ÉCUREUIL FOSSOYEUR.
C ’est M. Geoffroy Saint-Hilaire qui a fait connaître:cette espèce remarquable
d’Écureuil, laquelle doit le nom qu’elle a reçu à une circonstance toute particulière
au seul individu que M. Geoffroy ait eu sous les yeux lorsqu’il l’a distinguée
de toutes les autres : à -la longueur excessive de ses ongles. Cet individu
ayant sans doute vécu très-long-temps en cage, ses ongles se sont agrandis hors de
toute mesure, comme il arrive constamment à tous les Écureuils dans le même
cas. Ainsi, de cette dénomination, il ne faudrait pas conclure que cette espèce
fouit et vit dans des terriers, comme l’Écureuil suisse. En général, les noms spécifiques
des animaux ont ordinairement pour origine le-trait le plus remarquable
de tous ceux qu’ils présentent; aussi ont-ils le plus souvent une signification quelconque,
et cette signification se conserve lorsque le trait sur lequel elle repose est
invariable; mais si ce trait n’est qu’accidentel, si tous les individus de l’espèce ne
le présentent pas constamment, elle_se perd; et les noms ne sont : plus- alors que
des sons, ou que des assemblages de: sons, simplement destinés.à nous rappeler
l’être auquel ils se trouvent associés dans l’esprit.
Cet Écureuil fossoyeur, qui n’a encore été rapporté; à ce que nous croyons, que
du Sénégal et du Bournou, a, par ses couleurs, quelque ressemblance avec un Écureuil
des Indes orientales, décrit d’abord par Sonnerat sous le nom d ’Écureuil de Gingy,
et qui est entré ensuite, réuni au premier, dans les Catalogues méthodiques ,• sous
le nom d’Écureuil à bandes blanches ( Desmarets, Mam., p. 338 ). Ces Écureuils
forment cependant deux espèces bien distinctes, et doivent conséquemment être
désignés par des noms dififérens ; ce qui a lieu aujourd’hui dans les Collections du
Muséum, où le premier a conservé le nom de Fossoyeur ( S. erytliropus ) , et où le
second porte celui d’Écureuil à deux raies ( 5. bilinealus).
Un trait fort particulier de l’Écureuil qui nous occupe est la longueur de sa tête
et son peu de hauteur, la courbe longue et uniforme de son chanfrein, et surtout
l’extrême brièveté de ses oreilles. Ces particularités, qui ne se retrouvent dans aucune
autre espèce connue du genre, et qui sont d’un ordre assez élevé, me portent
à supposer que d’autres différences de même ordre s’observeront lorsque les recherches
pourront se porter sur tous les systèmes d’organes de cette espèce , et
qu’elle deviendra le type d’une de ces sous-divisions, analogues à celles des Guer-
linguets, des Tamias, e tc ., qui ont déjà été formées dans le genre Écureuil.
Cette espèce, dont j ’ai possédé deux mâles, paraissait avoir toutes les moeurs des
Écureuils proprement dits ; les deux individus que j ai pu observer aimaient a se