SAJOU CORNU.
VARIÉTÉ A MOUSTACHES.
Mon père a déjà publié, dans les 18eet 25e livraisons de cet ouvrage, deux singes
voisins de celui-ci ; le premier sous le nom de Sajou cornu, et le second sous la désignation
de Variété du Sajou cornu, et il disait, en 1821.. à l’occasion de ce dernier
animal : « c’est par la réunion de toutes les variétés qu’on déterminera enfin les véritables
caractères des espèces. » C’est sans doute encore par le même principe et dans
la crainte de devancer les faits, qu’au lieu de donner à l’animal que nous publions
aujourd’hui, un nom spécifique, il s’est contenté de le désigner par les mots de
Sajou cornu, variété à moustaches.
Il y a dans le genre des Sapajous tout un groupe qui a les poils du iront relevés et
disposés en aigrettes. On peut aujourd’hui y distinguer, avec quelque sûreté, 1" le
Sajou cornu proprement dit, qui est le Sajou cornu de Buffon, le Cebus fatuellus des
auteurs, et qui a, outre ses cornes, le corps noir et le ventre fauve ; 20 le singe que
mon père a donné dans la 18“ livraison, sous le nom de Sajou cornu mâle, et que ,
dans l’édition in-4° (n° 62), il désigne sous le nom de Sajou lunulè. (C. Lunatus): celui-
ci a les cornes noires, le corps brun-foncé, et au côté des joues une ligne de poils
blancs, en forme de croissant; 3° la variété du Sajou cornu de la 25“ livraison, que
dans son édition in-4'(n° 63), mon père nomme Sajouàaigrettes (C. Crislatus), et qui
est évidemment le C. Cirrifer du Pr. Max. de Wied. Cet animal a le corps noirâtre
la face bordée de blanc, et les aigrettes blanches.
Enfin, il y aurait encore le Sajou à toupet, C. Cirrifer de M. Geoffroy, qui ne
serait pas le même que le Cirrifer du Pr. Max. de Wied, et différerait du précédent
par une teinte généralement plus brune.
On voit que si les caractères de ces différents animaux étaient à l’avenir bien reconnus
pour spécifiques, il serait toujours facile d’en distinguer celui dont la figure accompagne
cet article. Il avait le corps et les membres noirs; le ventre était d’une teinte moins foncée-
une ligne d’un blanc sale s’étendaitsur le menton au-dessous de la lèvre inférieure • mais
il n’y avait pas de blanc sur le côté des joues ni sur le front. Aux tempes et autour de la
face la couleur des poils était d’un brun plus ou moins vif, mais moins foncé sur les tempes
que sur le reste ; enfin, deux épais bouquets de poils d’un brun jaunâtre, formant de
véritables moustaches, et partant de chaque côté des ailes du nez pour se diriger en
dehors, formaient le caractère remarquable par lequel mon père a désigné cet animal.
L ’aigrette du front n’avait pas la même apparence que dans les deux autres figures de
cet ouvrage : les poils relevés ne se réunissaient pas en une corne de chaque côté du
front; ils étaient de longueur à peu près égale, et formaient dans toute la largeur du
front un large toupet droit et entièrement noir. La coloration du visage était inégale;
le front, le tour des yeux étaient couleur de chair; le dessous des yeux, le nez et le
tour des lèvres violâtres.