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tient à la même subdivision des Antilopes, au même sous-genre que mes Nanguers,
comme ceux-ci sont congénères du Kevel, de la Corine, etc., etc. Ces animaux, en
effet, ont les mêmes cornes, les mêmes proportions, la même physionomie, et
toutes leuïs différences consistent dans la taille et les couleurs.
Buffon donne une description si abrégée de son Nanguer, que véritablement
il ne nous le fait pas connaître ; mais M. Ruppell ne laisse aucune obscurité sur les
caractères de son Dama, dont le cabinet du Muséum possède d’ailleurs un très-
bel individu. Nous avons donc pu nous assurer qu’entre ce Dama et notre Nanguer,
tout est semblable, à l’exception de quelques parties des couleurs : ainsi, le
premier a les cuisses et la tête entièrement blanches, ce qui n’est pas dans le second.
Nous avons possédé un jeûne mâle et une jeune femelle de Nanguer, et tous deux
se ressemblaient absolument par la taille et les couleurs; seulement le mâle avait les
cornes beaucoup plus fortes que celles de la femelle, et celle-ci seule a assez vécu
pour que nous ayons pu faire quelques observations sur son développement.
Ces animaux, comme la figure que nous en donnons les représente, étaient d’ un
roux pur sur le cou , le dos, la partie supérieure des flancs, une partie des cuisses
et des jambes; un roux plus pâle colorait les oreilles et les parties de la tête qui
n’étaient pas blanches, à l’exception d’une ligne brune qui partait du coin de l’oeil
et s étendait sur la moitié du museau, parallèlement au chanfrein, et d’une tache
noirâtre à la base des cornes, formée par un mélange de poils blancs, de poils
bruns et de poils noirs. Une ligne rousse étroite se voyait tout le long des canons;
le reste du corps é.tait du blanc le plus pur, et une tache blanche se voyait à la
partie antérieure et moyenne du cou. En supprimant, chez ces animaux, le roux
des cuisses et des jambes et celui de la tête, ils ne différeraient presque plus en
rien du Dama; mais ces parties rousses, et l’espèce d’échancrure qu’y produit, en
y pénétrant, la partie blanche des fesses, leur donne des traits particuliers, qui,
s’ils sont constans, deviennent des caractères spécifiques qu’on ne peut méconnaître.
Or, la femelle, très-bien portante, que nous conservons depuis deux ans,
n’a éprouvé aucune modification dans ses couleurs; les seuls changemens que. nous
ayons observés en elle ont été dans sa taille et dans ses cornes, qui se sont accrues
l’une et l’autre.
A leur arrivée à Paris, ces Nanguers n’avaient encore que des cornes assez courtes :
leur longueur ne surpassait pas quatre à cinq pouces, et elles étaient fortement et
uniformément courbées en avant. Le mâle étant mort, ses cornes ont conservé ce
caractère; mais celles de la femelle ayant pu se développer, elles se sont bientôt
recourbées en arrière en s’écartant l’une de l’autre, et sont devenues de véritables
cornes à double courbure. Ces animaux n’avaient ni larmiers ni brosses aux jambes.
Notre femelle a un caractère doux et confiant ; la foule et l’importunité qu’elle
en éprouvé quelquefois ne l’effraient pas; elle ressemble à un mouton qui aurait
été nourri en liberté au milieu des mouvemens d’une grande ferme. Sa taille élevée,
son corps svelte, comparé à ses jambes si longues, la vigueur de ses muscles, doivent
en faire un des Antilopes courans les plus légers et les plus rapides. Cette femelle,
qui promet de croître encore, a aujourd’hui deux pieds huit à dix pouces
du sol à la hauteur de sa croupe, et deux pieds quatre pouces de l’extrémité postérieure
de ses fesses à la partie antérieure de ses épaules; la longueur du cou était
proportionnelle à celle de ses jambes.
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