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Eu Angleterre, R. Owen ne cite, parmi les mammifères fossiles britanniques, aucun débris
de Phoque, el nous no connaissons que ceux qui ont été signalés par 51. Ray Lankaster, sous le
nom de Trkhecodon ('). The name Trichecodon ivas proposed lo the aulhor by M. Van Bcncden,
dit M. Ray Lankaster. Ce nom indique suiïisanimcnt les aliînilés avec les Trichcciis.
Les natiiralistes américains ont fait comiailre également des ossements fossiles de Phoques
recueillis dans les États-Unis d'Amérique.
Un des premiers est celui auquel M. Joseph Leidy a donné le nom de Pkoca Wymani et que
Wyman avait signalé déjà en 1830 (-), Dans ces derniers temps, le savant naturaliste do Philadelphie,
dans sa faune fossile de Dakota et de Nebraska, a établi plusieurs espèces, mais elles ne
reposent pas toutes sur des pièces bien caractérisées. Le l'hoca debilis du sable de Asliloy-lliver,
Caroline du Sud, et le Phoca modesia de la même localité no sont connus, le premier que par
trois dents, le second que par une dent; Tauteur les a fait représenter, tout en exprimant luimême
des doutes sur cette détermination; il suppose qu'une de ces dents pourrait bien provenir
d'un Squalodon. C'est aussi Favis du professeur Cope. Le Lobodon veUis, genre créé par Jl. Cope
pour une molaire de New-Jersey, est cité par .M. J. Leidy comme une quatrième espèce de Piiinipède.
Il fait mention ensuite de Phoca groenlandica et de Trichecus rosmanis, le premier du
quaternaire du Maine et du Canada, le second de New-Jersey et de Virginie (•').
3L Cope fait remarquer que le genre Lobodon est voisin du genre Stenorhynchus. Ne serait-ce
pas l'espèce similiaire du Pelagius Monachus de la Méditerranée?
Dans celte faune fossile de Dakota et de Nebraska figurent des dents, sous le nom de Delphinodonmeulo,
pl. XXX, qui nous semblent provenir plutôt du Phoque que du Dauphin.
Nous venons de signaler des ossements de Phoques, rapportés à des espèces vivantes, provenant
du 3iaine et du Canada, ainsi que de Ne-sv-Jersey cl de Virginie. N'ous en trouvons dans les mêmes
conditions en Europe et en Australie.
On connaît depuis longtemps des squelettes de ces amphibies, en Écosse, dans une couche
d'argile, à quatre-vingt-six et à cent cinquante pieds au-dessus du niveau actuel du Forlh et à
seize pieds de profondeur dans le sol. Knox en a fait mention d'abord, mais c'est tout récemment
qu'ils ont été Tobjel d'un travail intéressant dû à la plume du professeur Turner. Ces squelettes
sont conservés au Musée d'Edimbourg où nous avons pu les étudier. M. Turner les rapporte
au Phoca hispida{^), la plus petite espèce de tout le groupe, qui n'abandonne guère les glaces
du Groenland, el que les baleiniers anglais et américains désignent sous le nom de Floerat. Nous
partageons complètement l'avis du savant professeur d'Édimhourg, comme nous avons déjà eu l'occasion
de le dire dans un travail antérieur sur les Phoques fossiles d'Anvers
En Norwége, le D'' Kinberg a signalé également des ossements de Phoque enfouis dans les
mômes conditions qu'eu Écosse et que ce savant rapporte au Phoca (jroenlandica. Cet enfouissement
date probablement de l'époque glaciaire. On sait que le Phoca rjroenktndica ne quitte plus
guère les glaces des régions arctiques, pas plus que le Phoca hispida (').
(') E. Ray Lankaster, On the sovrccs of the viavnnaliun fvssils of Ihc Red crar/ , Qc\nT. Jolrn. ceol. Soc.,
18G3, p. 221.
(2) Wyman, l'hora Wymani, Leidy, A.m. Journ. Sc., ISîiO, X, 229.
(5) Leidy, The oxLincl mummalian l'auna o/ Dakolu and Nebraska. PliiUidoIjiliIa, 18(1!).
