TARTARIN JEUNE FEMELLE.
Tous les Cynocéphales mâles ont les poils du dessus du cou et des épaules extrêmement
longs ; mais, à cet égard, ils diffèrent sensiblement les uns des autres ; le
Chacma les a plus longs que le Babouin, et chez le Tartarin ils surpassent ceux de
tous les autres Cynocéphales et forment une crinière épaisse qui s’étend jusqu’au
milieu du dos, comme on l’a vu dans l’individu que nous avons publié dans la
5e livraison de cet ouvrage. Les femelles ne participent point à ce caractère ; e t, sous
ce rapport, la femelle du Tartarin ne parait point différer de celles des autres espèces
du genre, à en juger du moins par l’individu dont nous donnons aujourd’hui la
figure, et qui, quoique jeune, paraît avoir eu les caractères des adultes.
L ’individu d’après lequel cette figure a été dessinée avait été rapporté par
M. Ehremberg de ses voyages en Afrique, et c’est à sa complaisance que nous devons
de pouvoir en enrichir cet ouvrage.
Jusqu’à présent toutes les observations conduisaient à regarder comme règle
générale que les femelles de Cynocéphales ne diffèrent point des mâles par la couleur,
règle qui s’étendait même à tous les Singes; il paraîtrait que la femelle du
Tartarin fait exception à cette règle, du moins dans l’âge où notre figure la représente.
Nous avons vu que le pelage du Tartarin mâle était en général d’un gris
légèrement verdâtre, résultant de poils couverts d’anneaux alternativement noirs
et gris jaunâtres, 'où ces derniers dominaient. Dans notre femelle, la teinte verdâtre
l’emporte sur la teinte grise, sans doute parce que les anneaux noirs et jaunâtres
sont dans des proportions plus égales, et que la couleur de ces derniers est
plus jaune. Ces différences assez considérables, et surtout cette exception à une
“règle établie sur des faits nombreux, auraient pu. conduire les naturalistes qui n’auraient
vu qu’isolée de tout autre individu de son espèce cette jeune femelle de Tartarin,
à la regarder comme la femelle d’une espèce inconnue, intermédiaire entre
celle du Tartarin et celle du Chacma ; mais M. Ehremberg ayant observé cette espèce
dans les lieux mêmes qu’elle habite, et avec des individus de tout âge, les préserve
de cette erreur. Aussi avons-nous appris par lui que les jeunes mâles ne diffèrent
point des femelles, qu’ils sont aussi dépourvus de crinière, et que cette espèce vit
en petites troupes; caractère qui paraît être commun à toutes les espèces de Singes.
M. Muller de Berlin est l’auteur de la peinture d’après laquelle nous avons fait
dessiner cette jeune femelle de Tartarin.
C’est par le nom d"'Hamadryas que cette espèce est désignée dans les catalogues
méthodiques.
Novembre i83o.