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 de  la queue,  et  la  longueur  de  celle-ci est de  neuf à  dix  lignes ;  sa couleur  est  d’un  
 gris  fauve  uniforme  en  dessus,  et d ’un  blanc  grisâtre  en  dessous.  Il  vit  dans  des  
 terriers,  comme tous  les  autres  Campagnols,  mais  il  les  creuse  ordinairement dans  
 les  champs,  dans  les  terrains  affectés à la  culture  des céréales,  toujours moins humides  
 que ceux des  prairies. 
 Le Campagnol  que je  vais décrire,  par opposition  à celui  dont je  viens  de  parler,  
 habite  au  contraire  les  prairies,  les  terres basses,  sans  toutefois qu’il  fuie  les  lieux  
 plus élevés, où  il  paraît se rencontrer  également,  mais  sans  toutefois aussi se rapprocher  
 des moissons.  Il  creuse dans  ces  terrains que  la charrue  ne soulève pas  ses  galeries  
 et  son  terrier,  dont on n’a  pas  encore décrit  les  contours  et  les  formes.  Autant  
 le  voisinage du  premier  est funeste  aux  champs de  b lé ,  autant  celui-ci  leur est  
 inoffensif;  cependant il  se fait,comme l’autre,  des provisions,  et  l’on dit  que,  pour  
 cela,  il  donne souvent la  préférence  aux pommes de  terre. 
 La  couleur  de  cette  espèce  est brun-marron  à  toutes  les  parties  supérieures  du  
 corps,  et d’un  gris jaunâtre aux  parties  inférieures. La première  de  ces  couleurs  résulte  
 de  poils  qui  sont gris  d’ardoise  à leur moitié  inférieure,  et  entièrement noirs,  
 ou  fauves,  ou  fauves  avec  la pointe noire  à leur  autre moitié.  C’est  le mélange  de  
 ce noir  et  de ce  fauve qui donne  la  teinte marron du pelage.  Les  poils  entièrement  
 noirs  dépassent  generalement  les  autres.  Ceux  des  parties inférieures du  corps sont  
 gris  d’ardoise  à  leur origine  comme  les  premiers,  et blanc  sale  à  leur moitié  libre.  
 La  queue  n’est  revêtue que  de  poils  extrêmement courts,  qui  sont  bruns. 
 Chez le Campagnol vulgaire, on trouve absolument  la même disposition et la même  
 nature  de  poils,  mais  ceux  qui  sont  à  moitié  fauves  chez  l’un  sont  d’un  blond  
 jaunâtre  chez  l’autre;  et  s’il  n’y   avait  entre  ces  animaux  que  ces  différences  assez  
 légères  des  couleurs,  il  serait  difficile  d’y  trouver des  différences  spécifiques;  mais  
 outre  le  naturel du Campagnol des prairies,  qui n’est point  celui  du  Campagnol  des  
 champs,  le premier  nous  présente  encore  pour  caractère  distinctif la  longueur de  
 sa  queue,  qui dépasse  toujours  de  trois  ou quatre  lignes  celle du  second.  II  paraîtrait  
 aussi  que les jeunes de  ces  deux espèces  ont des  différences  qui  les  distinguent  
 constamment.  Suivant M.  Bâillon,  ceux  du  Campagnol  qui  fait  l’objet de  cet  article  
 sont  d’un brun presque  noir,  tandis  que  ceux de  l’autre  ont  une  teinte beaucoup  
 moins  foncée. 
 Si  actuellement  nous  recherchons  de  quelle  espèce  le  Campagnol  des  prairies  
 se  rapproche  le  plus,  autant  toutefois  qu’une  pareille  recherche  peut  se  faire  sur  
 des  animaux  aussi  imparfaitement  connus que  les  Campagnols, nous  trouvons  qu’il  
 a  de  grandes  analogies  de moeurs  avec  le  Lemmus  Æconomus,  mais  il  a  la  queue  
 plus  longue  et  le  pelage  plus  foncé.  Le  Lemmus  saxatilis  aurait  avec  lui  des  rapports  
 dans  ses diverses  proportions ;  mais il  paraît  rechercher  les  contrées  montagneuses  
 et  vivre  de  semences plutôt  que  de racines,.  Je pourrais encore citer d ’autres  
 rongeurs  donnés  comme  des  Campagnols  de  Sibérie  et  surtout de  l’Amérique  
 septentrionale;  mais  ces  rongeurs  sont-ils  des  Campagnols?  c’est  ce  qui  n’a  point  
 été  constaté. 
 M.  Bâillon  adonné  à cette  espèce  le  nom  latin  de  Pralensè,  qu’elle  conservera  
 sans  doute. 
 M ars  1834. 
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