2 OUANDEROU MALE.
Le Singe blanc à barbe blanche, considéré comme espèce distincte du seul Singe
blanc qui soit connu, l’Entelle, n’a d’autre fondement que quelques paroles bien
insignifiantes de Knox (Relation de l’île de Cey lan ), par lesquelles il indique
qu’il y a dans cette île des Singes dont le corps et le visage sont blancs, et qui
ont une longue barbe.
Enfin le Singe blanc à la barbe noire est indiqué dans Ray (Synopsis methodica
animalium quadrupedum, e tc ., p. i 58) , par ces seuls mots : Simia aÜba seu in-
canis pilis, barba nigra promissa. Dr. ¡Robinson é museo Leydensi.
Il n’y a certainement pas, dans ces* faibles renseignemens, de quoi fonder des
espèces, et bien moins encore dé& variétés ; car il suffit, à la rigueur, que les traits
distinctifs d’un animal soient spécifiques pour qù’on soit autorisé à y trouver les
caractères d’une espèce, surtout lorsqu’on les admet sans critique; il n’en est pas
de même pour les variétés. Il faudrait avoir constaté par une observation directe
que les caractères de telle espèce sont susceptibles de telles modifications , pour
qu’on puisse donner celles-ci comme caractères de variétés; or, c’est une observation
à laquelle nous ne sachions pas que l’Ouanderou noir à crinièrfe blanche ait
jamais donné lieu. D’ailleurs, lorsqu’on examine les sources où les notions qu’on
a sur ces animaux ont été puisées, on voit qu’elles ne peuvent rien produire
d’absolument pur. Prosper Alpin était sans doute un homme d’un mérite incontestable
; mais il faisait ses observations en Egypte à la fin du xvie siècle, à unè
époque où l’histoire naturelle était encore dans son enfance, et où l’on ne savait
ni observer, ni décrire. Quant à Knox, on voit trop, qu’échappé de sa servitude
chez les Ceyngalais, vers la fin du xvne siècle, il n’a pu écrire que de.mémoire,
et que les Çgures qu’il donne n’ont aucune garantie de fidélité. Enfin, Ray, que
l’on peut considérer comme le créateur de la zoologie moderne, ne rapporte ce
qu’il dit de son Simia Alba que comme une indication qui trouvait sa place dans
ce qu’il avait à nous apprendre de son premier Cercopithècus barbatus, et il n’est
pas cause de l’importance qu’on y adonnée. Il est donc évident que les auteurs chez'
lesquels on a puisé les notions qu’on possède sur les espèces ou les variétés de
Singes à crinière, que nous regardons comme douteuses, pas plus que les termes
dans lesquels ces auteurs parlaient de ces Singes, ne justifient les conséquences
qu’on en a tirées.