Knox, .)femoirs of Werneriun Society, i. V, |). y72.
Pi'ofessor Tlrneii, On Ihe species of Seal formed in Scotland in beds ofi/lnciat day, Jolunal of Anatomy
Physiology, vol. IV.
Les Phoques de la mer scaldisicnnc, Bi'lletiss de l'Acadiîsiii; rovale DEBEi.Grgi E, série, i.XXXlt, 1871.
(J) Om arkiiska Phocaccer funna,uti mcdersla Svcri'jes yluciallera, Ofv. ak Kokgl. Vet. Akad. PoRii.vNDi.iNGAn, 1869.
Dans ces derniers temps, le D^ Haast, de Canterburry, Nouvelle-Zélande, a trouvé, à côté d'os
de 31 oa cassés el en partie brûlés, des restes de Chiens el de Phoques (Otaries), avec des silex
semblables à ceux d'Amiens ( ' ) .
Sur le bord de la Méditerranée on a signalé dans ces derniers temps des restes de Phoques
également mêlés aux divers os dans des cavernes, mais ils n'ont ))oint, que je sache, été déterminés.
D'après ce que nous venons de voir, on a reconnu des ossements do Phoques fossiles dans le
bassin de la mer Noire et du Danube en Hongrie, en Autriche et en Ravière, dans le bassin de la
Méditerranée en Egypte, en Italie, à Malte, dans la vallée du Rhône el dans le golfe de Gascogne;
enfin, dans le bassin de la mer du Nord cl ses afHuents, en Angleterre, en Écosse, en Hollande et
en Belgique.
Leur présence a été signalée également aux États-Unis d'Amérique el en Australie.
La présence de ces carnassiers amphibies est donc reconnue aujourd'hui dans presque toutes
les localités où l'on a mis au jour des dépôts marins de la fin de l'époque tertiaire.
Comme les Cétacés, ces carnassiers amphibies a|)paraissent partout, d'abord dans le miocène
supérieur, puis dans le pliocène. Cbez tous les caractères des Pinnigrados actuels sont parfaitement
dessinés.
CONDITIONS DANS LESQUELLES SE TROUVENT CES OSSEMENTS A ANVERS.
A quelle époque les Phoques ont-ils fait leur apparition?
On a parlé de Phoques recueillis dans des terrains de l'époque secondaire, mais il y a lieu de
croire à une erreur, soit dans la détermination des os, soit dans l'appréciation des terrains qui les
renferment. Nous ne connaissons guère ces animaux avant la fin de l'époque miocène, en Europe
comme hors d'Europe. Le plus ancien nous parait avoir été recueilli dans le miocène de l'Amérique
du Nurd, le Phoca Wymanni. « In a miocene formation at Richmond, Virginia, » dit
M. J. Leidy
Avant de faire connaître les ossements, il est indispensable d'exposer la succession des couches
dans lesquelles ceux des environs d'Anvers sont conservés. Nous suivrons dans cette exposition la
marche indiquée par Duniont. Il a fait de l'anatomic descriptive en géologie. II a laissé à d'autres
le soin de paralléliscr les couches bien observées et il a pu se dire : on cliangera bien les termes,
on discutera sur l'ancienneté relative des couches dans divers bassins, mais on ne fera pas que mes
observations sur le terrain que je décris soient en défaut; je ne sais si réellement le bruxellien est
.'analogue du calcaire grossier de Paris; si l'argile rupclienne est miocène ou oligocène, mais ce
que je puis allirmer, c'est que le bruxellien est plus ancien que le laekenien et que le rupelien a été
déposé avant le scaldisien.
Nous avons dans les environs d'Anvers un horizon bien défini : l'argile de Boom ou argile
l'upelienne.
Au-dessus de cette argile se trouvent plusieurs couches de sable, séparées et définies par leur
couleur, par leurs fossiles et souvent par des couches de cailloux roulés.
(I) IhUl. Acad., Bnlin, 1869, p. 752.
(-) J. Leidy, The extinct inanmalian fauna. Pliilaiiclpliia, 18G9, |). 413.