de son frère, S. M. le Roi de Hollande, en faveur de son dis aîné, le
Prince Napoléon-Louis, et à son défaut, en faveur de son frère, lé
Prince Charles-Louis-Napoléon.
Cet acte, fut accainpagné du rapport suivant du Duc de Cadore, auquel
était joint un projet de déôrèt, portant la réunion de la Hollande à
l'Empire.
Rapport à l'Empereur.
J’ai l’honneur de mettre sons les yeux de V. M. un acte du Roi de Hollande, en
date du 3. de ce mois, par lequel ce Monarque déclare qu'il abdique la couronne
en faveur de son fils aîné; laisse, conformément à la constitution, là régence à là
Reine, et établit un conseil de régence composé de ses ministres. Un pareil acte,
Sire, n’aurait dû paraître qu’après avoir été concerté avec V. M.; il ne peut avoir
de force sans son approbation. V. M. doit-elle confirmer la disposition prise par le
Roi de Hollande?
La réunion de la Belgique à la France à détruit l’indépendance de la Hollande:;
son système est devenu nécessairement celui de la France ; elle est obligée de
prendre paîrt à toutefe lés gudrrës maritimes qu’a la 'France, comme si elle était
une dè ses provinces. Depuis la création de 1 arsenal de l’Escaut ét la réunion à
la France des provinces composant les, dëpartemens des bouches-du-Rbin et des
bouches-de-l’Escaüt, l’existence commerciale de la Hollande èst devenue incertaine.
Les négocians d’Anvers, de Gand, de Middelbouvg, qui peuvent Sans entraves
étendre leurs spéculations jusqu’aux extrémités ne l’Empire dont ils font partie ,
doivent nécessairement faire le commerce que faisait la Hollande.
Déjà Rotterdam et Dordrecht sont à la veille de leur ruine, ces villes perdant le
commerce du Rhin, qui va directement, par la nouvelle frontière, dans les ports
de l’Éscaut, eh traversant le Biesbosch. La partie de la Hollande encore étrangère
à l’Empire, est privée des avantages dont jouit la partie qui y est -réunie. Obligée
cependant de faire cause commune avec la France, la Hollande supportera les
charges de cette association sans en recueillir les bienfaits.
La Hollande est accablée sous le poids de sa dette publique qui s élève de 85 à
90 millions, c’est à dire, à un quart de plus que la dette de tout l’empire réuni;
et si on projettait une réduction par le gouvernement du pays, il ne serait pas en
son pouvoir de donner une garantie de l’inviolabilité de cette disposition et de
sa fixité, puisque cette dette, même réduite à 30 millions, serait encore au-dessus
des moyens et des forces réelles de ce pays. On estime que la Hollande paye le
triple de ce que paye la France. Le peuple gémit sous le poids de 23 espèces de
contributions diverses : la nation hollandaise succombe sous ses contributions ; elle ne
peut plus les payer. Et cependánt Tes dépenses nécessaires du gouvernement exigent
que le fardeau soit augmenté. Le budjet de la marine ne s’est composé, en 1809,
que de trois miÎIiÔns de florins, qui ont été à peine suifisahs pour solder lés administrateurs,
les états-majors et le corps de la marine, et entretenir les arsenaux ; mais
qui n’ont pas permis l’armement d’un seul vaisseau de guerre. Pour satisfaire aux
armemens qui ont été ordonnés en 1810, et qui sont le minimum de la force navale
propre à la défense de la Hollande, il faudra le triple de cette somme. Le budjet de la
guerre a fourni à peine à l’entretien des forteresses et de seize bataillons : et
pendant que deux départemens de cette importance sont si loin d’âvoir ce qui leur
est nécessaire pour soutenir l’honneur et la dignité de l’indépendance, l’intérêt de
la dette publique a cessé d’être payé; il est arrière de plus d’un an et demi.
