2 L E CAM PAGN O L DES PRA IR IES.
de la queue, et la longueur de celle-ci est de neuf à dix lignes ; sa couleur est d’un
gris fauve uniforme en dessus, et d ’un blanc grisâtre en dessous. Il vit dans des
terriers, comme tous les autres Campagnols, mais il les creuse ordinairement dans
les champs, dans les terrains affectés à la culture des céréales, toujours moins humides
que ceux des prairies.
Le Campagnol que je vais décrire, par opposition à celui dont je viens de parler,
habite au contraire les prairies, les terres basses, sans toutefois qu’il fuie les lieux
plus élevés, où il paraît se rencontrer également, mais sans toutefois aussi se rapprocher
des moissons. Il creuse dans ces terrains que la charrue ne soulève pas ses galeries
et son terrier, dont on n’a pas encore décrit les contours et les formes. Autant
le voisinage du premier est funeste aux champs de b lé , autant celui-ci leur est
inoffensif; cependant il se fait,comme l’autre, des provisions, et l’on dit que, pour
cela, il donne souvent la préférence aux pommes de terre.
La couleur de cette espèce est brun-marron à toutes les parties supérieures du
corps, et d’un gris jaunâtre aux parties inférieures. La première de ces couleurs résulte
de poils qui sont gris d’ardoise à leur moitié inférieure, et entièrement noirs,
ou fauves, ou fauves avec la pointe noire à leur autre moitié. C’est le mélange de
ce noir et de ce fauve qui donne la teinte marron du pelage. Les poils entièrement
noirs dépassent generalement les autres. Ceux des parties inférieures du corps sont
gris d’ardoise à leur origine comme les premiers, et blanc sale à leur moitié libre.
La queue n’est revêtue que de poils extrêmement courts, qui sont bruns.
Chez le Campagnol vulgaire, on trouve absolument la même disposition et la même
nature de poils, mais ceux qui sont à moitié fauves chez l’un sont d’un blond
jaunâtre chez l’autre; et s’il n’y avait entre ces animaux que ces différences assez
légères des couleurs, il serait difficile d’y trouver des différences spécifiques; mais
outre le naturel du Campagnol des prairies, qui n’est point celui du Campagnol des
champs, le premier nous présente encore pour caractère distinctif la longueur de
sa queue, qui dépasse toujours de trois ou quatre lignes celle du second. II paraîtrait
aussi que les jeunes de ces deux espèces ont des différences qui les distinguent
constamment. Suivant M. Bâillon, ceux du Campagnol qui fait l’objet de cet article
sont d’un brun presque noir, tandis que ceux de l’autre ont une teinte beaucoup
moins foncée.
Si actuellement nous recherchons de quelle espèce le Campagnol des prairies
se rapproche le plus, autant toutefois qu’une pareille recherche peut se faire sur
des animaux aussi imparfaitement connus que les Campagnols, nous trouvons qu’il
a de grandes analogies de moeurs avec le Lemmus Æconomus, mais il a la queue
plus longue et le pelage plus foncé. Le Lemmus saxatilis aurait avec lui des rapports
dans ses diverses proportions ; mais il paraît rechercher les contrées montagneuses
et vivre de semences plutôt que de racines,. Je pourrais encore citer d ’autres
rongeurs donnés comme des Campagnols de Sibérie et surtout de l’Amérique
septentrionale; mais ces rongeurs sont-ils des Campagnols? c’est ce qui n’a point
été constaté.
M. Bâillon adonné à cette espèce le nom latin de Pralensè, qu’elle conservera
sans doute.
M ars 1834.
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