Le 16 février 1807 on procéda à l’installation des Chevaliers de l’ordre; de
bonne heure le retentissement du canon annonça aux. habitans de la résidence
Ja solennité du jour. A dix heures touB les Chevaliers étaient réunis dans la
salle du trône; quelques instans après S. M. la Eeine apparut, tandis què la
musique se fit entendre dans une salle voisine. Un peu plus tard S. M. le
Roi entra dans la salle, précédé et suivi des grands-officiers de sa maison.
S. M. portait un chapeau,, à la Henri IV et un manteau de velours bleu brodé
en or; ses autres vêtemens étaient en satin blanc. A Leur arrivée L. M. furent
saluées de tous côtés par des vivat répétés.
Quand S. M. le Eoi eut pris place sur le trône, le Grand-chancelier de l’ordre,
M. Maarlen van der Goes van Dirksland, prononça un discours plein d’élévation
oh il exposa tout ce que cette cérémonie avait d’auguste, et dans lequel l’amour
de la patrie se trouva exprimé avec autant d’énergie que d’éloquencé.
Avant de distribuer les décorations S. M. appela les Chevaliers pour prêter
s e rm e n t , et leur adressa, avec dignité, ces paroles solennelles:
Chevaliers, témoins de l’établissement du gouvernement et de l’existence
„politique de votre pays, vous avez recueilli et recueillez aujourd’hui que vous
„êtes appelés et réunis autour du trône, le finit des travaux, .du courage, delà ’
„persévérance de vos aïeux, de leurs glorieux succès dans les sciences, les arts,
„et tout ce qui peut illustrer une nation. Venez donc jurer de remplir leur
„attente, de vivre et de mourir en bons, fidèles et loyaux chevaliers, de vous
„consacrer entièrement au service de votre Eoi et de . votre patrie, toutes les
„fois qu’ils en auront besoin, d’avoir constamment pour règle de conduite la loi
„fondamentale de l’ordre : Doe wel en nie niet om. (Pay ce que doy, advienne
„que pourra). Vous le jurez?”
Dès qu’ils eurent prêté serment, les Chevaliers, appelés l’un après l’autre,
par le Ministre van der Goes, Grand-chancelier de l’ordre, vinrent s’agenouiller
au pied du trône et reçurent des mains du Eoi la décoration de Tordre que M.
Brantsen, Grand-Maître des cérémonies présenta à S. M. sur un plat d’or-.
La solennité dura deux heures et demie. Le trône était érigé sous des draperies
de cramoisi à franges d’or, et parsemées d’abeilles ; le bas fond du dais était
d’hermine et présentait les armes du Eoi. Les marches du trône étaient couvertes
d’un drap vert; des deux côtés étaient rangés les grands-officiers de
la. couronne, tandis que les pages étaient assis sur les marches. Au devant du
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trône s'élevait un autel, d’un style antique, sur lequel était placé le Saint-
Évangile. Les Chevaliers occupaient des bancs placés en amphithéâtre en face du
Eoi. La tribune, où se trouvait la Eeine avec les Princes, ses enfans et ses
dames d’honneur, était placée au côté gauche du troue et oraéç d’une draperie
rouge, à franges d’or. Les Chevaliers qui remplissaient des fonctions dans l’Etat
ou dans l’Armée étaient en grandycffstume, les autres en gala.
A quatre heures de l’après-midi, les Chevaliers se réunirent dans la salle du
théâtre, arrangée à cet effet,-où un splendide festin leur fut offert. Ce local
était décoré d’une manière, très élégante. Le fond, représentait un péristyle;
dans nn tableau transparent, qui fermait cette colonnade, paraissait la-croix
de l’ordre Eoyal, entourée d’un cercle rayonnant. Des lumières bien distribuées
éclairaient la salle. Les Commandeurs, dont le nombre était alors de 35, prirent
place aux premières tables ; les Chevaliers occupèrent les autres. A ce banquet,
lé Grand-chancelier de Tordre porta des santés au B,oi de Hollande, à la Eeine,
aux Princes leurs enfans, à l’Empereur Napoléon I, à la prospérité de Tordre,
au beau sexe, et à l’amitié. '
Tous ces toasts furent accueillis par de vives acclamations, .auxquelles prirent
part toutes, les dames qui paraient les loges et dont la présence embellissait
encore cette fête.
Vu que l’Hnion était lé but et la base de l’ordre, le Eoi décida novembre
1807, que pour marquer plus distinctement cette intention, l’ordre
porterait le nom d’Ordre Eoyal de l’Union, et la décoration subit quelques
changemens.