ISATIS MALE
DANS SON PELAGE D’HIVER.
L ’ opinion qui s’est établie et perpétuée parmi les naturalistes, que les Isatis,
blancs en hiver et d’un gris plus ou moins fuligineux en été, ont^pour variété les
Isatis qui conservent cette dernière couleur pendant toute l’arinee, nous fait
craindre que l’histoire des uns n’ait été confondue avec celle des autres. Nous
considérons en effet ces derniers comme appartenant à une espèce distincte, par
cette double raison que l’opinion dont la nôtre diffère n’est fondée sur aucune
observation directe, et n’a pas même les analogies pour elle, comme nous l’avons
déjà dit en parlant de l’Isatis gris (66e livraison); elle ne nous paraît reposer que
sur le rapport fait à Gmelin par quelques chasseurs, qu’on trouvait dans la meme
portée des Isatis blancs et des Isatis gris. Toutefois, considérant que l’espèce
variable dont nous donnons aujourd’hui la figure dans son pelage d hiver parait
avoir été la plus communément observée, et que ses rapports organiques avec
l’espèce non variable sont tels qu’en été il n’est plus possible de les distinguer
entre elles, nous croyons pouvoir, sans commettre de graves erreurs , rapporter,
du moins d’une manière générale à la première, ce qui a été dit du naturel de
toutes deux, et il est même probable qu’à cet égard elles ont encore assez de ressemblance
pour que ce qui a été rapporté des moeurs de 1 une convienne tout-a-
fait à celles de l’autre.
Plusieurs auteurs de la plus grande autorité ont donné les élémens de l’histoire
naturelle de l’Isatis. Gmelin (Nouv. Comm. acad. Petrop, T. v , 17^4 e**
1755 ) , qui fit partie en 1733 de la commission chargée par le gouvernement
Russe d’çxplorer la Sibérie; Steller, compagnon de Bering, dont les observations
n’ont été publiées qu’après sa mort (Description du Kamtschatka, qte.); Pallas,
( Zoog. Rosso asiat., p. 5i ) , dans son ouvrage trop rare sur la zoologie de la
Russie asiatique; Tilesius, qui a copié en partie ce dernier (Nov. Act. nat. cur.}
T. xi, part, a) ; Franklin ( Voy. aux bords de la mer Polaire*), ont observe eux-
mêmes ces animaux dans leur état de nature, et ce qu’ils en rapportent ne
peut être que fidèle.
Il en résulte que les Isatis se rencontrent dans tout le nord de l’ancien Monde,
du Groenland au Kamtschatka, dans les îles Aleutiennes et dans tout le nord de
l’Amérique, depuis le détroit de Bering jusqu’à la mer d’Hudson; mais ds ne