Si dans un tel état de choses, V. M. maintient les dernières, dispositions, en
donnant ainsi, à la Hollande un gouvernement provisoire, elle ne fait que prolonger
sa douloureuse agonie. Si le gouvernement d’un Prince dans la force de l'âge a
laissé ce pays dans un tel état de souffrance, que pourrait il espérer d’une longue
minorité ! il ne peut donc être .sauvé que par un nouvel ordre de choses. Re
temps de la force et de la prospérité, de la Hollande a été celui où elle faisait
partie de la plus grande monarchie qui fut alors en Europe. La réunion au grand
empire est le seul état stable où la Hollande puisse désormais se reposer de ses
souffrances et de ses longues vicissitudes, et retrouver son ancienne prospérité.
Ainsi V. M. doit prononcer cette réunion pour l’intérêt, je dirai, pour le salut de
la Hollande, elle doit s’associer à nos biens, comme elle est associée déjà à nos
maux. Mais un autre intérêt indique encore plus impérieusement à V, M. la conduite
qu’elle doit tenir.
La Hollande est comme une émanation du territoire de la France, elle est le
complément de l’empire; pour posséder le Rhin tout entier, V. M. doit aller
jusqu’au Zuyderzée. Alors tous les cours d’eau qui naissent dans la France, ou qui
baignent la frontière, lui appartiendront jusqu’à la mer. Laisser dans des mains
étrangères le débouché de hôs rivières, c’est, Sire, borner votre puissance à une
monarchie mal limitée, au lieu d’éléver un trône Impérial. Laisser dans des mains
étrangères les embouchures du Rhin, de la Meuse et de l’Escaut' c’est lui soumettre
votre propre législation; c’est rendre tributaires du possesseur de ces embouchures
le commerce et les manufactures de vos Etats; c’est admettre une influence étrangère
sur ce qui importe le plus au bonheur de vos sujets. La réunion de la
Hollande est encore nécessaire pour compléter le système de l’empire, surtout
depuis les ordres du conseil Britannique, de novembre ¡1,807. Deux fois, depuis
cette époque, V. M. a été obligée de fermer ses douanes au commerce Hollandais,
et par cette mesure, la Hollande a été isolée de l’empire et du continent. Après ja
paix de Vienne, V. M. eut la pensée d’exécuter la réunion. Elle en fut détournée
par des considérations qui cessent d’exister; elle se contenta à regret du traité pu
44 mars, qui a aggravé les maux de la Hollande sans remplir aucune des vues de
V. M. Aujourd’hui la barrière qui l’arrêtait s’est levée d’elle même. V. M. doit à
son empire de profiter de cette circonstance qui amène si naturellement la réunion.
H ne peut y en avoir de plus favorable à l’exécution de sps vues.
V. M. a établi à Anvers un puissant arsenal. L’Escaut étonné s’enorgueillit de
voir déjà vingt vaisseaux du premier rang portant le pavillon Impérial, et protégeant
ses rives, à peine fréquentées autrefois par quelques bàtimens de commerce. Mais
les vastes projets de V. M à cet égard ne peuvent être remplis dans Lepr totalité
que par la réunion de la Hollande; elle est nécessaire au complément d’une si
merveilleuse création. Avec l’énergie du gouvernement de V. M., l’année prochaine
ne sera pas finie que, par l’emploi des ressources maritimes que fournit la Hollande,
une escadre de 40 vaisseaux et un grand nombre de troupes de ligne, pourront
être réunis sur l’Escaut et au Texel pour disputer les mers au gouvernement Britannique
, et repousser ses tyranniques prétentions. Ainsi ce n’est pas l’intérêt seul
de la France qui exige la réunion; cest aussi celui de l’Europe continentale qui
demande à la France de réparer les pertes de sa marine, pour combattre sur spn
propre élément l’ennemi, de la prospérité de l’Europe, dont il n’a pu étouffer
l’industrie; mais dont il gêne les communications par l’excès de sps prétentions et
le grand nombre de ses vaisseaux. Enfin la réunion de la Hollande accroit l’empire