CHAT DE CAFRERIE.
C e t te espèce, entièrement nouvelle, ou du moins dont on ne peut reconnaître
les caractères dans ce qui a été dit des Chats du cap de Bonne-Espérance, qu’on n a
pu encore faire entrer, à cause du vague de leur description, dans le Catalogue des
Mammifères; cette espèce, dis-je, est due au1 voyage de Delalande dans les parties,
méridionales de l’Afrique; il l’a découverte en Cafrerie, et en a rapporté deux
individus avec un dessin esquissé qui a servi de fondement au nôtre. M. Desmarest,
qui a eu occasion de le décrire d’après les peaux préparées conservées dans les
galeries du Muséum, lui a donné le nom sous lequel nous allons le décrire nous-
même.
Nous avons déjà exprimé nos regrets de ce que Delalande a été trop tôt enlevé
aux sciences par une mort prématurée, et n’a pu donner au public toutes les observations
que, dans ses nombreux voyages, il avait faites sur les animaux qu’il poursuivit
lui-même à la chasse, et avec lesquels il lutta si souvent de courage et
d’adresse. Tout ceux qui l’ont connu savent combien sa mémoire était riche de ces
sortes d’observations, et c’est même à la confiance fondée,qu’il avait en elle qu’il
faut attribuer l’espèce de répugnance qu’il éprouvait de les confier au papier : il
semblait craindre d’employer inutilement à ce travail un temps qu’il croyait
mieux utiliser à augmenter ses riches collections. L ’erreur de cet homme estimable
est cause que l’histoire naturelle ne retirera de ses voyages que la moitié des
richesses qu’elle en aurait obtenues s’il se fut moins fié à ses souvenirs ou plutôt à
ses forces, qui ont dû succomber enfin à l’excès des fatigues et des privations. En
effet, tout ce qui concerne les actions, le naturel, l’intelligence, l’instinct des
animaux qu’il a découverts, nous ne l’apprendrons plus que par ceux qui suivront
ses traces, et qui compléteront ses recherches. Nous ne lui devrons que les traits
organiques, matériels de ces animaux; et, à cet égard, il ne sera point inférieur
à la plupart des autres voyageurs naturalistes, qui se sont généralement contentés
de rassembler les dépouilles des animaux qu’ils découvraient. Heureux encore quand,
comme lui, ils réunissaient le talent au zèle, et se livraient aux soins que nécessitait
la conservation de ces animaux, comme aux efforts qu’exigeait leur poursuite!
Le Chat de Cafrerie est un peu plus grand que le Chat sauvage, et surtout
plus élancé, plus haut sur jambes. Du reste, sa physionomie, et le mouvement
général de son corps, rappellent ceux de tous les Chats. Il a deux pieds du bout du
museau à l’origine de la queue, et celle-ci a un pied. Sa hauteur, aux épaules, est
de treize pouces, et de quatorze à la croupe. Ses couleurs sont généralement
grises, variées de rubans simples, bruns ou noirs, transverses, ce qui le fait dis