2 M AN G OU STE D’ALGER.
stituer de caractères spécifiques, il faudrait de toutes autres lumières que celles que
nous possédons pour le démontrer. Nous ne sommes donc point autorisés à nier
aujourd’hui la valeur que ces caractères reçoivent de l’état actuel de nos connaissances,
quoique nous soyons prêts à en admettre la faiblesse, quand des faits directs
ou des analogies suffisantes nous en auront donné la preuve. Ces observations,
en faisant sentir la nécessité où l’on est encore en zoologie d’étudier les moindres
faits pour remonter à des causes dont le nombre pour nous est encore si borné, mo-
tiveraientsuffisamment, s’il en était besoin, le soin que nous mettons à indiquer des
modifications qui nous échapperaient si nous les considérions comme n’étant que
légères et sans importance pour la science. La vérité est que ces modifications deviendront
un jour une des sources les plus abondantes, et peut-être même les seules
où l’expérimentation pourra puiser ses lumières sur les différences qui existent
entre les espèces du même genre.
Notre ménagerie possède un mâle et une femelle de Mangouste d’Alger. Ces ani.
maux ont été ramenés directement en France de cette partie de l’Afrique, et ils vivent
dans la plus intime union. Nous conservons l’espoir de les voir se reproduire : ils
s’accouplent fréquemment, et alors la femelle crie comme, dans le même cas, le fait
la Chatte. Ils se couchent et dorment enlacés l’un avec l’autre, et dès qu’on les sépare,
ils se recherchent et témoignent assez vivement le besoin de se réunir. Cette
affection, qui se manifeste d’une toute autre manière que celle qui n’a pour cause
qu’une simple habitude, me fait conjecturer que ces animaux vivent naturellement
par paires. Comme toutes les autres Mangoustes que nous avons eues, celles-ci sont
très-apprivoisées, et elles montent avec beaucoup d’adresse aux arbres, pour peu
que les branches soient disposées de manière à favoriser leur ascension; et assurément
elles devraient profiter de cette faculté pour faire la guerre aux oiseaux et à leurs
oeufs, comme elles la feraient aux oeufs de reptiles et aux jeunes Serpens ou aux
jeunes Crocodiles.
Depuis que la Ménagerie a acquis ces deux animaux, j ’ai eu occasion d’acquérir
moi-même une Mangouste tout-à-fait semblable à eux, qui venait du Sénégal.
Cette Mangouste pourra être désignée dans les catalogues méthodiques par le nom
latin de Numidicus.