trompé, et si le dévouement absolu que j'ai montré pour mes devoirs, le 1“ avril
dernier, n’a servi qu'à traîner ou à prolonger l'existence du pays durant trois
mois, j'ai la satisfaction cruelle, douloureuse (mais c'est la seule que je puisse
avoir), que j’ai rempli ma tâche jusqu'au bout; que j’ai, s’il m'est permis de ,
m’expliquer ainsi, sacrifié à l’existence et à ce que je croyais le bien-être du pays,
plus qu il n’est permis de le faire.
Mais après la soumission et la résignation du 1er avril, je serais trop blâmable
si je pouvais rester avec le titre de roi, n’étant plus qu'un instrument, ne
commandant non seulement pas dans le pays, mais même pas dans ma capitale,
et peut-être bientôt même plus dans mon palais. Je serais cependant témoin de
tout ce qui se ferait sans pouvoir rien pour mon peuple. Responsable de tous les
événemens, sans pouvoir les prévenir ni les influencer, je serais en butte aux
plaintes des deux côtés, et cause apparente de tous les malheurs; je trahirais ma
conscience, mon peuple, mes devoir, en le faisant. . . ,
D y a long-temps, que je prévois l’extrémité où je suis réduit; mais je naurais
pu l'éviter qu’en trahissant les plus sacrées de mes obligations, qu’en cessant de
prendre les intérêts et d’attacher mon sort à celui de ce pays; je ne pouvais
le faire.
Maintenant que la Hollande est réduite à cet état, je n’ai comme roi de Hollande
qu’un parti, et c’est celui d’abdiquer en faveur de mes enfans. Tout autre
parti aurait encore augmenté les malheurs de mon règne. J aurais rempli avec
affliction ce pénible devoir; j’aurais bravé le spectacle de la ruine de tant d habitants,
trop souvent victimes des querelles des gouvernemens; mais comment soutenir
l’idée d’une résistance armée quelconque? Aurais-je pu endurer le spectacle de voir,
pour mes enfans, nés français comme moi, pour une cause juste, mais qu on aurait
pu croire seulement la mienne, couler le sang français?
Je n’ai donc qu’un parti. Mon frère, fortement aigri contre moi, ne lest pas
contre mes enfans, et sans doute il ne voudra pas détruire ce qu’il a tait, et leur
ôter leur héritage, puisqu’il n’a et n’aura jamais de sujets de plainte contre un
enfant qui de long-temps encore ne régnera pas par lui-même. Sa mère, a qui
la régence appartient par la constitution, fera tout ce qui sera agreable à 1 empereur
mon frère, et y réussira mieux que moi, qui ai eu le malheur de ne pouvoir
jamais y réussir; et à la paix maritime, avant peut-être, mon frere, connaissant
l’état des choses dans ce pays, l’estime que méritent ses habitans, combien leur
bien-être est d’accord avec l’intérêt bien entendu de son empire, fera pour ce
pays tout ce qu’il a droit d’attendre de ses nombreux sacrifices à la ïrance, de
sa loyauté, et de l’intérêt qu’il ne peut manquer d’inspirer à ceux qui le jugent
sans prévention. Et que sait-on? peut-être suis-je seul un obstacle à la réconciliation
de ce pays avec la France; et, si cela était, j’aurais, je pourrais trouver
quelque espèce de consolation à traîner un reste de vie errante et languissante,
loin des premiers objets de toute mon affection. Ce bon peuple et mon fais , voila
une grande partie de mes motifs; il en est d’autres aussi impérieux que je dois
taire et que l’on devinera (l’impossibilité de résister efficacement). L empereur mon
frère doit sentir que je ne puis faire autrement ; quoique fortement prévenu contre
moi, il est grand; il doit être juste étant calme.
Et quant à vous, messieurs, je serais bien plus malheureux, s il est possible, si
je pouvais penser que vous ne rendissiez pas justice à mes intentions.
