MARTE COMMUNE.
D a n s notre 59e livraison (mars i 825), en donnant la description de la Fouine,
nous avons montré que c’était sans aucun fondement que quelques auteurs ont cru
devoir n’envisager cet animal et la Marte que comme deux variétés constantes de la
même espèce ; et pour cet effet nous avons joint quelques considérations nouvelles
à celles que Buffon et Daubenton avaient présentées dans la même vue. Cette erreur
n’avait pu être commise qu’à une époque où les idées sur les genres naturels n’étaient
encore que très-imparfaites, où les genres, n’étant formés que d’une manière arbitraire,
ne contenaient souvent que des espèces étrangères l’une à l’autre par les
systèmes principaux d’organes, et ne se ressemblaient que par des caractères superficiels
, et qui n’étaient donnés que conventionnellement, comme étant ceux de ces
genres. Cette erreur aujourd’hui n’aurait plus lieu; et s’il était à craindre que l’on
en commît une, ce serait contre l’erreur opposée qu’il faudrait se prémunir. En. effet,
les genres dans la plupart des ordres, et surtout dans l’ordre des carnassiers, sont si
naturels, que les espèces ne se distinguent souvent que par les teintes du pelage,
c’est-à-dire par les seuls caractères des variétés.
Ce n’est point absolument le cas pour la Marte relativement à la Fouine : quoique
ces animaux aient plusieurs caractères spécifiques communs, ils diffèrent cependant
l’un de l’autre sous ce rapport; mais, il faut le dire, c’est dans la constance, plus
que dans l’importance de leurs caractères distinctifs, que nous en avons la preuve.
Daubenton, qui a décrit comparativement la Marte et la Fouine, les ayant toutes
deux sous ses yeux, fait connaître, avec son exactitude et sa précision ordinaires,
ce qui est exclusivement propre à chacun de ces animaux; aussi pensons-nous ne
pouvoir mieux faire que de donner sa description de la Marte, tant elle rend avec
vérité les caractères de l’individu que j ’ai sous les yeux, et sans doute aussi ceux
de l’espèce.
« La Marte, d it-il,.... a deux sortes de poils, un duvet (le poil laineux), et des
« poils longs et fermes (poils soyeux), qui paraissent plus gros vers leur extrémité
« que vers la racine. Le duvet était couleur cendrée, très-légèrement teinte de cou-
« leur de lilas sur la plus grande partie de sa longueur, et de couleur fauve très-
« clair, et presque blanchâtre à l’extrémité de chaque poil ; les longs poils étaient
« de couleur cendrée, semblable à celle du duvet; sur environ la moitié de leur
« longueur, il y avait aussi un peu de fauve-clair au-dessus du cendré, et le reste
« de chaque poil était luisant, de couleur brune mêlée de roux plus ou moins appa