RAT DES MOISSONS.
L e Mulot nain, dont j ’ai donné la description dans la 33e livraison de cet ouvrage,
a avec le Rat des Moissons tant de rapports que, sans la diversité des proportions
de quelques unes de leurs parties, nous serions disposés à les réunir dans la même
espèce. C’est au reste le cas d’un grand nombre d’espèces de Rats, qui ne diffèrent
l’une de l’autre que par des caractères extrêmement légers, et qui ne peuvent cependant
être réunies spécifiquement, car à ces différences légères dans les couleurs
ou les proportions du corps, se joignent des différences de moeurs beaucoup plus
sensibles, et malheureusement beaucoup moins faciles à étudier. De cet état de
choses résulte pour le naturaliste la nécessité de ne négliger aucun des traits qui
peuvent faire distinguer un Rat d’un autre Rat, et de mettre dans l’observation de
ces animaux une minutie que ne demandent point les espèces de la plupart des
autres genres de Rongeurs.
Long-temps on a ignoré l’existence du Rat des Moissons; on le confondait avec
les autres petits rongeurs connus sous les noms de Mulots et de Souris, qui vivent
dans les champs. C’est Pennant qui le premier en a donné la description ( the less
long-tailled Field Mouse, Rrit. Zool., t. n, append., p. 49^)? et ^ en devait la connaissance
à Gilbert White, qui, comme on sait, s’occupa de l’histoire naturelle de
Selborn, sa patrie, dans le Hampshire (White’s Selb., p. 33 and 39), où ce Rat est
très-commun; et c’est aussi à Pennant que cet animal doit le nom qui lui a été
conservé; car c’est sous la dénomination de Harvest Mouse, Rat des Moissons, qu’il
le reproduit dans son Histoire des Quadrupèdes (Hist. of Quad., 2e part., p. 384).
Schaw en donne aussi l’histoire sous ce nom de Harvest, d’après White, avec une
fort bonne figure au frontispisce de la première partie du deuxième volume de sa
Zoologie générale (Gen. Zool., vol. 1 1, part. 1, p. 62). Par cette histoire, nous
apprenons que ce petit animal, dirigé par un instinct fort ingénieux, se forme dans
la belle saison, à l’époque de la mise bas, avec des brins de paille ou d’herbe, un
petit nid sphérique, de la grandeur, dit White, d’un nid de Grillon, qu’il attache
à quelque distance du sol aux touffes de gazon ou aux tiges de froment du champ
où il s’est établi. Six, sept et même huit petits y sont élevés, mais on nous a laissé
ignorer quelle part le mâle prend à ces soins. En hiver, ces Rats se creusent un
petit terrier où ils se font un lit de matières douces. Leur nombre est quelquefois
très-grand, et alors ils causent de graves dégâts dans les champs de blé, plus encore
par la quantité d’épis qu’ils coupent que par celle du grain qu’ils mangent.
La taille de ce Rat, du bout du museau à l’origine de la queue, est au plus de
deux pouces et demi ( la figure que nous en donnons est un peu plus grande que