Une fois entr’autres, il les aborda franchement:. //On vous dit
„mécontents,” dit-il, „mais pourquoi? La France ne vous a pas
„conquis, elle vous a adoptés; il n'est aucune exclusion pour vous; vous
„partagez toutes les faveurs de la famille, Considérez-vous: j'ai pris
„parmi vous des préfets, des chambellans, des conseillers-d'Etat, dans le
„juste rapport de votre population, et j'ai accru ma garde de votre garde
„hollandaise. Vous vous plaignez de souffrir ; mais en France on souffre
„davantage ; nous souffrons tous, et cela durera tant que l'ennemi
„commun, le tyran des mers, le vampire de votre commerce ne sera
„pas ramené à la raison. Vous vous plaignez de vos sacrifices? Mais
„venez en France, et vous verrez tout ce qui vous reste encore au-dessus
„de nous; alors vous vous estimerez moins malheureux peut-être — .
„Mais pourquoi ne vous féliciteriez-vous pas bien plutôt de la fatalité
„qui amène votre réunion avec nous? Dans la composition nouvelle de
„l'Europe, que seriez-vous désormais laissés à vous-mêmes? Les esclaves
„de tout le monde ; au lieu, qu' identifiés à la France, vous êtes appelés
„a faire un jour avec éclat tout le commerce du grand Empire.'' Puis
prenant le ton de la gaîté, il leur dit : „J'ai fait tout pour vous plaire
„et vous accommoder. Ne vous ai-je pas envoyé pour vous gouverner
„justement l'homme qu'il vous fallait, le bon et pacifique Lebrun? Vous
„pleurez avec lu i, il pleure avec vous, vous pleurez ensemble y que
„pouvais-je faire de mieux?” et à ces mots tout l'auditoire se mit à rire
aux éclats. „Du reste/' ajouta-t-il, „espérons que ce rie sera pas long;
„croyez que je le désire autant que vous. Ceux d'entre-vous qui voyent
„loin vous diront que rien de tout ceci n'est dans mon caprice, ni dans
„mes intérêts.” ,)
A l'aspect de ce pays si riche, si heureusement disposé pour les grandes
opérations maritimes, où il fut si bien acceuilli et ou il reçut tant de
preuves d'enthousiasme, il enfanta mille combinaisons nouvelles, lui
accorda des facilités pour la pêche, supprima diverses entraves qui
gênaient la navigation intérieure du Zuyderzée, et le laissa pour un
moment rempli d'espérances et d'illusions.
L'Empereur lui-même emporta des sentiments très prononcés en sa
, ) Mémoires de Sainte-Hélêne, Tome V I , pages 66 et 67.
faveur. II.avait l'habitude de se plaindre avant son voyage, de ce que
quiconque était envoyé par lui en Hollande, devenait aussitôt Hollandais;
il le rappela même au Conseil d'État, disant qu’il l'était devenu lui-même;
et un jour qu'un des orateurs parlait légèrement de l'esprit des Hollandais :
„Messieurs,” dit-il/ „vous pouvez être plus aimables; mais je vous souhaite
„leur moralité.” ,)■>
Cette médaille en bronze se trouve dans la collection de M. Wurfbain
à Rheden. L'Empereur y est représenté les bras croisés, ainsi qu'on, le
vit lorsqu'il parcourut, dans sa chaloupe, les canaux de la ville d'Amsterdam.
On trouve aussi ce même buste, mais détaché de la plaque qui
porte l'inscription, en plomb. Il s'en vendit en grand nombre lors du
séjour de l'Empereur à Amsterdam.
I\°. 83. Pl. XII. Décoration.
Ordre Impérial de la Réunion.
Étoile d'or à douze rayons d'émail blanc, avec six faisceaux, composés
chacun de cinq flèches dont on voit les pointes entre chacun des rayons
supérieurs, et les bouts entre chacun des rayons inférieurs. Les faisceaux,
sont noués par un ruban sur lequel se lit: A JAMAIS. A JAMAIS.
L’Écusson au centre de l'étoile offre d'un côté un .trône, surmonté de
l'aigle Impériale; au pied du trône une louve allaitant deux enfants,
Romulus et Rémus, emblème de Rome; le trône est orné d'un écusson
aux armes du Piémont, champ de gueules à la croix d’argent chargé
d’un lambel. Au haut du trône, de chaque côté de l’aigle, on voit un
• , ) Mémoires de Sainte-Hélène, Tome Y I , page 67.