s SAR CO PH IL E OURSIN.
a nommé Thylacine, comme il avait dû précédemment former le genre Phasco-
gale des Dasyurus minimus et D. penicillatus. Je dois moi-même aujourd’hui enlever
au genre Dasyure le Dasyurus ursinus, pour en faire aussi le type d un
genre que je nommerai Sarcophile, plus voisin des Thylacines que des Dasyures,
mais fort différent de l’un-et de l’autre.
Nous pouvons d’autant plus aisément faire sentir la grande différence qui
sépare le Sarcophile des Dasyures, que nous avons donné, dans la 44° livraison
de cet ouvrage, une très-bonne figure du Dasyure de Maugé. En effet, sa comparaison
seule, avec celle que nous donnons aujourd’hui du Sarcophile oursin., suffira
pour rendre cette différence manifeste, et faire pressentir que de tels animaux
ne peuvent point avoir les mêmes caractères génériques. Ce pressentiment que
nous avons eu nous-mêmes ne pouvait point être trompeur. Une étude détaillée
de quelques parties du Sarcophile nous a montré que cet animal différait autant
des Dasyures par ses caractères essentiels que par ses apparences extérieures.
C’est à M. Owen que nous devons d’avoir pu déterminer quelques uns de ces
caractères; il a eu l’extrême obligeance de nous communiquer une tête osseuse
de Sarcophile, et de nous mettre par là à même d’en apprécier les formes, ainsi
que celles des dents. Nous n’avions pu le faire complètement d après le dessin
de la même tête peut-être publiée par M. Temminck (Monog. de Mamm. t . i ,
pl. 8), mais sans description.
Cette tête, que nous croyons devoir décrire très en détail, frappe au premier
aspect par la grande disproportion.du crâne et de la face; par la force de ses
arcades zygomatiques, et surtout par leur reculement en arrière, qui est tel
qu’elles semblent naître des bords mêmes de la face occipitale.
Vue en dessus, cette tête offre un museau court, large, conique; un espace
inter-orbitaire large et sans dépression ; un crâne proportionnellement très-petit,
très-resserré en arrière des orbites par des fosses temporales qui en occupent tout
le côté et une crête sagittale médiocre qui s’unit à des crêtes occipitales également
médiocres.
Vue profil, la ligne du chanfrein descend un peu en avant, et le crâne se continue
sans inflexion avec la ligne du museau, ce qui rappelle la tête des Dasyures;
l’arcade zygomatique haute et épaisse, mais très-peu recourbée, naît au niveau de
la dernière molaire, et est reportée dans la moitié postérieure de la tete, sans
qu’aucune portion du crâne, à l’exception de l'épine occipitale, la dépasse en arrière;
de sorte qu’en comparant ce profil à celui d’un Dasyure, ou de tout autre
carnassier, comme une Hyène, un Ours, etc., il semblerait qu’une portion du
crâne en a été enlevée.
La face occipitale est à peu près verticale, triangulaire et deux fois plus large
que haute.
L ’ouverture extérieure des narines est au bout du museau, grande et arrondie.
L ’orbite est petit, bien marqué par les apophyses post-orbitaires du frontal et
du jugal, qui demeurent écartées d’environ le cinquième de la circonférence de
cette cavité.
Les fosses temporales sont remarquablement larges et profondes.
Le palais est triangulaire, et présente à sa partie postérieure un grand espace
membraneux ; il est terminé, comme dans le Thylacine, par un rebord saillant
fourni par le palatin.
SAR CO PH ILE OURSIN. 3
L’ouverture postérieure des arrière-narines est déprimée, et se continue avec
la surface basilaire en une sorte de canal limité en dehors par la saillie des arêtes
ptérygoïdiennes, à peu près comme dans le Thylacine. Cette ouverture n’a guère
que le tiers de la largeur du palais, à cause de l’étendue des fosses temporales
qui rétrécissent fortement cette partie du crâne.
Les connexions des os de la tête ont une analogie frappante avec celles des
autres marsupiaux.
Les os du nez, plus larges entre les frontaux qu’à leur extrémité supérieure,
occupent le dessus du museau ; la suture intermaxillaire arrive jusqu’au milieu
de leur longueur, et elle vient se terminer au palais vers le milieu du trou incisif,
qui est grand.
Le maxillaire, qui en dessous contribue à former pour moitié le trou incisif,
occupe la presque totalité de la joue, et, s’articulant par une large surface avec
le frontal au-dessus de l’orbite , laisse le nasal fort loin de cette cavité. Le trou
sous-orbitaire, comprimé, s’ouvre dans le maxillaire à environ quatre lignes du
bord de l ’orbite, et à une ligne de la suture du maxillaire avec le lachrymal. Ce
dernier os est considérable ; il entre pour à peu près un tiers dans la circonférence
de l’orbite, occupe un grand espace dans cette cavité, où il s’unit au
frontal et au palatin, et il s’avance également sur la joue, où il est percé de deux
trous lachrymaux; au-dessus de ces trous, sur le bord de l’orbite, il donne un
tubercule mousse.
Par sa partie inférieure, le lachrymal s’unit largement au jugal, qui forme
ainsi le tiers inférieur du bord de l’orbite, et qui se continuant tout le long du
bord inférieur de l’apophyse zygomatique du temporal, vient, par un tubercule ,
limiter en dehors la facette glénoïde.
Il résulte de la disposition de cette partie des os de la face, que le maxillaire
demeure assez éloigné du bord de l’orbite, et qu’il n’entre dans cette cavité
que pour lui fournir un court plancher en arrière de l’ouverture interne du
trou sous-orbitaire.
Le palatin, qui contribue avec le maxillaire à la large ouverture membraneuse
du palais, entre dans le bas de la fosse orbito-temporale, et s’y étend
horizontalement en s’unissant successivement, et d’avant en arrière, au lachrymal,
au frontal, à l’aile orbitaire du sphénoïde et à son aile temporale.
Les frontaux sont séparés; les os du nez les échancrent en avant, et ils échan-
crent eux-mêmes les pariétaux sur la ligne médiane, tandis que les pariétaux
les échancrent à leur tour sur les côtés, de façon que la suture coronale est
à larges dentelures. Les frontaux sont très-larges entre les orbites, et descendent
très-bas dans cette cavité, dont ils forment en grande partie la paroi interne; ils
se rétrécissent en arrière de leur apophyse post-orbitaire, et c’est au point de
réunion de leurs arêtes temporales, d’ailleurs peu marquées, que commence la
crête sagittale.
Les pariétaux sont unis en un seul os ; ils sont beaucoup plus longs que larges,
et descendent peu dans la fosse temporale, où, néanmoins, ils s’unissent largement
à l’aile temporale du sphénoïde. Il n’y a pas d ''interpariétal, et la suture occipitale
est un peu en avant de la crête et de l’épine du même nom, sur le sommet du
crâne. D’ailleurs, l’occipital présente ici une disposition qu’on remarque déjà dans
d’autres marsupiaux, tels que le Sarigue, le Thylacine, etc. : c’est que la portion