Vicomte de Noirmont, Seigneur de Ferot et de Corioule, Conseiller au
grand conseil, c’est-à-dire à la cour suprême de justice dans les Pays-
Bas autrichiens, et de Dame Barbe-Françoise-Scholastique Marquise de
Maillen.
La famille de Stassart s’est distinguée dans la carrière des armes et
dans la magistrature. Elle reçut de l’Empereur Charles-Quint, confirmation
d’ancienne noblesse et décoration d’armoiries, par diplôme du
17 novembre 1547; et Jacques-Joseph de Stassart, Chevalier, Conseiller-
d’État et Président du conseil de Namur, reçut de l’Empereur Léopold II,
par diplôme du 21 décembre 1791, le titre de Baron.
La première éducation du Baron de Stassart se fit au sein de sa famille,
par les soins de sa mère; après quelques années d’émigration en West-
phalie, il fit ses études au collège de Namur. En 1802, lorsqu’il eût
terminé ses études humanitaires, il se rendit à l’université de jurisprudence
de Paris. Ses études furent brillantes, et appelèrent sur lui l’attention
du gouvernement français, qui, au mois d’août 1804, le nomma Auditeur
près le Conseil-d’État. Vers la fin de l’année suivante il fut attaché à l’intendance
générale de l’armée dans le Tyrol; en 1807, à celle de la grande
armée dans la Prusse orientale, et en 1808 à Berlin. A son retour en
France, en 1809, il fut nommé Sous-Préfet-d’Orange, et en 1810, Préfet
de Vaucluse, où il laissa les souvenirs les plus honorables.
Le Baron de Stassart épousa, le 20 décembre 1810, Caroline- Gabrielle
du Mas de Peysac, issue d’une famille noble du Périgord.
Après la réunion de 'la Hollande à la France, le Baron de Stassart
fut nommé Préfet du département des Bouches-de-la-Meuse, Il se
rendit au mois de février 1811 en Hollande, et fixa sa résidence à la
Haye, où il habita un hôtel au Voorhout. Il donna le 18 février,
la première audience aux autorités civiles et militaires de son département.
La position du Baron de Stassart en Hollande fut des plus difficiles.
Comme Préfet il devait exécuter les ordres du gouvernement français,
empreints d’une sévérité excessive, et les Hollandais, par instinct
naturel ennemis jurés du système continental et de la conscription, lui
imputèrent des actes arbitraires dans son administration.
Le Baron de Stassart ne voulut point s’écarter de son devoir, et observa
strictement lés ordres qu’il avait reçus, toutefois sans employér des
moyens trOp rigoureux.
Il s’aperçut bientôt que les mesures sévères qu’il avâit à exécuter excitèrent
le peuplé hollandais, d’abord contre lui et son administration,
ensuite contre le gouvernement français. Dans le büt dë concilier lés
esprits et d’amener plus de fraternité entre les Hollandais et les Français,
il fonda, en 1811 à la Haye, une loge maçonnique, sous la dénomination
de bureau du Roi de Rome.
Le 15 août 1812, à l’occasion de la remise d’un drapeau à la compagnie
de réservé en garnison à la Haye, lé Baron de Stassart proiidhça
un discours, dans léqüél son enthousiasme pour l’Empereur se fait
remarquer. Il suffira, pour en donner une idée, d’en rappeler les premières
phrases.
//Soldats, que ce jour, où l’airain devenu l’interprète de notre amour
,/et de notre reconnaissance, proclame la fête de N apoléon l e Gb a n d ,
„est cher à jtous les peuples qui composent la nation française! je l’ai
„choisi, ce jour mémorable, pour vous donner un témoignage éclatant
„de ma confiance; je l’ai choisi pour vous remettre ce drapeau que vous
„saurez défendre, s’il en est besoin, au prix même de votre sang. Vous
„allez voir flotter au milieu de vous, ces trois couleurs qui, depuis vingt
„ans, font l’étonnement et l’admiration de l’Europe. Ralliés sous ces
„nobles enseignes, puissiez-vous, bientôt, participer à la gloire de com-
„battre et de vaincre les ennemis de votre patrie! que ne vous est-il
„permis de suivre nos aigles victorieuses dans les champs de la Pologne
„et de la Russie ! mais le devoir vous enchaîne i c i . . . . ”
La vive admiration du Baron de Stassart pour l’Empereur éclate dans
tous ses discours, qui se terminent en général par les mots écrits en
grandes capitales : V iv e N apoléon l e G ba n d e t l e b ie n -aimé !,)
En 1813, le Baron de Stassart vit la tempête se former autour de lui,
et dès lors sa position devint insoutenable. H quitta la Haye au mois
de novembre et se rendit par Gorcum à Paris.
Après l’abdication de Napoléon I, le Baron de Stassart rentra pour
i ) Annuaire de l’Académie [Royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique,.
1855, note k la page 103— 104.
*