SARCOPHILE OURSIN.
I l a existé une époque dans l’histoire de la mazologie qui a précédé immédiatement
celle d’aujourd’hui -, où le sentiment des genres naturels dominait les
esprits, sans que les principes qui devaient guider dans la composition de ces genres
existassent encore d’une manière formelle. Alors les, groupes génériques dans
chaque ordre se composaient de la réunion des espèces qui paraissaient avoir la
même physionomie; et q|s groupes, ainsi composes, on cherchait ce que les
espèces avaient de semblable dans leurs organes extérieurs, et on formulait d’après
ces organes les caractères du genre. Si une espèce nouvelle était trop différente
de toutes les autres pour leur être réunie, elle devenait le type d’un genre
nouveau autour duquel d’autres espèces pourraient se venir grouper.
On comprend que des genres formés de la sorte ont pu se trouver fort naturels
et êlre conservés ; mais il est arrivé souvent aussi qu’ils ne l’ont point été,
ou que, naturels d’abord., ils ont pu devenir des composés hétérogènes, précisément
parce que, caractérisés au hasard, ils avaient fini par attirer à eux des
espèces qui ne leur appartenaient point naturellement; ceux-là ont dû forcément
être abandonnés ou ramenés à leur type primitif. Aujourd’hui que les genres ne
se forment plus sur de simples apparences, une des tâches principales imposées
en mazologie consiste à rectifier ces associations prématurées, dont une connaissance
plus exacte des espèces vient révéler les vices.
C’est une tâche de cette nature que nous sommes appelés à remplir, en exposant
la nature et les rapports de l’animal qui doit faire l’objet de cet article.
Harris décrivit, dans le neuvième volume des Transactions de la Société Linnéenne
de Londres, deux espèces de carnassiers à bourses, de la terre de Diémen, qu’il
nomme, l’un Didelphis cynocéphale, et l’autre Didelphis ursina ; mais les Didel-
phes, ou animaux à bourses, appartiennent à des genres très-différens. Il importait
donc de ne pas réunir sous le même nom générique ces animaux de la terre
de Diémen avec les Didelphes du Nouveau-Monde, qui portaient encore plus particulièrement,
comme dénomination générique, ce nom que Linnæus leur avait
donné. C’est ce que fit M. Geoffroy : il trouva dans les descriptions de Harris
tout ce qui était nécessaire pour rapprocher intimement ces Didelphes cynocéphale
et oursin des espèces dont se composait son genre Dasyure, formé d’abord
du Topoa-Tafa de White, et du Spotted opossum de Phillip, qu’il réunissait en
une seule espèce, sous le nom de Dasyure tacheté, D. maculatus ( Cat. des
Mamm. du Mus., p. *4 7 )* Depuis, M. Temminck, ayant pu apprécier les véritables
caractères du Dasyure cynocéphale, a dû en faire le type d’un genre qu’il