Empire, où d ie vit disparaître les dernières lueurs, d’une indépendance
nationale, pour laquelle les Hollandais, soutenus par un courage et une
constance infatiguables, avaient combattu pendant une période de quatrevingt
ans. . . . . . . . . , -, -■ - ,
Cependant il faut avouer que cet événement, avait déjà en quelque sorte,
été préparé, à la fin du siècle précédent, au sein de ce pays même, par
une faction aveuglée, infectée des doctrines révolutionnaires, et égarée parles
raisonnements d’une fausse philosophie. Les mots magiques de Morte,
égalité et fraternité, qui ont bouleversé tant d’Etats, et qui furent la ruine
de la vraie liberté garantie, enivrèrent la masse du peuple, qui, dans
son exaltation, se plongea dans des excès, qui dégradent l’esprit et le
coeur et qui brisant tous les lien s, et renversant tous les principes,
entraîna le pays dans le malheur, à la suite de dissentions et de révoltes
coupables, en payant cher son tribnt à l’esprit du siècle. Dans la fièvre
révolutionnaire, on oublia dans les Pays-Bas, ce qu’on devait àlamaison
d’Orange; on oublia que c’était, sous la conduite des nobles Princes de
cette illustre famille, et avec eux, que la patrie conquit son indépendance,
sa gloire et ses trophées.
Les patriotes, dans leur rage aveuglée, tendirent leurs mains de freres,
aux troupes républicaines de la France, qui inondèrent le pays, disant
qu’ils étaient des alliés, qui venaient les délivrer, et leur rendre, leurs
droits et leur liberté. Le Stadhouder fut alors obligé de s’éloigner et de
chercher un asile en Angleterre.
Ceci fut suivi d’un désordre complet; le gouvernement fat confié, à
une assemblée populaire, qui subit à chaque moment des changement.
Cette instabilité ne pouvait durer, aussi après quelques années, le
grand conquérant du siècle, qui selon ses propres paroles, était foncièrement
et naturellement, pour un gouvernement fixe et modère,) et qui
considérant la république Batave, q u i couvrait les frontières septentrionales
de la France, tant- par sa forme incertaine de gouvernement, que par
les factions intérieures qui la divisaient, comme sans consistance, e
par conséquent, comme dangereuse pour la France, voulut que ce pays
ne fat gouverné, que par un seul chef. Ce fut alors l’estimable Rutger-Jan
j ) Mémorial de St. Héléne, Tome I I , page 58.
Schimmelpenninck qui pour une période de cinq ans, fut revêtu du pouvoir
exécutif, avec l'autorité de la souveraineté. Cependant bette magistrature
élective eut l'inconvénient, qu'à chaque élection nouvelle, on avait à
craindre de nouveaux troubles et de nouveaux désordres. Ceci ne pouvant
être empêché, que par l'établissement d'un gouvernement héréditaire,
l'Empereur Napoléon I donna environ un an après, aux Hollandais, sur-
leur demande, son frère le Prince Louis-Napoléon pour Roi. En acceptant
lé trôné qui lui était offert, ce prince n'eut d'autre ambition que celle
d'assurer le bonheur et le bien-être de son peuple, dont il s'acquit l'estime
et l'attachement. En voulant régner indépendant de son frère, il oublia
qu'il était revêtu de la dignité de Connétable de l'Empire, ce qui était
aux yeux de l'Empereur, une bien grande faute. Le système continental,
si funeste pour le commerce de la Hollande, fut la cause principale, des
différends qui existèrent entré les deux frères.
L'Empereur en établissant un régime prohibitif sevère, avait pour but,
d'empêcher l'Angleterre, de se mêler des affaires du continent, d'y
introduire ses marchandises, et de cette manière,’ de la forcer à vouloir
la paix; immense bienfait, qui chaque jour devenait de plus en plus
nécessaire, et qui faisait depuis quelque temps, l'objet du plus ardent
désir de l'Empereur. Ce dernier crut qu'après quelques années pénibles,
une fois la paix rendue à l'Europe, le commerce serait bientôt rétabli
dans son ancien état florissant. Aussi l'Empereur avait-il fait savoir
à son frère, que sous aucun prétexte la France ne souffrirait que
la Hollande se séparât de la cause continentale, et que la Hollande,
dans l'état où. elle se trouvait, ne pouvant suivre un système politique
indépendant de celui de la France, il fallait qu'elle remplît les conditions
de l'alliance j).
Pour que ce fameux système pût atteindre son but important, il fallait
qu'il fût strictement observé.
Le Roi de Hollandé, au contraire, ne voyait dans Se système qu'une
mesure fatale, qui ruinerait la Hollande de fond en comble, et croyant
cette mesure gigantesque, impossible, et propre à ruiner entièrement la
j) Lettre de l’Empereur Napoléon à son frère le Roi Louis-Napoléon, du 3 avril 1808.
Mémorial de Sainte-Hélèné, Tome V I , page 189 et suivantes,