
 
		2  MARTE  COMMUNE. 
 «  rent.  Le  corps de  l'animal  n’était pas  assez  garni  de  poils  longs  et  fermes  pour  
 «  que  le  duvet  en  fût  couvert  en  entier;  on  voyait  sa couleur blanchâtre,  qui  était  
 «  mêlée  avec  le brun-jaunâtre  des  longs poils.  Le bout du museau,  la poitrine,  les  
 «  quatre  jambes et  la  queue  étaient  d’un  brun-noirâtre,  dans  lequel il ne paraissait  
 «  que  peu  de  couleur  fauve.  La  gorge,  la  partie  inférieure  du  cou  et  la  partie  
 «  antérieure  de  la  poitrine  étaient  de  couleur mêlée  de blanc  et  d’orangé  sale  qui  
 «  paraissait plus  ou moins  foncé  à  différens  aspects;  il  y   avait  au milieu  de  cette  
 «  couleur orangée deux  petites  taches brunes,  placées  l’une  sur  la gorge,  et l’autre  
 «  entre  le  cou  et  la  poitrine.  (Ces  taches  ne  se  trouvent point dans  l’individu  que  
 «  j ’ai  fait représenter.)  La partie postérieure du  ventre  était  de  couleur  rousse;  le  
 «  bord  et  le  dedans  des  oreilles avaient  une  couleur blanchâtre,  légèrement teinte  
 «  de  jaunâtre. 
 La  taille,  comme  les proportions  de  la Marte,  est  à  peu  près  celle de  la  Fouine.  
 L ’individu  de  cette  dernière  espèce,  dont j ’ai  donné  la  figure,  était  encore jeune;  
 et  il  en  est de même aujourd’hui de ma Marte, qui n’a aussi qu’un pied de longueur  
 environ  de  l’occiput  à  l’origine  de  la  queue;  mais  les mâles  sont  sensiblement  plus  
 gros  que  les  femelles. 
 La Marte, qui vit comme  on sait dans les forêts,  où elle  se nourrit d’oiseaux, par la  
 faculté qu’elle a de monter sur les arbres,  et de petits quadrupèdes  qu’elle  surprend  
 lorsqu’ils  sortent  de  leur  retraite,  à  peu près comme  le chat domestique  surprend la  
 souris,  n’est pas commune  en France;  cette  espèce paraît préférer les pays froids aux  
 pays tempérés, et fuir les pays chauds. Aussi n’est-ce que dans le Nordqu’elle est commune, 
   et  elle  se  trouve  dans  l’ancien  comme dans  le  nouveau Monde;  elle  paraît  
 dans celui-ci préférer  les  forêts  d’arbres  verts;  aussi y  porte-t-elle  le nom de Marte  
 des  pins  (Fine Martens).  Sa  pelleterie  fait  en  Europe,  mais  surtout  en  Amérique,  
 l’objet d’un  commerce  considérable;  on en  exporte annuellement,  de cette dernière  
 contrée,  de 80  à 90,000 peaux; mais les peaux d’hiver sont seules  estimées,  comme  
 au  reste  celles  de  tous  les  animaux du  Nord qui  entrent dans  le  commerce  de  pelleterie; 
   ce qui paraît avoir  conduit à remarquer que dans ce  pays la couleur orangée  
 de  la  gorge  chez  la Marte  ne  se  rencontre  que dans  le pelage  d’hiver,  et  qu’en  été  
 cette  partie  est  à  peu  près  de  la  couleur  brun-fauve  des  parties  qui  l’avoisinent.  
 Cette observation,  que nous  trouvons dans le voyage du capitaine Franklin aux bords  
 de  la mer  polaire,  ne  se trouve point  confirmée  par  celle  que  nous  a  offerte  notre  
 jeune Marte,  dont le pelage d’été n’a point différé  sous  ce  rapport du pelage d’hiver.  
 Cela  tiendrait-il  à  la différence  des climats ou à  toute  autre  cause?  C’est ce que des  
 observations  ultérieures  pourront décider. 
 La Marte  fait  ses  petits  au  printemps,  et  elle  choisit,  dit-on,  pour  cela  le  nid  
 d’un  écureuil  ou  d’une buse.  Les petits  naissent  les yeux  fermés. 
 Avril i83o.