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DAUPHIN A LONG BEC.
O n connaissait depuis long-temps la tète osseuse de ce Dauphin , sans que les caractères
de l’espèce elle-même fussent connus. Mon frère supposa d’abord que ces
têtes osseuses provenaient d’un Dauphin à front bombé, ce qui l’avait porté à lui
donner le nom de frontatus (Recherches sur les Ossemens fossiles, t. V , p. 278),
et il regardait comme appartenant à la même espèce un individu rapporté de Lisbonne
par M. Geoffroy, et que M. Desmarest avait décrit sous le nom de Delphinus
Geoffroyi (Nouv. Dict. d’Hist. Nat., t. IX, p. i 5 i , et Mammalogie, p. 5 12). ** *
Mais ayant reçu de M. Van Breda, professeur d’Histoire Naturelle à Gand, le
dessin d’une tête semblable à celles dont nous venons de parler, et celui de l’animal
d’où elle avait été tirée , il reconnut que l’espèce à laquelle cet animal appartenait
différait essentiellement de son Delphinus frontatus, et il le prit pour type
d’une espèce nouvelle qu’il nomma Rostratus (Recherches sur les Ossemens fossiles,
t. V , p. 4oo)- Depuis, le Muséum a reçu une peinture de cette même espèce faite
très-soigneusement à Brest, d’après un animal qui était venu s’échouer sur la côte,
et c’est cette peinture que nous publions aujourdhui.
•Mon frèré, comparant le tête osseuse de cette espèce à celle du Dauphin vulgaire
(p. 296), dit qu’elle a le museau plus comprimé vers le bout et un peu plus élargi vers
le quart supérieur; que le lobe du devant de l’orbite est plus marqué et séparé du museau
par une plus grande échancrure; que les os du nez sont plus larges, moins
saillans, et touchant aux maxillaires; que la crête occipitale est plus effacée, la tempe
beaucoup plus grande, et l’occiput en conséquence plus étroit; qu’enfin le nombre
total des dents est de 84 à 92.
L’individu envoyé en dessin par M. Van Breda avait huit pieds de longueur.
Sa nageoire dorsale s’élève en demi-croissant à peu près vers le milieu de cette longueur.
Les pectorales sont en forme de faux, et la caudale, taillée en croissant, est
échancrée à son milieu.
Toutes les parties supérieures de cette espèce sont d’un noir de suie et les parties
inférieures d’un blanc rosé ; mais ces parties ne se distinguent pas par une ligne
uniforme, cette ligne, au contraire, est fort découpée et quelques petites taches isolées
se voient sur les parties blanches. Le bord de la lèvre inférieure est du blanc
rosé des parties inférieures du corps.