„Puisse la félicité publique, qui seta l’objet constant des soins de Votre auguste
Époux, faire longtemps son bonheur, celui de Votre Majesté et de toute
„la famille royale.”
- Avec beaucoup de bienveillance et de grâce LL. MM. répondirent à ces allo-
cutions.
Le Roi, dont les premiers soins avaient été de s’ocouper de l’organisation des
différentes autorités, et de prendre toutes les connaissances looales possibles, fit
son entrée solennelle à la Haye, le 28 juin 1806. Le cortège royal , partit du
palais du Bois à midi, dans l’ordre suivant:
Un Héraut d’armes.
La Garde à cheval de Sa Majesté.
La Garde d’honneur.
Les Huissiers d’État précédant les équipages.
Le Conseil d’État dans trois carrosses.
MM. les Amiraux dans un carrosse.
MM. les Ministres dans deux carrosses.
MM. les Grands Officiers de la couronne, dans un carrosse.
L etjhs M a j e s t é s .
MM. les Généraux dans deux' carrosses.
Les dames et les officiers de la maison royale dans un carrosse.
Monsieur le Premier Aide-de-camp, Lieutenant-Général, commandant les troupes
faisant partie du cortège était à cheval au côté droit du carrosse de Leurs
Majestés.
Le Général, commandant les troupes de la garnison, sous les ordres du
Lieutenant-Général, suivait immédiatement le carrosse de Leurs Majestés.
Un Écuyer se trouvait à la portière du carrosse, du côté gauche.'
Deux Écuyers près les roues de derrière, et les Aide-de-camp près les roues
de devant du carrosse.
Un détachement de hussards et un détachement de dragons fermaient la
marche.
Les troupes françaises et celles de la garnison formaient la haie tout le long
du chemin que devait suivre le cortège.
Le Ministre des affaires étrangères, M. van derGoes, remplissait les fonctions
de Grand maître des cérémonies.
Le cortège royal arrivé au palais du Binnenhof, Leurs Majestés furent reçues
par quatre députés de LL. HH. PP.
Arrivé dans la salle de l’assemblée, S. M. le Roi monta sur le trône, et après que
chaque membre du Corps Législatif eût prêté, sur l’Évangile, le serment de fidélité
au Roi et aux lois constitutionnelles du royaume, le Roi prononça le discours
suivant -1):
„Messieurs,
„Lorsque les députés de la nation vinrent m’offrir ce trône où je monte aujourd’hui,
je l’acceptai dans la conviction que c’était le voeu de la nation
„tout entière, que la confiance ét le besoin de tous m’y appelaient.”
„Comptant sur les lumières, le zèle et le patriotisme des principaux fonctionnaires
publics, et particulièrement sur les vôtres* Messieurs, les députés,
j ’ai mesuré sans crainte toute la profondeur des maux de la nation.”
„Animé du vif désir de m’occuper du bonheur de ce bon peuple, et conce-
„vant l’espoir de de lui procurer un jour, j’étouffai les sentimens qui firent
jusqu’ ici le but et le bonheur de ma vie. J’ai pu consentir à changer de
„patrie, à cesser d’être entièrement et uniquement Français, après avoir passé
„toute ma vie à remplir de mon mieux les devoirs que ce nom impose à tous
„ceux qui ont l’honneur de le porter. J’ai pu consentir pour la première fois
„à me séparer de celui qui, dès mon enfance, avait captivé mon amour et mon
„admiration, à perdre le repos et l’indépendance que ne peuvent avoir ceux
„que le ciel appelle à gouverner, à quitter enfin, celui dont l’éloignement m’in-
„spira de l’effroi, même dans les- temps les plus calmes, et dont la présence
„détruit les dangers.”
„J’ai pu y consentir, et j’y consentirais encore, Messieurs, si cela n’était
„déjà fait, par l’empressement, la joie, la confiance des peuples dont j’ai traversé
„le territoire; ils m’ont prouvé que vous étiez les véritables interprètes de la
»nation, alors surtout que j’ai la certitude de pouvoir compter sur votre zèle,
„votre dévouement aux intérêts de votre patrie, et sur votre confiance et votre
„fidélité envers moi.”
i) Ce discours est publié dans les Documens historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande, par
Louis Bonaparte, ex-Roi de Hollande; tome premier, pag. 84, ainsi, qu’ avec quelques petites différences, dans
le KoninkUjke Staats-Courant, du 24 juin 1806, no. 89. Nous avons cru, en le plaçant dans cet ouvrage, devoir
donner la préférence à la^ communication qu'en .a fait le Roi lui-même, puisque celle-là a droit à être
considérée comme la plus véridique et la plus exacte;