LE MAKI A GORGE BLANCHE,
f e m e l l e .
D ’ a p r è s ce que j ’ai déjà eu occasion de dire des Makis dans cet ouvrage, à
propos des caractères distinctifs des mâles et des femelles, je ne puis considérer la
femelle dont je donne aujourd’hui la figure comme offrant tous les caractères de
son espèce; et rien ne m’autorise à induire des caractères qu’elle présente ceux que
dans cette espèce doivent présenter les individus mâles. Ce qui est certain, c’est
qu’elle n’est la femelle ni du Maki à front blanc, ni du Mongous, ni du Yari, ni du
Mococo, ni enfin du Maki roux.
Si les Makis avaient été mieux déterminés, si dans la distinction des espèces les
mâles eussent été distingués des femelles, si surtout on avait pu apprécier les modifications
que dans chaque espèce les couleurs du pelage peuvent éprouver, quelques conjectures
plus ou moins heureuses pourraient être tentées pour ramener cette femelle
à son espèce réelle ; les analogies trouveraient des fondemens plus étendus dans
des faits plus nombreux; mais tout cela n’étant point, nous en sommes encore
réduits, dans la plupart des cas, à recueillir les premiers élémens de l’histoire de
ces animaux, et ce n’est qu’à ce titre que nous donnons la figure et la description
de ce Maki femelle à gorge blanche.
Cet animal avait la taille, les proportions et la physionomie générale du Mongous.
Son museau était gris, à l’exception du mufle qui était violâtre, et du tour dçs yeux
qui était noir. La tête en dessus jusqu’aux oreilles, la nuque, les épaules, les bras
et les mains étaient gris; le dessous de la mâchoire inférieure, les côtés de la tête
jusqu’aux oreilles, le dessous du cou et la poitrine étaient blancs. Les oreilles avaient
une teinte violâtre. Le dos jusqu’à la queue, les côtés du corps, le ventre, les cuisses,
les jambes étaient fauves ; une teinte grise couvrait les mains des pieds de derrière.
La première moitié de la queue était d’un gris fauve sale, et l’autre moitié noirâtre.
Toutes les parties nues avaient une teinte violette.
Comme toutes les femelles de Makis, celle-ci était d’un naturel extrêmement doux.
Elle était vivement affectionnée à la dame qui l’avait acquise et qui payait son attachement
d’un attachement non moins vif. Aussi l’obligation où fut cette dame de se
séparer de cet affectueux animal fut-elle douloureuse pour l’un et pour l’autre; et le
Maki, ne pouvant avoir recours à sa raison pour combattre sa tristesse, finit par succomber,
après quelques jours d’isolement, sans que son extrême douceur ait
éprouvé la moindre altération. Le regret qui le rongeait se montrait par son inaction:
les jeux auxquels auparavant il se livrait si volontiers avaient cessé pour lui. Assis,