land. Allamand a donné encore Çouvr. cit., pl. iv) la figure d'un renne mâle, que des
matelots revenant du Nord montraient à Amsterdam; elle a une grande ressemblance
avec celle d’Edwards. Enfin M. Richardson a donné le dessin de la tête et des bois de
deux vieux rennes tués dans les vastes déserts du nord de l’Amérique.
Si de bonnes figures coloriées du Caribou et de ses diverses variétés nous manquent
encore, nous possédons au moins, grâce aux derniers voyages de découvertes au
Nord du continent américain, et surtout à l’excellent ouvrage du docteur Richardson
(Fauna Boreah-Americana, in-49, Londres, 1 8 2 9 ) , des renseignements détaillés et
précis sur la nature et les moeurs du renne de ces contrées, et sur les usages qu’en tirent
les habitants. Il ne serait pas sans intérêt de comparer sous ce rapport les efforts
si différents de l ’industrie humaine ; d’étudier les manières diverses dont les Indiens
chassent les rennes, ou les appliquent à leurs besoins. M. Richardson donne sur tous
ces points de longs et intéressants détails, que les limites de cet article ne me permettent
pas de reproduire. Qu’il me suffise de faire remarquer, comme un fait curieux
dans l’histoire des sociétés humaines, que chez aucune des peuplades du continent
américain le renne n’est devenu un animal domestique.
Suivant Je docteur Richardson, il y a deux variétés constantes et bien marquées du
Caribou. Elles habitent les contrées à fourrures, mais l’une est confinée dans les cantons
boises et plus méridionaux, et l’autre, qui ne se retire dans les bois qu’en hiver, passe
1 été sur les côtes de la mer arctique, ou dans ces régions dont l’auteur parle si souvent
sous le nom de terres stériles ( barren grounds).
« Les anciens écrivains français su r le C anada, d it-il, et J é rém ie , E llis , Dobbs, Umfreville, ainsi que ceux qui o nt parlé
» des possessions de la compagnie d e là baie d'H udson au sud de la rivière Churchill, ont décrit uniquement la variété des
» cantons boisés. D’un autre côté, la description du ren n e , donnée pa r H e a rne , s’applique principalement à la variété
» des terres stériles, q u ’il connaissait parfaitement bien. C’est aussi à celte dernière variété qu’appartenaient les dépouilles
» rapportées en Angleterre p a r les dernières expéditions arctiques. Aucune de ces variétés n ’a été encore exactement comparée
» avec les races de rennes d ’Europe ou d ’Asie, e t leurs caractères distinctifs, s’il en existe, sont encore inconnus. Le major
» Smith d i t , à la vérité, qu’il y a vraisemblablement un caractère par lequel on peut d istinguer du renne de l’ancien continent
» quelques unes, sinon toutes les variétés du Caribou ; c’est que les cornes de celles-ci sont toujours plus courtes, moins
» concaves, plus fortes, que leurs palmures sont plus étroites, et q u ’elles o nt moins d ’andouillers. J ’ai eu peu d ’occasions de
» vérifier jusqu’à quel point ces remarques seraient vraies pour la variété des cantons boisés, mais je puis dire hardiment,
» après avoir vu bien des m illiers d’individus de la variété des terres stériles, que les bois des vieux mâles sont p our le moins
» aussi palmés q u ’aucuns de ceux de l’espèce d’Europe q ue j ’ai vus en Angleterre. »
L ’auteur décrit ensuite les deux variétés :
Var. arctica. Caribou des terres stériles.
Stature petite; le mâle peut peser, en bon é ta t, de quatre-vingt-dix à cent trente livres; excessive variété dans la
» forme des bois, de manière à en rendre la description générale impossible. Quelques individus o n t les andouillers
■ palmés, les autres ronds; le plus grand nombre des mâles adultes o nt un de leur maître andouiller , tantôt celui du
« côté d ro it, tantôt celui du côté g auche, en forme d ’une large lame verticale, descendant entre les yeux et surplombant au-
> dessus du nez. Au mois de ju ille t, le caribou prend sa robe d ’é té , dont le poil est c o u rt, fin ; la couleur est d’un b ru n plus
» ou moins môlé de rougeâtre ou de jau n â tre ; le dessous du c o u , le ventre e t le dedans des membres demeurent blancs
» en toutes saisons. Le poil s'allonge e t devient extrêmement fourré en hive r; il prend alors une teinte uniforme d ’un
• blanc sale.
. Le caribou des terres stériles quitte, en hiver, les bords de la m er A rctique, p our se re tire r dans les bois qui s’étendent en-
» tre les 63* e t 6 6 ' degrés de latitude, où ils se n ourrissent principalement des lichens qui p endent aux arbres ; en m ai, les fe-
• nielles regagnent les bords de la mer, et vers la fin de ju in , les mâles p rennent la m ême d irection. A cette époque le soleil a
» desséché 1rs lichens des terres stériles, et le renne parcourt les pâturages humides des étroites vallées des bords et des Iles
» de la nier Arctique. Les femelles m ettent bas peu après leur arrivée su r les bords de la mer. Elles commencent leur retour
» vers le sud en s eptembre, e t atteignent les bois vers la fin d ’octobre.
» Les troupes varientdepuis huit ou dix individus jusqu’à deux ou trois cents. De tous les cerfs de l’Amérique du N o rd ,
» les rennes sont ceux qui se laissent approcher le plus facilement, e t q ue l’on tue en plus grand nombre. Une seqle famille
- d’ indiens peut quelquefois en abattre deux ou trois cents en quelques semaines. Toutes les terres stériles sont sillonnées
» par des sentiers tracés par les caribous, et qui deviennent quelquefois utiles aux voyageurs, en les conduisant vers des points
> de passage faciles pour les lacs ou les rivières. *
Var. sylvestris. Caribou des cantons boisés.
« — Je connais peu celte variété, dit M. Richardson, n’ en ayant vu. qu’un petit nombre d ’individus vivants. Elle
» est beaucoup plus grande que la précédente, et elle a des bois plus petits. L e pays propre à ce renne est une ligne de
» roches primitives, enveloppées de b o is , large d’environ cent milles, et s étendant dans un espace de quatre-vingts à
» centmilles, depuis les bords de la baie d’Hudson et depuis le lac Athapescow jusqu’au lac Supérieur. Contrairement à ce que
> fait le caribou des terres sté rile s , celui du pays boisé descend vers le sud au printemps. Il traverse en troupes immenses les
• rivières Nelson et Severn au mois de m a i, passe l’été sur les rivages marécageux de la baie de James, et, vers le mois de sep-
• tembre, remonte vers le Nord, en m ême temps qu’ il s’enfonce davantage dans l ’intérieur des terres. De novembre à av ril,
• il est rare d’en rencontrer dans un espace de quatre-vingt-dix à cent milles de la côte. Les troupes de ces rennes sont
> quelquefois si nombreuses, qu’ il leur faut plusieurs heures p our traverser une rivière en phalange serrée.
» Les variétés du caribou sont cruellement attaquées par le taon. »
Je dois borner à ces courts extraits les détails curieux que donne M. Richardson sur
le Renne d’Amérique. Il aurait été intéressant de pouvoir les rattacher à une figure
d’individu venu de ces contrées ; ce soin appartient désormais à d’autres : mais au moment
où je termine ce grand ouvrage de mon père, j’aurais cru remplir incomplètement
ma tâche, si je n’avais pas mis sous les yeux des naturalistes l’ensemble des
connaissances les plus récemment acquises sur l’espèce qui vient de nous occuper.
F héd. C U V IE R Pim.