En conséquence de ces renseignements le ministère hollandais chargea
M. Labouchère de faire connaître au gouvernement anglais, que le
destin de la Hollande, c'est à dire le maintien ou la perte de son «patence
politique, dépendait des dispositions, qui pourraient avoir lieu de
la part du gouvernement anglais, pour parvenir à une prompte pais
avec la France, ou dumoins pour faire un changement r ée l, dans les
mesures adoptées par le susdit gouvernement, par rapport au commerce,
et à la navigation des neutres. M. Labouchère arriva le 6 février 1810,
avec ses instructions à Eondres, et le jour suivant il lui fut accordé une
audienee par S. Ex. le Marquis de Willesley, Ministre des affaires
étrangères ; mais toutes ses démarches auprès du gouvernement anglais,
furent infructueuses. M. Labouohère reçut le 12 du même mois une
communication, non officielle, ni signée, du Marquis de Willesley, dans
laquelle il faisait savoir, que la nature de la communication qui avait été
reçue de la part de M. Labouchère, permettait à peine que l’on fit la
moindre observation touchant une paix générale; qu’elle ne fournissait pas
même un motif à répéter les sentiments, que le gouvernement anglais
avait si souvent déclarés sur cette matière, et que la Hollande ne pouvait
pas s’attendre que l’Angleterre ferait le sacrifice de ses propres intérêts
et de spn honneur i).
De cette manière l’Angleterre, qui aurait pu sauver l’indépendance de
la Hollande, en rapportant ses arrêts du conseil de novembre 1807, on
en adoptant des vues pacifiques, préféra la continuation de la guerre à
l’indépendance de la Hollande., comme elle l’avait préférée au salut de
la Prusse. La France n’a donc été conduite au dégré de grandeur où
elle parvint, que par l’obstination de l’Angleterre à prolonger cette guerre
qu’elle déclara devoir être perpétuelle. Jusqu’alors chaque époque pu
l’Angleterre rejeta la paix, devint pour la France une époque de gitans,
et d'accroissement de puissance,
Les démarches auprès du gouvernement anglais, ayant entièrement
échoué le Koi, afin d’employer le dernier moyen qui lui restait pour
essayer de prévenir l’exécutien du projet de la réunion de la Hollande
, ) Voir le . pièces mtitalèea: Démarche. Au mimetère Hollandais, auprè. do gonvamemant
anglais, en février 1810.
à l'Empire, consentit à accepter toutes les conditions que l'Empereur
lui proposa, pourvu que son royaume subsistât.
Pendant Son séjour à Paris, il Se vit forcé de ratifier le traité du 16
mars 1810, par lequel, non seulement le Brabant hollandais, la totalité
de la Zélande et une partie de la Gueldre furent cédés à la France,
mais il fut encore convenu qu'un corps de dix-huit-mille hommes de
troupes, composé de six-mille Français, et de douze-mille Hollandais,
serait placé à l'embouchure des rivières, avec des employés des douanes françaises,
pour empêcher l'introduction dé marchandises anglaises, etc. eto.
Mais lés circonstances étaient telles, que cet acte même, ne pouvait
plus empêcher l'anéantissement total du dernier reste de l'indépendance
nationale de lâ Hollande, et ne servit qu'à différer l'époque de cet événement.
Les troupes françaises ne tardèrent pas à entrer en Hollande,
et 'ïenr nombre augmenta considérablement de jour en jour.
Le quartier-général dé l'armée française fut établi à Utrecht. Le Maréchal
Oudinot, BuC de Reggio, y fixasarèsidéncéà l'hôtel dit Pattskuizen,çi y reçut
le commandement des douze-mille Hollandais, qui devaient se joindre aux
Français pOur faire conjointement le service sur lès côtés.
Les villes de la Haye et de Leyde, fùrent aussi bientôt occupées par
les Français > tandis qtt'uïi antre corps était en marche sur l'Ost-Frise,
pour en occuper les côtés. Lé 29 juin, le Roi reçut l'information officielle,
que l'Empereur insistait Sur l'occupation-d'Amsterdam et sur l'établissement
du quartier-général français dans cette capitale. H né voulut y consentir;
c'était pour lni une humiliation à laquelle il ne pouvait se résigner ;
dans son déseSpoif et son indignation, îl résolut même de défendre sa
capitale jusqu’à la dernière extrémité. H convoqua ses Ministres, qui
aussi bien que ses généraux, furent d'âvis que Cette défense serait inutile,
et qu'il n'était pas prudent de s'opposer à l'occupation d'Amsterdam.
Le Roi se décida alors à abdiquer en faveur de ses fils, dans l'espoir de
sauver par là l'indépendance de son peuple.
Le Roi abdiqua le 1er juillet ; il adressa, au Corps-Législatif, un message
annonçant ses dernières volontés, et H fit une proclamation touchante
à son peuple, qu'il aimait beaucoup et qu'il était forcé d'abandonner j).
i ) Noos ayons donné les pièces relatives a l’abdication, soùs le N". 4 7 , p. 53 e t suivantes.