NISNAS,
PAR M. VALENCIENNES.
E n visitant la ménagerie royale de Prusse, établie avec autant de grandeur
que d’élégance, dans l’île des Paons, près Postdam, par un souverain, protecteur
éclairé des sciences et des arts, j ’ai trouvé deux Singes fort curieux ; l’un est une
espèce nouvelle de Guenon ( i), et l’autre la femelle du Tartarin ( Simia hamadryas).
Ces deux Singes de l’Abyssinie ont été découverts par M. Ehremberg, et je dois
à l’amitié de ce savant la permission de donner la description de chacun d’eux.
Je vais commencer par la nouvelle espèce de Guenon. Elle est connue des Darfu-
riens sous le nom de Nisnas, et sous beaucoup de rapports ressemble au Patas (Simia
rubra) , mais elle paraît devenir un peu plus forte; en outre elle a le museau plus
élargi et plus obtus, la queue un peu plus longue et la face entièrement noire,
tandis que le Patas n’a de noir que le nez.
Sa couleur est d’un beau rouge brique sur le corps, sur les bras, la partie antérieure
des cuisses et sur la queue. Cette teinte s’affaiblit et passe au jaune paille sur
l’occiput; le front est un peu plus vif que le dos; les joues sont blanches; la partie
nue de la face est noirâtre ; les avant-bras, les jambes et la partie postérieure des
cuisses sont d’un blanc pur; le dedans des mains et des pieds est noir.
Le scrotum est d’une belle couleur d’oxide vert de cuivre.
La figure que nous publions de ce Singe a été peinte, en 1826, sur l’animal
vivant, par M. E. Muller de Berlin, alors l’animal était encore jeune : depuis il a
pris dans la ménagerie l’âge adulte et n’a rien changé à ses couleurs ni à l’ensemble
de ses proportions; ses formes se sont accusées davantage, surtout la hauteur
de la lèvre supérieure; ce qui rend son museau plus obtus, et lui donne une
physionomie particulière.
Après sa mort cet animal a été empaillé, et sa dépouille est maintenant conservée
dans le cabinet zoologique de l’Université de Berlin.
( 1) M. E h rem b e rg e s t le p r em ie r q u i a i t fa it b ie n r e p ré s e n te r ce tte b e lle espèce d an s la plan ch e i o ' d e ses S ym b o loe
p h y s icoe , e t il lu i a a p p liq u é le nom la tin de P y r ro n o tu s ; mais i l e s t p robable q u e c’e s t d’e lle d o n t Pro sp e r A lp in donne
u n e mauvaise fig u re , e t d o n t il p a rle e n ces te rm e s : T oto corpore r u fo , rutilov e sp e c tabatur : fa c iè s vero h um a n te
sim ilis f u i t , n ig r a , etc . (P ro sp . Alp., R e r um E g y p t ., p . a44> pL 20, n* 4 )- F- C*
Novembre i83o.