ATÈLE MELANOCHÉIR.
Jusqu’a présent cet Atèle n'était connu que par une dépouille étiquetée, par M. Geof-
froy-Saint-Hilaire, du nom de Mélanochéir dans les collections du Muséum, et dont
M. Desmarets a donné une description dans sa Mammalogie, n° 5o. On ignorait l’origine
de cette dépouille; et une espèce fondée sur des documens aussi incomplets
pouvait donner lieu à des doutes sur sa réalité, d’autant plus que quelques espèces
de ce genre paraissent avoir dans leur jeune âge des teintes différentes de celles de
l’âge adulte, comme nous l’avons observé sur l’Atèle Belzébuth, qui a les parties
supérieures d’un gris foncé avant que l’âge les ait rendues tout-à-fait noires. L’individu
dont nous donnons aujourd’hui la figure détruit à peu près toutes les incertitudes
; et dès aujourd’hui le Mélanochéir vient comme espèce prendre un rang
légitime.parmi les Atèles. Cet individu, qui est femelle, est entièrement conforme
à celui de nos collections : sa tête, ses quatre membres et sa queue, en dessus,
sont revêtus de poils noirs; la face interne des bras et des avant-bras jusqu’aux
mains, la face interne des cuisses et des jambes, le dessous de la queue, le dessous
du cou , la poitrine, le ventre et les côtés des fesses sont blancs ; les épaules sont
d’un gris jaunâtre, et le reste des parties supérieures du corps, ainsi que les favoris,
d’un gris plus pur. Les quatre mains et la partie nue de la queue sont noirs, et à
la face il en est de même des joues et de la moitié inférieure du nez, mais le tour
des yeux et le tour de la bouche sont couleur de chair. Le pelage se compose entièrement
de poils soyeux ; ceux des parties noires et blanches sont d’une seule
teinte, et ceux des parties grises sont annelés de noir et de blanc plus ou moins
jaunâtre. Ses proportions et sa taille sont exactement celles du Belzébuth.
Cette espèce appartient aux Atèles, qui sont entièrement privés de pouce, et
auxquels seuls Spix a conservé ce nom générique, donnant celui de Brachytèles aux
espèces qui montrent un rudiment de ce cinquième doigt. Cette distinction fondée
sur un organe rudimentaire, dans un genre où les espèces, excepté dans ce c a s ,
ne se distinguent les unes des autres que par les couleurs, nous donnent la preuve
que ce voyageur naturaliste, d’ailleurs si savant et si habile, n’avait point d’idée
juste de ce que les naturalistes appellent aujourd’hui méthode naturelle, et qui ne
les conduit à former des divisions génériques que dans deux cas : lorsque les modifications
organiques sont de nature à exercer une influence manifeste d’un certain
ordre sur l’existence des animaux, ou lorsque des analogies suffisantes permettent
de supposer cette influence où elle n’est pas manifeste. Dans le premier cas, l’établissement
des genres ne peut éprouver de contestation; dans le second, il est un