LE DAUPHIN DE RISSO MATE
L es naturalistes, comme on sait, appellent du nom de Dauphin tous les Cétacés
qui sont pourvus de dents aux deux mâchoires, et ils les subdivisent, suivant le
nombre de nageoires et suivant la forme du museau. Ceux de ces Cétacés qui sont
pourvus d’une nageoire dorsale, et dont le museau ne s’alonge point comme eelui
des véritables Dauphins, mais se confond presque avec le crâne qui est arrondi,
sont des Marsouins; et, parmi ces derniers, ceux dont le museau, encore plus
çourt que celui des Marsouins, ne se prolonge point au-delà de la partie antérieure
d un iront, très-sphérique, ont reçu la dénomination irrégulière de globicéphale.
C est à cette division qu’appartient le Dauphin de Eisso, et ce nom lui a été donné
parce que M, Eisso de Nice l’a fait connaître le premier avec exactitude, l’on pedt
meme dire que c’est lui le premier qui l’a découvert. En effet, c’est à’ tort que
quelques naturalistes rapportent à cette espèce jmjûanphin qu’Aldrovande a fait
représenter_sans_description sous lo MtmudxiAJelphmus pria/- (de Piscibus , pag.
7.05); car ce Dauphin , par ia iOIlgueur de son museaU; ne rappelIe nullement ]e
Dauphin de Eisso, dont le museau est entièrement effacé; aussi, anciennement les
naturalistes avaient-ils eu bien plus de raison de rapporter la figure du premier
Dauphin d 4-ldrovande ai. Dauphin commun qu’au Marsouin, qui se rapproche beaucoup
plus du Dauphin de Eisso, que celui-ci ne se rapproche de l’espèce vulgaire
commune sur nos côtes de l’Océan et caractérisée par l’aplatissemenLet l’alonae-
ment de son museau.
Nous n’avons donc véritablement une idée exacte du Dauphin, qui fait l’obiet
de cet article, que depuis que M. Risso l’a fait connaître par une figure passable
qui montre bien la forme arrondie et obtuse de la tête de cet animal, ainsi que
es singulières lignes blanches dont sa peau est confusément semée. C’est dans
les Annales du Mméujn $ Histoire naturelle ( t . xix, p. 12, pl. 1 , f. / ) que cette
figure de Dauphin fut publiée; mais alors M. Eisso lui-même ne croyait pas que
lespece fut nouvelle: il la rapportait à YAries marinus des anciens, que mon
ere a fait voir être l’Epaulard (D . gladialor );, et parce que l’individu qu’il avait
découvert était privé de dents à la mâchoire supérieure, il le considérait comme un
Cachalot. Un examen plus attentif de la tête osseuse de ce même individu ayant fait
connaître que 1 absence de dents à la mâchoire supérieure n’était que le résultat
d un accident, il a été rendu à la famille des Dauphins à laquelle tous ses caractères
le rattachaient ( Eègne anim., t. 1, pag. 290 ).
M. Eisso, admettant définitivement cette détermination, a donné de ce Dauphin,
dans son Histoire Naturelle de Nice ( t. m, pag. a3 ) , la première des