Un décret Impérial, du 18 octobre 1810, contenait un règlement général,
pour ! organisation des départements de la Hollande. L’étendue de ce
décret ne nous permet pas de le reproduire dans cet ouvrage, afin de ne
pas dépasser les limites du cadre que nous nous sommes proposé.
Dans la séance du Sénat-conservateur, du 10 décembre 1810, le président,
S. A. S. le Prince Archi-Chancelier de l’Empire, fit donner lecture
d’un message de l’Empereur, accompagné d’un rapport du Ministre des
relations extérieures, pour faire connaître au Sénat les différentes circonstances,
qui avaient nécessité la réunion de la Hollande, des villes
Anséatiques et du Valais à l’Empire.
Message de S a M a j e s t é Im p é r i a l e e t R o y a l e .
S én at eu r s !
J’ordonne à mon ministre des relations extérieures de vous faire connaître les
différentes circonstances qui nécessitent la réunion de la Hollande à l’empire.
Les arrêts publiés par le conseil britannique en 1806 et 1807, ont déchiré le
droit public de l'Europe. Un nouvel ordre de choses régit l’univers. De nouvelles
faranties m’étant devenues nécessaires; la réunion des embouchures de l’Escaut,
e la Meuse, du Rhin, de l’Ems, du Wezer et de l’Elbe à l’empire, l’établissement
d’une navigation intérieure avec la Baltique, m’ont paru être les premières et les
plus importantes.
J’ai fait dresser le plan d’un canal qui sera exécuté avant cinq ans, et qui
joindra la Baltique à la Seine.
Des indemnités seront données aux princes qui pourront se trouver froissés pai\
cette grande mesure, que commande la nécessité et qui appuie sur la Baltique la
droite des frontières de mon empire.
Avant de prendre ces déterminations, j’ai fait pressentir l’Angleterre; elle a su
que le seul moyen de maintenir l’indépendance de la Hollande était de rapporter
ses arrêts du conseil de 1806 et 1807, ou de revenir enfin à des sentimens pacifiques.
Mais cette puissance a été sourde à la voix de ces intérêts, comme au cri
de l’Europe.
J’espérais pouvoir établir un cartel d’échange des prisonniers entre la France et
l’Angleterre, et par suite profiter du séjour des deux commissaires à Paris et à
Londres, pour arriver à un rapprochement entre les deux nations. Mes espérances
ont été déçues. Je n’ai reconnu dans la manière de négocier du gouvernement
anglais, qu’astuce et que mauvaise foi.
La réunion du Valais est une conséquence prévue des immeuses travaux que je
fais faire depuis dix ans dans cette partie des Alpes. Lors de mon acte de médiation,
je séparai le Valais de la confédération Helvétique, prévoyant dès lors une
mesure si utile à la France et à l’Italie.
Tant que la guerre durera avec l’Angleterre, le peuple Français ne doit pas
poser les armes.
Mes finances sont dans l’état le plus prospère. Je puis fournir à toutes les dépenses
que nécessite cet immense empire, sans demander à mes peuples de nouveaux
sacrifices.
Au palais des Tuileries, le 10 décembre 1810.
(Signé) N a p o l é o n .
Par I’E m p e r e u r :
(Signé) H. B. d u c d e B a s s a n o .
Après la lecture de ce message, S. Exc. le Duc de Cadore, Ministre
des relations extérieur,es, donna communication du rapport suivant.
Rapport du Ministre des relations extérieures à S. M, l ’Empebjeur e t R o i .
Sire,
Votre Majesté a élevé la France au plus haut point de grandeur. Les victoires
obtenues sur cinq coalitions successives, toutes fomentées par 1 Angleterre, ont
amené ces résultats; et l’on peut dire que la gloire, la puissance du grand empire,
nous les devons à l’Angleterre. - I . „ ..
Dans toutes les occasion, V. M. a offert la paix ; et sans chercher si elle serait
plus avantageuse que la guerre, vous n ’e n v i s a g i e z , S i r e , que le bonheur de la
génération présente; et vous vous montriez toujours prêt à lui sacrifier les chances
les plus heureuses de l’avenir. ■ . I __.. .
C est ainsi que les paix de Gampo-Formio, de Lunéville et d Amiens, et^postérieurement
celles de Presbourg, de Tilsitt et de Vienne, ont été ’conclues: c est ainsi
que cinq fois V. M. a fait à la paix le sacrifice de la plus grande partie de jes
conquêtes. Plus jalouse d’illustrer son règne, par la félicité publique, que d étendre
la domination de son empire, V. M. mettait des limites à sa propre grandeur; tandis
que l’Angleterre rallumant sans cesse le flambeau de la guerre, semblait conspirer
contre ses alliés et contre elle-même pour former cet _empire, le plus grand qui ait
existé depuis vingt siècles. . I x .
A la paix de 1783, la puissance de la France était forte du pacte de lamille qui
liait étroitement à sa politique l’Espagne et Naplesi
A l’époque de la paix d’Amiens, les forces respectives de trois grandes puissances
s’étaient accrues de douze-millions d’habitans de la Pologne. Les maisons de France
et d’Espagne étaient essentiellement ennemis, et les peuples de ces états se trouvaient
plus que jamais éloignés par leurs moeurs. Une des grandes puissances
continentales avait moins perdu de force par la réunion de la Belgique à la r rance,
qu’elle n’en avait acquis par la possession de Venise: et les. sécularisations du corps
germanique avaient encore ajouté à la puissance de nos rivaux.
Ainsi Ta France, après le traité d’Amiens, avait une force relative moindre quâ
la paix de 1783, et bien inférieure à celle à laquelle les victoires obtenues pendant
les guerres des deux premières coalitions lui donnaient le droit de prétendre.
Cependant, à peine ce traité fut-il conclu, que la jalousie de 1 Angleterre se
montra vivement excitée. Elle s’alarma de la richesse et de la prospérité intérieure
toujours croissante de la France, et elle espéra qu’une troisième coalition airacherai.
à votre couronne la Belgique, les provinces du Rhin et l’Italie. La paix d Amiens
fut violée. Une troisième coalition se forma : trois mois après, elle tut dissoute
par le traité de Presbourg.
H