CHEVROTAIN DE JAVA,
OU KANCHIL, MALE ET FEMELLE.
L a figure que nous avons donnée du Chevrotin- Napu, dans notre 37e livraison
(octobre 1822), a fait connaître les traits généraux de la physionomie des Chevro-
tams ; traits qui ne sont propres qu’aux espèces de ce genre, dans l’ordre des rumi-
nans, auquel les Chevrotains appartiennent. Le Kanchil ressemble à cet égard au
Napu; seulement sa tête est un peu moins longue, et son chanfrein un peu plus
arqué. On remarque en outre que le cou et la nuque de notre Kanchil mâle sont
plus forts, plus épais que ceux de notre femelle de Napu, et cette différence existait
aussi entre ce Kanchil et sa femelle. C’est au reste, comme on sait, un caractère
distinctif des mâles et des femelles très-marqué chez tous les ruminans.
Bufifon a parlé de cette espèce sous le nom de Chevrotain de Java (Supp., t. v,
pl. 3o , p. 229), et il en donne une figure d’après une peau assez mal conservée.
Il n’est pas aussi certain que ce soit à elle que se rapporte ce que dit Daubenton
(Buff., t. x i i , p. 344 > ph 43) de Chevrotains adultes dont il a fait représenter une
tête. M. Baffles (Trans. Linn., vol. xm) a aussi donné, sous le nom de Kanchil,
une description de ce Chevrotain, qui est entièrement conforme à celle de Buffon ;
de sorte que s’il restait quelques doutes sur celle-ci, ils seraient dissipés par celle-là,
qui a été faite aux Indes sur des dépouilles très-fraîches de l’animal. D’ailleurs celle
de Buffon et celle de Baffles se rapportent absolument à plusieurs peaux préparées
qui sont dans les collections du Muséum, et qui lui ont été envoyées de Java et
de Sumatra par MM. Leschenault, Duvaucel et Diard.
Les caractères des deux individus que j ’ai eus sous les yeux ne se retrouvent pas
exactement dans les descriptions de Buffon et de Baffles, ni dans les individus des
collections du Muséum. Je ne pense cependant pas qu’il faille les considérer comme
appartenant à une nouvelle espèce, et je me bornerai à considérer leurs différences
comme étant dues à l’âge ou aux circonstances sous l’influence desquelles ils se sont
développés. Dans tous les cas, j ’indiquerai soigneusement ces différences, et tôt ou
tard mon erreur, si j ’en commets une, pourra se rectifier.
Le mâle et la femelle de mes Kanchils ne différaient qu’en peu de points : la
femelle était beaucoup plus fauve que le mâle, et un peu plus petite, et, comme je
l’ai déjà dit, la nuque et le cou de celui-ci surpassait sensiblement en grosseur la
nuque et le cou de l’autre; je n’ai donc actuellement besoin que de décrire le mâle
en détail. Les côtés et les parties supérieures de la tête étaient d’un beau fauve pur,
à l’exception de la région du front, où se voyait une longue tache d ’un gris-foncé ;
et une teinte de cette couleur se mélangeait au fauve sur le museau, immédiate