Puisse la fin de ma carrière prouver à la nation et à vous que je ne vous ai
jamais trompés; que je n’ai eu qu’un but, celui de 1 intérêt du pays, et que les
fautes que je puis avoir commises tiennent uniquement à mon zèle, qui me faisait
désirer, non le bien, mais le mieux possible, malgré la difficulté des circonstances!
Je ne m’étais jamais préparé à gouverner une nation aussi intéressante, mais
aussi difficile que la vôtre. Veuillez, messieurs, être mon avocat auprès d’elle, et
prendre confiance et quelque attachement pour le prince royal, qui le méritera,
si j’en juge par son heureux naturel. La reine a les même intérêts que moi.
Je ne dois pas »terminer sans vous recommander avec les plus vives instances,
au nom de l’intérêt et de l’existence de tant de familles et de tant d’individus
dont la vie et les biens seraient'infailliblement compromis, de recevoir et traiter
tous les Français avec les égards et l’acceuil de l’amitié dus aux braves de la
première nation du inonde, vos amis et vos alliés, dont l’obéissance est le premier
devoir, mais qui ne peuvent qu’aimer et estimer davantage, à mesure qu’ils la
connaîtront, une nation brave, industrieuse, et digne d’estime sous tous les rapports.
Quelque part que se termine ma vie, le nom de la Hollande, et mes voeux les
plus vifs pour son bonheur, seront mes dernières paroles, et occuperont ma dernière
pensée.
Harlem, le 1er juillet 1810. (Signé) Louis.
Acte d’abdication.
Lodewijk Napoleon, door de gratie
Gods en de constitutie des koningrijks,
Roning van Holland, Connetable van
Prankrijk.
Overwegende, dat de ongelukkige ge-
steldheid, waarin het koningrijk zieh
bevindt, uit het ongenoegen voortspruit,
hetwelk de Keizer, Mijn nroeder, tegen
Mij heeft opgevat;
Overwegende, dat alle pogingen en
opofferingen van Mijne zijde, om dezen
staat van zaken te doen opnouden, vruch-
teloos zijn geweest;
Overwegende, eindelijk, dat het niet
twijfelachtig is, dat de oorzaak van dezen
tegenwoordigeri Staat van zaken daar
in moet gezöcht worden, dat Ik onge-
lukkig genoeg ben geweest, aan Mijnen
Broeder te mishagen, en zijne vriend-
schap verloren te nebben; en dat Ik der-
halve de eenige hinderpaal ben, om aan
deze onophoudelijke verschiffen en mis-
verstanden een einde te maken;
Hebben wij besloten, zoo als Wij, door
deze opene en plegtige brieven, uitOnzen
vrijen wille uitgevaardigd, besluiten, af-
stand te doen, zoo als Wij afstand doen
op dit oogenblik, van den rang en konink-
lijke waardigheid van dit koningrijk Holland,
ten behoeve van Onzen veel geliefden
Louis-Napoléon , par la Grâce de Dieu
et la constitution du royaume, Roi de
Hollande, Connétable de France.
Considérant que la malheureuse situa--
tion du Royaume résulte de l’indisposition
de l’Empereur mon frère contre moi ;
Considérant, que tous mes efforts et
sacrifices possibles ont été inutiles, pour
faire cesser cet état de choses ;
Considérant enfin, qu’il est indubitable
que la cause en est dans le malheur
que j'ai eu de déplaire et d’avoir perdu
1 amitié de mon frère, et qu’en conséquence,
je suis le véritable obstacle à
la fin de toutes ces discussions et mésintelligences
continuelles ;
Nous avons résolu, comme Nous résolvons.
par le présent acte patent et solennel,
émané de Notre volonté, d’abdiquer,
comme Nous abdiquons en cet instant,
le rang et la dignité royale de ce royaume
ae Hollande, en faveur de Notre
bien-aimé fils Napoléon-Louis , et à son