PARADOXURE DE NURIE.
FEMELLE.
Quand mon père forma, en 1821, le genre Paradoxure, d après 1 étude dune
espèce alors vivante à la ménagerie, et <jui, bien que figurée dans Buffon, était encore
mal connue des zoologistes, il établit nettement les rapports naturels de cette subdivision
avec les groupes voisins. Depuis, dans un travail publié dans les Mémoires du
Muséum, t. IX, il avait cru pouvoir rapprocher de ce nouveau genre deux animaux
incomplètement connus; savoir, leParadoxurus aureus, dont M. Bennett parait avoir
fait, d’après l’animal vivant, le genre Cryptoprocta, et le Paradoxurus albifrons, qui
constitue le genre Ictid.es de M. Yalenciennes. Cependant le groupe des Paradoxures
s’est trouvé si heureusement établi, et il est venu satisfaire si à propos a un des besoins
de la science, que même en en retranchant ces deux animaux devenus eux-mêmes les
types de deux genres nouveaux, le genre Paradoxure, se trouve aujourd bui 1 un des
plus riches, et l’un des plus nombreux en espèces de tous ceux que fournit lé démembrement
du grand genre viverra de Linngeus. Si, en effet, 1 on voulait admettre
sans critique toutes les espèces de Paradoxures décrites par les naturalistes, le nombre
s’en élèverait à près de vingt.
Jusqu’ici tous les Paradoxures dont l’origine était connue, tous ceux qu a énumérés
M. Gray (Procès-verbaux de la société zoologique de Londres, 1882, p. 65), et. dont
le général Hardwicke a fait représenter une partie (Illustrations o f lndian zoology) ;
ceux qu’a décrits M. Hodgson (Description o f three new speeies o f Paradoxurus),
venaient du continent asiatique ou des îles de la mer des Indes; c est donc une circonstance
intéressante que d’en rencontrer une espèce originaire du Continent africain.
Cet animal avait été rapporté de Nubie par M. Burton, de Bordeaux, voyageur
zélé, dont mon père a donné le nom à une nouvelle espèce de Gerbille (Gerbillus
Burtoni), dans son dernier travail sur ce genre de rongeurs (Transactions zoologiques,
Londres, t. I I , p. i 3i). Ce Paradoxure avait tous les caractères extérieurs, les habitudes
, la physionomie générale du genre auquel il appartient. Le muffle et la lèvre
supérieure marquées d’un sillon profond; les cinq doigts à tous les pieds, les ongles
aigus, comprimés, éloignés du sol par les épais tubercules de la plante des pieds, et
cette queue, longue, un peu contournée en dessous vers son extrémité, qui parait au
moins appartenir à tous les Paradoxures, car ils ne présentent pas tous la queue roulée
en spirale de l’espèce qui a servi de type pour le genre.
La couleur générale de notre animal est un gris bleuâtre, marqué de tache.s et de
lignes noires. La teinte grise est plus foncée sur les côtés du cou et sur les épaules; plus
claire sous le cou, sur les flancs et sur les cuisses ; ces parties sont irrégulièrement marquées
de noir ; et cette dernière couleur domine surtout le long du dos, où elle forme
une sorte de ligne confuse ; près de celle-ci, de chaque côté, règne une ligne parallèle
plus distincte ; et plus bas encore, sur les flancs, les taches noires sont disposées en
deux séries parallèles à la ligne du dos. Cette distribution de couleur, qui était bien