4 RENARD DE L ’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE,
celle de celui-là est uniformément d’un gris-jaunâtre. Ces trois espèces me paraissent
aussi se distinguer spécifiquement du Loup du Brésil; En effet, chez ce Loup
le fauvè ne domine pas; il n’a pas de blanc vers les épaules; et sa queue n’est pas
d’un gris uniforme comme chez le Loup du Mexique ; d’un autre côté, toutes ses
parties inférieures sont blanches, la face interne de ses oreilles est fauve, et sa queue
est terminée par des poils noirs1, caractères qui ne sont point ceux du Loup antarctique
; enfin il n’a ni le museau, ni les pieds noirs du Crabier.
C’est par les mêïnes différences que mon Loup de l’Amérique méridionale se distingue
des trois dernières espèces ; mais se distingue-t-il aussi profondément de
celle de M~. dé Wied? Bien des motifs me font pencher sur la négative.
D’abord, -je doute, comme je l’ai déjà dit, que cette dernière espèce soit un Renard.
Je cràins que, dans le travail du cabinet, les analogies que M. de Wied a reconnues
entre son Canis Brasiliensis ét l’Agouarachay de D’Azara ne l’aient porté à transformer
ce Chien en Renard, et qu’il n’ait encore été confirmé dans cette pensée par
les nombreux rapports qu’il avait reconnus entre ce Chien et le Renard tricolore,
rapports qui existent en effet dans les couleurs ; mais ce qui achève de m’affermir
dans ces suppositions, ce sont les nombreux points de ressemblance qui existent
entré mon Loup et le Chien de M. de Wied. Malheureusement, l’enluminure de son
Canis Brasiliensis, confiée à des mains inhabiles, est peu conforme à la description
qu’il donne des couleurs de cet animal, dont il ne fait d’ailleurs pas connaître les
mesures. Ce n’est conséquemment qu’à sa description que nous pouvons avec confiance
comparer la nôtre. Or, il ressort de cette comparaison, malgré la différence
des mots, que ces deux animaux avaient un pelage mélangé de fauve et de noir aux
parties supérieures ; que les parties inférieures étaient blanches ; que la queue se
terminait par des poils noirs, que la mâchoire inférieure était noirâtre, que les lèvres
de la mâchoire supérieure étaient blanches, que la face postérieure des oreilles
était fauve à sa base, ainsi que les parties de la tête, et enfin que cette couleur
fauve se voyait sur les membres.
Il serait sans doute à désirer, pour apprécier les véritables rapports de ces animaux
entre eux, qu’on pût en faire une comparaison plus immédiate; mais le naturaliste
est souvent obligé de suppléer par sa critique à ce que les descriptions ont d’insuffisant,
tant que les objets ne sont pas sous ses yeux ; et les résultats auxquels ce procédé
m’a conduit, sans me donner une entière conviction, me font regarder comme
très-probable l’identité spécifique du Chien du Brésil et du Loup que je publie.
Le mâle et lâ femelle que j ’ai possédés en même temps se ressemblaient à tous
égards ; ils étaient l’un et l’autre originaires des contrées orientales et moyennes de
l’Amérique du Sud, comme celui de M. de Wied : l’un venait des états de la
Plata et l’autre du Brésil.
Ces animaux, qui ont vécu quelque temps à la ménagerie du Muséum, ortt montré
un caractère doux et facile.
Je conserverai à cette espèce le premier nom que M. de Wied a donné à son
Canis Azaroe, celui de Canis Brasiliensis, et si je ne lui préfère pas celui d’Azaroe,
c’est parce que je suppose qu’il est le fruit d’une erreur, de la méprise qu’a commis
M. de Wied; en regardant son Chien comme un Agouarachay.
Avril 1837.