2 CHAT A COLLIER.
L’individu dont je publie la figure, sous le nom de Chat à collier, a vécu à la
Ménagerie pendant assez long-temps, et c’est alors qu’il a été peint. Cette figure
donne donc une représentation fidèle de toutes les parties de cet animal, et
permettra de le comparer à tous ceux de même origine et de même nature dont
on a aussi les figures ; ses formes et sa physionomie, comme ses mouvemens, avaient
beaucoup de grâce et de douceur, et il en était de même de son caractère ; il aimait
à jouer, et il le faisait aussi inoffensivement que le Chat domestique le mieux élevé.
Sa taille surpassait d’un tiers celle de nos races de Chats domestiques les plus
grandes; il avait deux pieds du bout du museau à l’origine de la queue; celle-ci
avait de dix à onze pouces, et sa hauteur moyenne était de plus d’un pied.
Le fond de son pelage, sur toutes les parties supérieures du corps, était d’un
gris jaunâtre, et d’un blanc pur aux parties inférieures ainsi que sur les joues.
Toutes les taches principales, le long des flancs et du dos, ctaient longues et larges,
mais très-irrégulières, et dirigées dans le sens de la longueur de l’animal; elles
avaient une teinte jaunâtre plus foncée que celle du fond du pelage, étaient bordées
d’un ruban noir é troit, et disposées en trois séries vis-à-vis des flancs, et en cinq sur
la cuisse, sans compter une ligne moyenne presque toute noire qui régnait le long
du dos. Trois taches longues, plus irrégulières encore que les autres, s’observaient
sur l’épaule. Sur les jambes et les cuisses, en dehors et en dedans, c’étaient de
petites taches rondes, noires et pleines, à l’exception de deux rubans transverses qui
se montraient à la face interne et supérieure de la jambe de devant ; trois lignes noires
ornaient le front et se le partageaient régulièrement, et deux se peignaient parallèlement
sur les joues. La queue était couverte de demi-anneaux noirs, dont plusieurs
se divisaient en deux pointes à leur extrémité, et elle se terminait par trois cercles
noirs complets ; le bout en était noir. Mais de toutes les taches de cet animal, les plus
remarquables étaient celles du cou qui, au nombre de huit, partaient parallèlement
de la tête, et venaient s’unir par leur extrémité inférieure, et perpendiculairement,
à une neuvième qui environnait le cou près des épaules. Ces taches, en effet,
semblaient représenter ces colliers de force au moyen desquels on met à la gêne le
cou des animaux pour les empêcher de déranger avec leurs dents les pansemens
de leurs blessures.
Si actuellement nous voulions apprécier de quel Chat de l’Amérique méridionale
notre Chat à collier se rapproche le plus, nous verrions qu e , par ses taches très-
alongées, larges et bordées de noir, il rappelle l’Ocelot; que les rubans qui garnissent
son cou dans le sens de sa longueur ont quelque ressemblance avec ceux qui se
trouvent sur le cou du Chat du Brésil ; que les teintes jaunâtres de son pelage lui
sont encore communes avec celles de l’Ocelot et de l’Ocelloïde, et ne sont pas sans
analogie avec celles du Chat-Tigre à longue queue du prince Max. de Wied (yoy.
i er vol., p. 235, atl., i re liv.), et du Chat élégant de M. Lesson (Cent., p. 21), lesquels
ne me paraissent point différer essentiellement, et que je ne distinguerais
même guère de mon Chat du Brésil (L x vm e liv.) sans la queue très-alongée qui
les caractérise tous deux. Mais tous ces rapprochemens sont aujourd’hui sans
résultats scientifiques; et c’est parce que nous croyons qu’il est définitivement plus
utile pour la science de considérer et de décrire un animal comme type d’espèce
que comme une variété, que nous lui avons donné un nom particulier; et s’il
devait être placé dans un Catalogue méthodique, nous le rapprocherions de l’Ocelot
sous le nom latin de F élis armillatus.
Janvier i832.