n i
191 I
l l i lH
i l
RENNES
MALE ET FEMELLE, dans leurs pelages d’h iver e t d’é té.
L e s anciens n ont longtemps connu le Renne, qu’ils nommaient Tarandus, que
par les récits à demi-fabuleux qui leur arrivaient par la voie du commerce; néanmoins
ils en avaient déjà quelques notions exactes. Ainsi, il est difficile de ne pas
reconnaître cet animal dans ces cerfs apprivoisés dont parle Ælien, et que certaines
tribus scythes montaient comme des chevaux, car le même usage existe encore au-
jourdhui dans les mêmes contrées. Mais César ( i ) paraît être le premier qui en ait
parlé, après l’avoir vu; sa description concise porte en effet, jusque dans ses erreurs
memes, 1 empreinte d une observation directe et profonde.
Au moyen âge, on commença à désigner le Renne sous le nom nouveau de Rangifer,
et des-lors les auteurs, compilateurs pour la plupart, ayant rapproché et mêlé sans
critique ce qui se rapportait à YAlce, au Machlis, au Tarandus, au Rangifer, et y
ayant joint d’autres descriptions du Renne sous les noms de Cervus groenlandicus
Briss., de C. mirabilis, Jonst, etc., amenèrent dans l’histoire de cette espèce une
confusion considérable. Depuis Buffon, cette confusion s’est éclaircie, et on sait maintenant
que YAlce des anciens est Yelk ou Yélan de nos jours, tandis que notre Renne
est le bos cervi figura de César, le tarandus d’Ælien et de Pline, et le Rangifer des
modernes.
^ Cependant, au milieu de sa savante critique, Buffon compliquait l’histoire du Renne
d'une nouvelle et singulière erreur. Tout ce que l’on savait de cet animal, le plaçait
dans le Nord; Jules César le donnait comme propre à la forêt Hercynienne et comme
inconnu dans d’autres contrées; Albert-le-Grand, au commencement du treizième
siècle, le disait relégué vers les régions polaires. Cependant, sur l’autorité de Buffon,
les naturalistes modernes ont admis, presque universellement, que le Renne existait,'
en France, dans les Pyrénées, au quatorzième siècle. Mon oncle a montré, dans une
note de son ouvrage sur les ossements fossiles (T . IV, page 58, in-2j°), d’où cette
opinion était née, et comment de mauvaises éditions d’un traité de la chasse de
Gaston Phæbus, avaient trompé jusqu’au plus grand des naturalistes, et accrédité une
grave erreur de zoologie géographique.
Les Rennes, qui peuplent encore tout le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique,
ne paraissent pas descendre aujourd’hui beaucoup en deçà du 5o*ou du 55" degré: on
ne les a, d ailleurs, observés vivants, en France, qu’assez rarement. Buffon n’avait pas
eu l’occasion d’en faire dessiner, quand il écrivit l’histoire de cette espèce : ce ne fut
qu en 1776 qu il put donner la ligure d’un Renne femelle, envoyé de Suède au prince
de Condé, et qui vivait à Chantilly. En 1821, le maréchal Mortier en reçut une paire
(1; De ûello Callieo, lib. VI.