¡1
LE PILORI.
C e t t e grande espèce de Rat des Antilles, qui, avec l’Ondatra et le Desman, a reçu
le nom de Rat musqué, avait été caractérisée d’une manière fort exacte, spécifiquement,
par les historiens et les voyageurs qui s’étaient attachés à faire connaître
l’histoire naturelle de ces îles : ainsi Rochefort (Hist. nat. et mor. des îles Antilles.
Paris; i 65q , p. 124) et le Père Dutertre (Hist. génér. des Antilles, t. II, p. 3oi )
en donnaient déjà des descriptions assez fidèles pour qu’il ne fût dès-lors pas possible
de les confondre avec les deux autres animaux qui, répandant aussi une odeur de
musc, avaient été désigné comme lui par le nom de cette odeur; mais n’ayant pas
donné les moyens d’apprécier les caractères génériques de cet animal, il a été associé
à des espèces avec lesquelles il n’avait pas de rapports. Ainsi Pennant (Quad.,
pag. 247, n° i 83) et Erxleben (Mammalia, pag. 357) le réunissent aux Gavias, et
cela par des erreurs qu’il ne sera point inutile de signaler : le premier, en composant
son Cavy-musk des rapports de Rochefort et de Dutertre dont nous venons de
parler, et de celui de Labat dont nous parlerons bientôt; et le second, en prenant
une figure d’Agouti, donnée par Rochefort pour une figure de Pilori. Pallas (Glires,
pag. 9 1 ) confond le Pilori avec une espèce de rongeur de Ceylan, dont le pelage
était blanchâtre et la queue courte, induit en erreur sans doute par quelques mots
de Labat, qui portent que les Piloris sont une espèce de Rats presque blancs , dont la
queue est fort courte (Nouveaux Voyages aux îles françaises de l’Amérique, t. I,
pag. 4 2 8 ) ; Rats auxquels il donnait sans doute le nom de Pilori par erreur. Labat,
en elfet, n’a traité de l’histoire naturelle des Antilles que très-superficiellement,
comme il en convient lui-même; et les grands Rats, envoyés nouvellement de la
Martinique sous ce nom de Piloris, étaient exactement ceux que décrivent Rochefort
et Dutertre.
Ce Rat, dont on n’avait que de si imparfaites notions, n’avait jamais été figuré;
car l’erreur d’Erxleben, en prenant la figure de l’Agouti de Rochefort pour celle
de Pilori, était grossière, cette figure n’étant que la copie de celle que Marcgrave,
dix ans auparavant, avait donnée de l’Agouti, et Rochefort disant, ainsi que Dutertre
, que la figure des Piloris n’a rien de différent de celle des Rats, si ce n’est
par les couleurs.
Cette assertion ne suffisait pas pour déterminer les rapports génériques du Pilori,
mais nous avons pu constater son exactitude, beaucoup plus grande sans doute que
Rochefort ne le supposait; car non-seulement ce rongeur a la physionomie générale