LE PERCHAL.
C ’ e s t à Sonnerat que l’on doit la première connaissance de cette grande espèce de
Rat, dont Buffon donna une description et une figure, d’après une peau empaillée,
dans le vue volume des Supplémens de son Histoire Naturelle générale et particulière
(p l. 69, pag. a 76 ) .:Dès lors les dépouilles de cette espèce ont souvent été
rapportées en France; notre Muséum en possède plusieurs qui sont dues aux soins
de Leschenault et à ceux de M. Diard et de Duvaucel, et ce dernier nous en a fait
passer le dessin que nous publions aujourd’hui. C’est sur la seule description de
Buffon que cette espèce a été admise par les naturalistes, et l’on est tenté d’en rechercher
la cause. Il en est des objets de l’histoire naturelle comme des expériences
de la physique proprement dite, comme de tout ce qui dépend de l’observation
humaine : un fait n’a un degré suffisant de certitude pour ces sciences que quand
il a été vérifié, que quand plusieurs observateurs ont constaté sa réalité; et cette
vérification devient d’autant plus nécessaire, qu’il a moins d’analogie avec ceux qui
sont connus’; ou que sa ressemblance avec eux est plus grande : dans le premier
cas il reste isolé, et hè trouve aucun appui dans les autres faits; dans le second il
pourrait se confondre avec l’un ou l’autre de ceux-ci, et n’en différer que par des
modifications accidentelles ; et c’est ce qu’on aurait pu craindre pour l’espèce du
Rat Perchai. Le genre Rat renferme en effet plusieurs espèces qui ont tant de ressemblance
entre elles, qu’il est assez difficile d’en exprimer en paroles les caractères
distinctifs; et même ces caractères sont de telle nature, d’un ordre si peu
élevé, que dans plusieurs autres genres ils ne pourraient point servir à distinguer
des espèces, et caractériseraient au plus des variétés, car ils ne consistent guère
que dans des différences de taille assez peu étendues, et dans de simples variétés
de couleurs. Ainsi le Rat du Malabar de Pennant (Hist. of Quad., 3e édit., t. 1 1 ,
n° 3 7 ), le Surmulot, le Rat de l’Inde (Dem. Mamm., n” 474), ont les plus grands
rapports, et leurs différences ne deviennent un peu sensibles que quand on les voit
à côté l’un de l’autre. Cependant comme la grande ressemblance qu’ont entre elles,
les espèces du genre Rat est un des traits caractéristiques de ce genre, et en fait
même la perfection, il n’est guère permis de douter que l’espèce du Perchai ne soit
réelle et tout aussi fondée qu’aucune autre de ce groupe générique. Ce doute n’aurait
pu naître si cette espèce s’etait distinguée de toutes les autres par des poils en
forme d’épines, comme l’avait pensé M. Desmarets; ce qui l’avait conduit à le reunir
à sa division de ses Rats épineux, où se trouvaient de plus le Porc-Epic de Ma-
laca de Buffon (S u p p ., t. vu, p. 3o3 , pl. 77 ) et le Porc-Épic singulier des Indes