un ou deux petits bêlements. Deux heures après sa naissance, il essayait, en chancelant
, de se tenir sur ses jambes ; il était remarquable par la force de ses
membres et par sa taille. Il avait, du museau à l’origine de la queue, six pieds dix
pouces anglais ; les membres de devant étaient remarquablement plus développés que
ceux de derrière. Cet animal mourut au bout de vingt jours. Mais au mois de mai
1841 , la même femelle mit de nouveau bas un jeune mâle : celui-ci, après trois
semaines, mangeait des aliments solides ; à quatre mois , il s’en nourrissait presque
exclusivement. Sa taille était de 8ix pieds à l’âge d’une semaine ; de sept pieds à la
fin du troisième mois ; de neuf pieds six pouces au neuvième ; et il avait ainsi grandi
de plus de trois pieds dans ce court espace de temps. La mère, qui avait refusé de
laisser téter son premier-né, et ne lui avait donné aucune attention, prit, au contraire
, beaucoup de soin du second. C’est un phénomène assez fréquent chez les femelles
d’animaux, et qui tient à ce que l’instinct maternel, qui a, comme tous les instincts,
ses époques et ses degrés de développement, ne s’est pas encore développé à
l’époque du premier part, et ne se fait sentir qu’au second. La Girafe femelle a
quatre mamelles inguinales.
La Girafe est, comme la biche, un animal doux et facile à conduire ; elle connaît
son maître, mais sans manifester pour lui un attachement particulier. Héliodore et
Belon ont déjà insisté sur ce caractère de douceur de la Girafe. Quand elle est inquiétée
par quelque animal, c’est avec le pied de devant quelle cherche à l’écarter. On
assure que c’est pour elle une arme très-puissante, et que le coup du pied de devant,
quand elle l’applique fortement, est mortel aux animaux qu’elle atteint. Elle vit en
troupes de cinq ou six individus. Sa chair paraît fort estimée des Arabes du désert,
qui en font un des principaux objets de leur chasse.
Les mâles sont plus grands que les femelles. Cependant les individus dont on a pris
exactement les dimensions, sont loin de présenter ces grandes tailles dont parlent les
voyageurs, et feraient croire qu’il y a eu exagération à cet égard. Le mâle mesuré par
Ruppell avait de quinze à seize pieds de hauteur ; notre femelle, qui avait onze pieds
et demi à son arrivée, agrandi de deux pieds depuis lors, et a maintenant treize pieds
et demi; mais depuis sept ans elle a cessé de grandir, et a, par conséquent., acquis
tout son développement. Les individus mâles et femelles qui se sont reproduits à la
Ménagerie de Londres , avaient, le mâle quatorze pieds trois pouces, et la femelle
treize pieds cinq pouces. Il faut dire toutefois que l’individu empaillé du Cabinet,
rapporté du Cap par Levaillant, a une taille bien supérieure à notre Girafe vivante.
Les figures de Girafe avaient été fort incorrectes jusqu’au moment où l’on a pu en
voir de vivantes en Europe. Aujourd’hui, au contraire, les bonnes figures sont devenues
vulgaires. Celles que l’on a données de la Girafe qui a vécu à Vienne, dans la
Ménagerie de Schoenbrunn, la représentent avec les talons rapprochés et les tarses écartés
fortement l’un de l’autre. C’est une infirmité qui tenait sans doute aux mauvais
soins qu on avait pris de l'animal au moment de sa capture, et ces figures donnent
par conséquent une idée très-fausse du véritable port de l’animal. M. Ruppell a donné,
dans 1 atlas de son voyage, une bonne figure de Girafe mâle. M. Owen a aussi publié
une élégante figure de la Girafe femelle, avec son petit, dans l’ouvrage dont nous
avons parlé plus haut.
La Girafe est le Camelopardalis Giraffa des catalogues méthodiques.
FnÉn. CUVIEU Fits.
Septembre 4842.
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