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CAMPAGNOL
C ette espèce, la plus commune et la plus anciennement connue de son genre, qui
en èst devenue le type et lui a donné son nom, est peut-être, de toutes les
espèces de rongeurs, celle qui, dans l’Europe moyenne, est la plus abondamment
répandue : aussi n’est-il aucun naturaliste qui n’ait été appelé à en parler, pour faire
céhnaître du moins sa fécondité et ses moeurs, causes quelquefois de tant de ravages
dans nos champs et de tant d’amères regrets pour le cultivateur.
Cette malfaisante espèce de rongeur a cependant été distinguée des autres fort
long-temps avant qu’on connût sa nature intime, et qu’on établît Ses Véritables rapports,
quoiqu’à certains traits de sa physionomie on se fût cependant aperçu que
d’âssez importantes différences la séparaient des espèces dont on croyait d’ailleurs
devoir la rapprocher. Ainsi, elle ne fut pour Gesner, Aldrovande, etc., qu’une
espèce de Rats des champs plus petits que le Mulot. Mais Rai fit l’importante observation
qu’elle se faisait distinguer des Rats par une tête plus grande que la leur ;
ce qui', plus tard, conduisit mon frère à chercher ün caractère plus précis qu’il crut
trouver dans des molaires sillonnées sur leur couronne et leur côte (Tableau élémentaire
d’Histoire naturelle des animaux, p.- i 3y ). Ce caractère, tiré dé là structure
des molaires, mais exprimé plus exactement, est en effet venu caractériser scientifiquement
le genre Campagnol, qui jusque là, n’était guère qu’empiriquement établi.
Le Campagnol a le corps ramassé d’un petit Ràt, mais sa tête arquée et beaucoup
plus large que celle des Rats le fait distinguer au premier coup d’oeil de ces animaux.
La longueur de son corps, du bout du muSeau à l’origine de la queue, est de
trois pouces huit lignes, et celle-ci à un pouce trois lignes. La distancé du bout du
museau à l’occiput est d’un pouce deux lignes, et la largeur de la tête, d’une joue à
l’autre, est de plus de dix lignes.
SéS membres sont courts ; la distance de l’épaule et de la croupe àu sol n’èst
que d’un pouce deux lignes.
Lés membres antérieurs sont terminés par quatre petits doigts minces, entièrement
libres et garnis d’ongles arqués et pointus. Le premier de ces doigts ou l’externe
est plus court ; le second est plus long que celui-ci et de très-peu plus court
que le troisième, qui est le plus long dé tous ; le quatrième se rapproche de la longueur
du premier. Le poucè manque et n’est marqué que par un tubercule garni d’un
ongle plat et obtus.
Les membres postérieurs otit cinq "doigts un peu plus forts que ceux des membres
opposés. Les trois moyens sont à peu près d’égale longueur; l’externe vient ensuite,
et c’est le pouce ou l’interne qui est le plus court; outre qu’il est placé beaucoup
plus en arrière que les autres. Les ongles dé ces doigts sont tous arqués et pointus.
La queue est courte, grêle, garnie, comme celle des Rats, d’ecailles epidermiques
et verticillées, formant de petits anneaux serrés, de la base desquels sortent des poils
, courts, mais en assez grand nombre pour que les écailles soient entièrement cachées ;
ce qui n’a pas lieu chez les Rats.