CHINCHILLA.
L ’ existence de ce Rongeur est connue des naturalistes, pour ainsi dire, depuis la
découverte du Pérou; car Joseph Acosta (Hist. nat. et mor. des Indes, tant Orient.
qu’Occident., trad. franc., p. 193), qui écrivait sur la fin du seixième siècle, parle
déjà des Chinchillas comme d’animaux qui se trouvent dans les montagnes de cette
partie du Nouveau-Monde, dont les poils sont merveilleusement doux et lissesy et dont
on porte la peau comme une chose exquise et salutaire pour échauffer Vestomac et
les parties qui ont besoin de chaleur modéréej et, cependant, jusqu’en 1828, ils
sont restés dans la plus profonde ignorance sur sa nature et ses rapports avec les
autres Rongeurs, quoique sa fourrure soit devenue pour l’Europe, un objet de
commerce très-considérable. Gmelin, copiant Molina, en fit un Rat; M. Geoffroy-
Saint-Hilaire, considérant le nombre des doigts, le classa parmi les Hamsters, et
M. Tiedemann l’a réuni aux Lemmings. Le fait est que le Chinchilla n’appartient
ni à l’un ni à l’autre de ces genres, et présente les caractères du genre Lagostome
de M. Rrookes. C’est ce qu’à reconnu M. Yarrell, d’après le système dentaire de
cet animal, qu’il a pu observer sur les individus rapportés en Angleterre par
MM. Rechey et Collie, l’un capitaine et l’autre chirurgien d’une expédition faite
en 1828 à la côte nord-ouest de l’Amérique. M. Yarrell nous l’apprend lui-même
dans ses notes d’anatomie comparée (Zool. Journ., n° i 5 , janv. 1829), et on le
retrouve dans les premiers numéros (août 1829) de l’ouvrage intitulé Zoological
Menagerie} où se voit un groupe de Chinchillas dans différentes positions très-agréablement
représentés. M. Gray a aussi donné une figure et une description de cet
animal (Specilegia zoologica, pl. 7, p. 11) d’après les individus que l’on doit aux
soins de MM. Rechey et Collie. Enfin c’est encore d’après ces individus qu’a été fait
le dessein que nous en donnons, et que nous devons à la générosité de Mllc. M***.
Le Chinchilla a la taille et un peu la physionomie du Lapin; il paraît aussi en
avoir l’instinct, car il vit en troupes et se creuse des terriers. Sa nourriture principale
consiste dans les racines des plantes bulbeuses; il mange assis sur son derrière,
la queue relevée et en portant ses alimens à sa bouche avec les pieds de
devant, comme les Ecureuils. Cette espèce met au monde chaque année deux portées
de cinq à six petits. Des Chiens, conduits par des enfans, sont dressés à la
chasse de ces animaux. C’est là tout ce que l’on connaît sur les moeurs des Chinchillas,
et on le doit surtout à Molina (Hist. nat. du Chili, trad. ffanç., p. 283), et à
Meyer-Schmidt (Yoy. au Chili et sur les Andes, Londres, in-4°, 1824).