„Messieurs, dès ce jour seulement commence la véritable indépendance des
„Pro vinces-U nies.”
„Un seul regard sur les siècles passés suffira pour nous convaincre qu’elles
„n’eurent jamais de gouvernement stable, de sort assuré, et de véritable indépendance.”
„Sous ce peuple fameux qu’elles combattirent et servirent tour à tour, comme
„sous les Erancs et l’empire d’Occident, elles ne furent ni indépendantes ni
„tranquilles.”
j,Elles ne le furent pas d’avantage dans la suite et sous la dépendance de
„l’Espagne.”
„Leurs guerres et leurs luttes multipliées, jusqu’à l’époque de l’Union, ajoutèrent
à la gloire de la nation, confirmèrent ces qualités de loyauté, d’intrépidité
et d’honneur dont elle eut toujours le renom; mais ses efforts ne lui procurèrent
ni tranquillité,-ni indépendance, même sous l’autorité des princes
„d’Orange, qui, presque tous grands capitaines et politiques, furent si utiles à
„leur pays, mais l’agitèrent sans cesse, en affectant ou cherchant à obtenir un
„pouvoir que malheureusement peut-être la nation leur refusait.”
„La Hollande n’a pu l’être dans ces derniers temps, où l’exaltation des idées
„et l’ébranlement général de l’Europe ont si longtemps suspendu le bonheur
„des peuples.”
„Après tant de vicissitudes, d’agitations et de maux, dans un temps où les
„grands États même s’agrandissent encore, améliorent et concentrent leur gouvernement
et leurs forces, ce pays ne pouvait trouver sa sûreté, un gouvernement,
une indépendance réelle, que dans l’État monarchique modéré, gouvernem
en t reconnu dès longtemps et par chaque nation tour à tour, après une
„expérience pénible, pour être le meilleur, si ce n’est d’une manière .absolue, du
„moins autant que cela est donné à l’homme.”
„Sans doute que, si nous pouvions atteindre la perfection que la raison et
,¿’illusion de la jeunesse nous font imaginer, la société pourrait se passer du
„gouvernement d’un seul; la loi serait toujours rendue avec sagesse, et suivie
„sans obstacle et sans retard;, la vertu serait triomphante et recompensée, les
„yices bannis, et les méchans impuissans. Mais ces illusions sont de courte durée,
„et l’expérience nous ramène bientôt aux idées positives.”
„Cependant la monarchie ne suffirait pas à un pays qui, quoique puissant et
„important, ne l’est point assez pour sa position, qui exigerait des forces du
„premier ordre et sur terre et sur mer. Il lui fallait donc de telles liaisons avec
„une des plus grandes puissances de l’Europe, que son amitié lui fut éternellement
assurée, sans que son indépendance en put. jamais être altérée.”
„C’est, Messieurs, cé que la nation vient de faire; c’est le but des lois Constitutionnelles;
et, en me voyant chargé d’un emploi si glorieux, en me trouvant
„au milieu dun peuple qui est et sera toujours le mien par mon affection et mes
„soins, je vois avec orgueil qu’il m’offre deux grands moyens de gouvernement,
„l’honneur et les vertus nationales.”
„Oui, Messieurs, ce sont là les véritables appuis de ce trône. Je ne veux point
„avoir d’autres guides; il n’est pour moi ni religions ni partis différens. Le
„mérite et les services seuls feront la différence. Mon but sera de remédier aux
„maux que la patrie a soufferts; plus ils seront longs et difficiles à guérir, plus
„ma gloire sera d’y réussir. Mais j’ai besoin pour cela de la confiance entière de la
„nation, du dévouement et des lumières des personnes distinguées qu’elle contient;
„et principalement des vôtres, Messieurs les députés, qui me sont déjà connues.”
„Je fais en ee moment un appel aux bons et véritables Hollandais, devant les
„députés des-provinces et des principales villes du royaume; qu’ils m’entourent
„de leurs lumières et de leur zèle Je les vois avec plaisir autour de moi.
„Qu’ils aillent porter à leurs concitoyens l’assurance de ma sollicitude et de mon
„affection ; qu’ils portent surtout l’assurance de ces sentimens dans Amsterdam,
„dans cette ville, l’honneur du commerce et de la patrie, que je me .plais à proclamer
ma bonne et fidèle capitale. Qu’ils portent aussi les mêmes assurances a*
„leurs -concitoyens les députés de cette ville voisine, dont j’espère voir bièntôt
„renaître la prospérité.”
. „C’est par ces sentimens, Messieurs, c’est par l’union de tous les ordres de
„l’État, c’est par celle de mes sujets entre eux, c’est par le dévouement de chacun
„à ses devoirs, seule base du bonheur réel assigné aux hommes, et prin cipalement
„par l’union qui sauva les provinces de tous les dangers et de tous les maux, et
„qui fut toujours leur égide, que j’attends le repos, la sûreté, la gloire de la
„nation, et le bonheur de ma vie.”
lie Corps Législatif nomma une commission pour présenter une réponse à ce
discours; ce fut le 80 juin que cette commission fut introduite auprès du-Eoi,
e t le président, M. dè Yos van Sieenwijk, prononça le discours suivant: