
lefrii it de cinquante années d'observations.
Avant d'aborder les Cétacés fossiles qui ont laissé leurs dépouilles en si grand nombre daus le
sable des environs d'Anvers, nous croyons devoir passer en revue les espèces Myslicètcs et
Cétodontes qui fréquentent ou qui ont été observées sur les côles d'Europe.
Nous croyons celte revue d'autant plus nécessaire que !a nomenclature et la synonymie son!
souvent un obstacle à la déterminalion précise des espèces; l'histoiit' de pUbienrs d'entre elles est
lellement confuse q u e , sans une étude spéciale, il n'est guère possible de connaître les espèces
qui échouent de temps en temps dans nos parages.
L'iiistoire des espèces, surtout des Cétacés à fanons, est fort incomplète et pleine d'appréciations
erronées dans les livres qui en traitent spécialement.
On trouve des ossements fossiles de Cétacés dans loute l'Europe : à l'Est et au Sud on on a
découvert dans la haute et la basse Autriche, en Croatie, en Crimée, en Ilalie, en Portugal, en
France et en Suisse; au Nord, dans les Pays-Bas (Gueldre) , en Allemagne (Wesl|ihalie, Mecklembourg),
en Suède ; à l'Ouest, en Angleterre et en Ecosse.
A l'époqne où ces ossements ont été enfouis, la mer du Nord passail sur la Belgique, la Hollande
et rAllemagne pour communiquer avec la Baltique et la mer Blanche; la me r Noire élcndail ses
bras par la vallée du Danube, jusqu'au Wur t embe rg et à travers la Suisse pour communiquer, par
la vallée du lUiône, avec la Médilerrunée.
C'est au fond de ces criques qui sont aujourd'hui des champs cultivés ou des surfaces bâties, que
l'on trouve ces vastes ossuaires où les Baleines et les Dauphins ont été ensevelis ¡¡endant des siècles
géologiques.
Les ossements,fossiles d'Auglelerre ne diffèrent guère des nélres, si co n'est par leur état de
conservation; lout en étant disposés au fond de la môme mer, les ossements recueillis dans le orag
sont généralement roulés et mélés à ceux d'animaux terrestres.
C'est ce qui nous a fait dire que les côtes, à l'Ouest de l'Angleterre, étaient, sans doulc, fortement
battues par les vagues à chaque ma r é e , tandis que l'estuaire d'Anveri^ recevait lous les cadavres
flottants qui étaient poussés par les vents dominants.
Los rares ossements de Géothériens que l'on trouve mêlés avec les Tbalassotliériens dans les sables
DES ENVIRONS D'ANVERS. 5
d'Anvers, proviennent surtout du Renne, du Cerf, du Cheval, du Boeuf, du Rhinocéros, de la Hyène
et de l'Ours. Le Musée de Bruxelles en renferme de tous ces animaux.
Il est assez remarquable que les deux Amériques recèlent, dans le voisinage des côtes, des espèces
qui ont les plus grandes afGuilés avec les nôtres. On en trouve dans différentes localités des États-
Unis, et, dans l'Amérique méridionale, ou en a découvert sur la côte de Buénos-Ayres, qui ne sont
égalemeul pas sans analogie avec les nôtres. Tout récemment on a signalé des ossements de
Cétacés fossiles en Australie.
Quant à la question de savoir si le nombre de Célacés a été en diminuant ou en augment ant , il
est évident que le nombre d'individus a diminué parlonl où il y a des pécheurs, et que plus d'une
espèce même est sur le point d'être exterminée; il ne nous paraît pas douteux : la faune célologique
a été plus riche qu'elle ne l'est aujourd'hui, cl, à la fin de l'époque miocène ou au eommencemenl
du pliocène, elle était à sou apogée.
Les zoologistes sont généralement d'accord pour ne désigne)- sous le nom de Cétacés que les
Mammifères aquatiques qui ont le corps fusiformc, la peau lisse, les narines ouvertes à la base du
rostre et les mamelles situées à côté de l'anus.
Ces aniniiUix vivent généralement en haule mer et échouent sur les côtes; e'esl ])ar exception
que certaines espèces habitent les lleuves.
Nous connaissons, parmi les Célacés, des Balénides qui ont des fanons, des Ziphioules qui ont des
dents fort irrégulières et peu nombreuses et des Delpliinides qui portent un grand nombre de
dents de forme conique, espacées el semblables entre elles.
Les Balénides ont, les uns, le dos nu, sans nageoire, el la tète du tiers de la longueur du corps, ce
sonl les vraies Baleines; les autres ont une nageoire sur le dos, et la (èle du quart de la longueur du
corps avec des replis sous la gorge et la poitrine, ce sont les Balénoptères connues aussi sous le
nom de Rorquals et les Mégaptèrcs connues par leurs grandes nageoires pectorales.
Les Baleines véritables onl une aire géographique étendue avec des stations fixes qui varient
d'après la saison el chaque espèce hante seule une région propre. Ces Célacés se nourrissent de
mollusques Pléropodes et de petits Crustacés; les Mégaptères et les Balénoptères ont une aire géographique
|)lus élendue, mais plusieurs espèces fréquentent la même r égion; ils se nourrissent de
poissons. Les Zi|)liio'ides sonl plutôt cosmopolites que confinés el plusieurs d'entre eux se rendenl
d'un hémisphère à Taulre; iisse nourrissent de Céphalopodes. Les Célodontes, généraiemenl connus
sous le nom do Dau|)hius, paraissent |)lus confinés et se réunissent ])ar gamme s nombreuses dans les
mêmes parages; ils se noui'risseni de poissons comme les Balénoptères.
Il iini)orlo de faire le relevé dans chaque mer :
•I" Des espèces qui lui sonl propres;
"1" D(; celles (pii paraissent périodiquement;
De celles (|ui fonldc s api)ari(ions accidentelles.
Ce sera le moyen de juge r des dilTércnces (|ui ont surgi depuis que la mer occupe son lit
aciuel.
Pour apprécier la valeur d'un travail, il est souvent nécessaire de connaître les maléri uix que
l'aulour a eus à sa disposition.
Los naturalistes qui se sonl occupés do Célacés, et surtout de Cétacés fossiles, se sonl généralement
bornés à faire connaiire les objets que le hasard a fail tomber entre leurs mains. Il y a
(piciques exceplions; ainsi fou mou ami Eschrichl a eu à sa disposition plus de Célacés vivants