JAGUAR MALE.
VARIÉTÉ?
J ’ a i donné la description et la figure d’un Jaguar mâle dans la xviic livraison de cet
ouvrage, et la figure seulement d’un Jaguar femelle dans la xxixe. On a pu voir des
différences assez grandes entre ces deux figures : les taches en rose beaucoup plus
grandes et moins nombreuses chez le mâle que chez la femelle, et une teinte générale
un peu plus claire chez l’un que chez l’autre, sans nous arrêter à quelques
autres dîfférjexicfi&^muuis remarquables.
Les auteurs n’ayant jamais parlé que d’une grande ^espèce de Chats à taches en
rose, en Amérique, je dus supposer que ces différences tenaient aux sexes; e t,
me bornant au dessin pour les indiquer, je n’accompagnai d’aucun texte la figure
du Jaguar femelle.
Depuis cette époque, notre ménagerie a possédé une femelle de Jaguar qui a des
taches absolument semblables à celles du mâle dont je viens de parler, et elle possède
encore aujourd’hui un autre mâle à grandes taches en rose, venant d’Amérique
, qui diffère du premier mâle, et se rapproche à quelques égards de la première
femelle.
Ce n’est sans doute pas sur un aussi petit nombre d’exemples qu’il serait permis de
considérer ces animaux comme appartenant à deux espèces. Les naturalistes n’ont
encore aucune notion exacte sur les limites entre lesquelles varient les taches et
les teintes des Chats à pelage tacheté. Il est seulement probable que ces limites sont
assez étendues, et c’est par cette considération qu e , sans décider absolument la
question, je pencherais plutôt à regarder les différences des individus dont je viens
de parler comme des différences de variétés, que comme des différences spécifiques.
Un des problèmes les plus importans à résoudre pour la zoologie, est celui
des variétés du pelage dans les grandes espèces de Chats. La science, en effet,
ignore même encore de quels animaux on entend parler sous les noms de Panthère,
de Léopard, faute de connaître les variations de couleur que ces espèces
peuvent subir. La solution de ce problème ne peut évidemment résulter que d’un
grand nombre d’observations, et l’histoire naturelle ne réclame pas moins aujourd’hui
des faits nouveaux sur les variétés que sur les espèces; car elle n’entrera
véritablement en possession des espèces dont elle ne connaît pas les modifications
principales, que quand, par des observations suffisantes, elle aura fixé les limites
entre lequelles ces modifications ont lieu.
Ces motifs sont plus que suffisans sans doute pour expliquer ma publication de
plusieurs animaux de même sexe, sous le même nom, et conséquemment des deux