GIRAFE.
FEMELLE.
Quand Buffon écrivit pour la première fois l’histoire de la Girafe , il n’avait encore à
sa disposition que les descriptions mêlées d’erreurs et de vérités que lui offraient les
anciens et quelques auteurs modernes; aussi la peignit-il de couleurs peu fidèles ; mais
dans le temps qui s’écoula entre la publication de son xme volume et celle du dernier
tome de ses suppléments, il avait reçu de plusieurs parts, et surtout d’Allamand,
des documents plus exacts. Il put donc lui-même relever les erreurs qu’il avait
reproduites, et donner de la Girafe une assez bonne figure , et des notions plus
vraies. Ainsi, il constata dès-lors la véritable nature des cornes, il reconnut que l’inclinaison
de la ligne du dos ne tenait pas à la brièveté des membres postérieurs; mieux
éclairé sur l’organisation et sur les moeurs de la Girafe, il ne la considéra plus comme
un animal disgracié de la nature, vacillant dans sa marche, contraint dans ses mouvements,
incapable de se défendre et même de fuir; et en homme à qui toutes les
beautés de la nature étaient familières, il parla de l’espèce de beauté propre à la Girafe.
Je n’ai pas l’intention de rechercher les auteurs anciens où il est fait mention de
la Girafe, et ceux du moyen âge qui parlent de Girafes amenées en Europe à diverses
époques (i). Je me contenterai de prendre l'histoire de cet animal au point où
l’avait laissée Buffon, et d’y ajouter les observations que des circonstances favorables
ont aujourd’hui permis aux naturalistes de multiplier sur cette espèce. Non-seulement
depuis plus de trois cents ans elle n’avait pas été vue vivante dans la chrétienté,
mais les dépouilles mêmes en étaient rares au commencement de ce siècle, lorsque
tout récemment les relations intimes qui se sont établies avec l’Egypte, ont enrichi
de Girafes vivantes plusieurs des grandes ménageries de l’Europe. L’Angleterre,
sous ce rapport, a été plus loin qu’aucune autre, car elle en a possédé, il y a peu de
temps, jusqu’à cinq à la fois. La ménagerie du Muséum nourrit depuis seize ans la femelle
dont nous donnons la ligure, et elle est sur le point d’en posséder une nouvelle
qui lui vient également d’Egypte.
Néanmoins tant d’observations directes laissent encore dans le doute la question
de savoir s’il existe en Afrique deux espèces de Girafes. L ’exainen des têtes osseuses
et des peaux que possèdent les collections du Muséum, ont porté M. Geoffroy (Annales
des Sciences Naturelles, tome x i, p. 210.) à admettre qu’il en existe en effet
deux espèces , et il est certain qu’à la première vue'la Girafe rapportée du Cap par
Levaillant, et celle qu’à rapportée Lalande, diffèrent sensiblement, par les couleurs,
de notre Girafe vivante, et qu’il y a une différence plus notable encore pour la taille.
Nos observations ne s’accordent pas non plus complètement avec ce que nous
trouvons dans l’ouvrage de M. Ruppell (Atlas zuReise im noerdlichen Africa, tab. 8).
Cet auteur donne à sa Girafe mâle trois cornes, deux postérieures frontales et symétriques,
et une antérieure médiane, toutes trois terminées par un bouquet de poils
noirs; c’est, selon lui, le caractère spécial du mâle, tandis que la femelle n’a sur la