CERF DE TIMOR.
N o u s avons déjà fait remarquer, en donnant la description du Cerf de Wallich,
combien il y a peu d’années encore on connaissait imparfaitement les Cerfs du
midi de l’Asie et des nombreux archipels qui l’environnent.
Trois espèces seulement en effet avaient été publiées, l’Axis, déjà connu par les
anciens, le Muntjack et le Cerf-Cochon, dont la description ne remontait guère
qu’à la fin du xvme siècle. Depuis quinze ans, ce nombre a plus que triplé. Toutes
ces especes nouvelles ne sont point encore, à la vérité, complètement caractérisées;
quelques unes ne sont établies que sur des têtes osseuses, d’autres seulement sur
des bois; et si leur existence ne peut guère être mise en doute, s’il n’y a plus qu’à
en donner des descriptions exactes et de bonnes figures pour les faire connaître
complètement, il restera à surmonter pour cela une difficulté assez grande, car
elle consiste à rapporter à telle espèce, dont on n’a que la tête osseuse ou les bois,
tel individu dont on aurait la figure et les couleurs. Or, comme les espèces peuvent
ne différer que par les couleurs, on s’exposerait à une erreur en admettant dans
la même espèce tous les individus qui se ressembleraient par les bois. C’est le cas
qui se présente pour le Cerf dont je donne aujourd’hui la figure. La grande majorité
des Cerfs du midi de l’Asie connus aujourd’hui ont des bois à deux andouil-
lers, l’un à la partie inférieure du merrain, dirigé en avant, l’autre à la partie supérieure;
la direction de ce dernier andouiller varie suivant les espèces, et, comme
le premier, il peut se trouver placé plus haut ou plus bas le long de la tige principale,
qui prend elle-même différentes inflexions. Le bois du Cerf qui fait l’objet de
cet article a tous les caractères de ceux-ci, et comme ces caractères ne sont pas
d une fixité absolue, je ne me hasarderai pas à me prononcer sur les rapports plus
ou moins grands que ce Cerf peut avoir avec ceux qui ont des bois analogues aux
siens, mais dont on ne connaît encore ni les formes, ni la taille, ni le pelage, desquels
en un mot on n’a point encore de figure et de descriptions fidèles. Je me
bornerai donc à en donner une description détaillée d’après deux individus fort beaux
qm vivent dans notre ménagerie, et dont nous avons été enrichis par M. Dussumier,
au retour de son dernier voyage en Chine. C ’est à Timor qu’il les a recueillis, et c’est
par le nom de cette île que nous les désignerons.
La teinte générale de ce Ce r f est un brun-noir plus foncé sur la tête, le cou, les
côtés, et plus pâle sur les flancs, les cuisses et les jambes, où le fauve se montre
avec une teinte lie de vin. Tout le long du dos, le brun devient presque noir, et
c est cette teinte qui colore la queue; une ligne longitudinale noire descend entre les