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descendent guère plus au midi que le 6oc ou le 55e degré. Ils vivent généralement
en troupes et dans des terriers à plusieurs issues, et vont la nuit, mais
surtout dans les pays habités, où de fréquens dangers les menacent. Il paraîtrait
qu’il n’en est pas de même dans les contrées sauvages, et que là, où ils vivent
tranquilles, le moindre abri leur suffit, fait assez singulier pour qu’on doive
désirer qu’il se vérifie ; car il est difficile de croire que le creusement des terriers
ne soit pas chez eux l’effet d’un instinct tout machinal. Comme toutes les espèces
du genre Chien, ils se nourrissent de tous les alimens, de poissons, de mollusques,
de fruits, etc., et ils enterrent soigneusement ce qu’ils ont de trop; mais
lorsque la faim les presse, ils se contentent d’alimens beaucoup plus grossiers.
Steller nous apprend que, pendant son triste séjour dans l’île Bering, après son
naufrage, les Isatis, qui étaient nombreux et sans défiance, s’introduisaient jusque
dans leurs tentes, où ils venaient ronger le cuir de leurs vêtemens, les souliers
de ceux qui dormaient, et même qu’ils se jetaient sur les malades comme sur une
proie qui leur aurait été abandonnée. Cette confiance, cette ignorance de tout
danger était même telle chez'ces animaux, qu’ils se laissaient assommer à coups
de bâton, tant on pouvait s’approcher d’eux sans les effrayer; autre fait, presque
aussi singulier que celui qui a déjà fixé notre attention , en ce qu’il semble
contraire à la défiance que la nature paraît avoir assez généralement donnée aux
mammifères, chez nous, du moins, pour tout ce qui leur est inconnu. Leur
fécondité est fort grande; chaque portée est de dix à douze petits; quelques auteurs
disent même que ce nombre va jusqu’à vingt, ce qui est moins croyable. L ’accouplement
se fait comme celle du Chien domestique et est accompagné des mêmes
circonstances; il a lieu au mois de mars, et la gestation est d’environ soixante
jours. Lorsqu’ils sont pris jeunes, ils se laissent facilement apprivoiser et suivent
leur maître comme les Chiens domestiques, sans devenir cependant aussi dociles.
Leur voix, dans l’expression du mécontentement ou de la menace, est aigre,
aiguë, et le même cri peut être fort prolongé; dans d’autres circonstances, ils
ont une sorte d’aboiement dont les éclats se répètent à d’assez courts intervalles.
L ’odeur qu’ils répandent est musquée, forte et désagréable.
Le pelage d’été commence à devenir blanc, c’est-à-dire que les poils blancs
commencent à remplacer les gris qui tombent en septembre, et celui d’hiver fait
place à celui d’été dès la fin d’avril. Ce changement se produit sous l’influence
de toutes les températures, c’est-à-dire que les individus des races sauvages, et
il n’en existe point encore d’autres, l’éprouvent à la température de douze à
quinze degrés au-dessus de zéro, comme au milieu des neiges du Groenland.
L ’organisation est en général la même que celle des Chiens. La fourrure de
l’Isatis fait un grand objet de commerce ; ses belles variétés grises , connues sous
le nom de Renard bleu, sont des plus recherchées; aussi sont-ils l’objet d’une
chasse très-ardente, et dont les résultats peuvent étonner. Pallas rapporte qu’on
a exporté dans certaines années de Mangaséa jusqu’à quarante mille peaux d’isatis.
Août, 1837.
g i f f iÉ i a