RAT A DOS RAYÉ
C et te espèce semble être une anomalie dans le genre auquel elle appartient, celui
des Rats : elle est peut-être la seule dont le pelage des parties supérieures du corps
né soit pas à peu près d’une couleur uniforme, ou plutôt qui ait le dos orné de plusieurs
lignes de couleurs différentes de celles des parties voisines. De tout temps on avait
aperçu, quoique d’une manière vague, l’intime analogie de structure et de couleurs
qui se trouvaient entre les poils de certaines espèces d’un même genre, et depuis que
les genres sont devenus plus naturels par l’élimination des espèces qui ne leur appartenaient
pas, et qui sont quelquefois devenus des types de genres nouveaux, cette ressemblance
a été rendue plus manifeste, et a même pris un tel caractère d’autorité, que
quand elle ne se rencontre pas, on a des raisons de douter que l’espèce.qui en est
dépourvue appartienne réellement au genre auquel d’ailleurs on est porté de la
rattacher. Depuis très-long-temps ce Rat à dos rayé était connu : Sparmann en avait
donné une assez bonne figure dans son Voyage au cap de Ronne-Espérance et dans
les Actes de l’Académie de Stockholm (année 1784, p* 339, P^* ^ se trouve
en outre décrit par cet auteur sous le nom de Mus pumilio. En effet, toutes ses formes
extérieures annonçaient un Rat, et aucun naturaliste ne s’était écarté de l’idée de
Sparmann; mais ces apparences, combattues par l’anomalie des couleurs, devenaient
des signes incertains ; aussi M. Desmarets, qui d’abord avait rangé cette espèce
parmi les Rats, crut devoir la réunir ensuite aux Campagnols, desquels son pelage
l’écartait cependant comme des premiers, mais abusé par des dents dont l’usure
sans doute avait effacé les vrais caractères. Depuis cette époque les individus de cette
espèce, rapportés du Cap par Delalande ayant pu être étudiés, n’ont laissé aucun
doute sur la nature et les rapports de leur espèce : ils avaient, sans autre exception
que les couleurs du pelage, tous les caractères des Rats; ils leur ressemblaient par
les organes de l’alimentation, par ceux du mouvement, par ceux des sens, et par
ceux de la génération, c’est-à-dire par tous les organes' qui mettent les mammifères
en rapport avec le monde extérieur et avec les autres individus de leur espèce,, par
tous ceux au moyen desquels ces animaux prennent leur place dans l’économie de
la nature, et y remplissent leur destinée: je ferai seulement remarquer que leur
conque auditive est plus courte et plus arrondie que celle de plusieurs autres espèces.
Le Rat rayé a quatre pouces du bout du museau à l’origine de la queue , qui en
a à peu près autant; du reste, comme nous l’avons d it, les proportions des diverses
parties de son corps sont celles des Rats ; c’est pourquoi la Souris ou le Mulot en
donnent sous ce rapport une assez juste idée. Le fond de son pelage, sur toutes les