„eontre elle, elle voulut s’en rapporter à moi pour garantir la Hollande de 1 invasion
qui la menaçait; j’ai, dans cette circonstance, apprécié le caractère de
„ces peuples et lés qualités qui les distinguent.
„Oui, Sire, je serai fier de régner sur eux; mais quelque glorieuse que soit
„la carrière qui m’est ouverte, l’assurance de la constante protection de "V. M.,
J ’amour et le patriotisme de mes nouveaux sujets, peuvent me faire concevoir
,¿’espérance de guérir des plaies occasionnées par tant de guerres, et dévéne-
„mens accumulés en si peu d’années.’
, Sire, lorsque V. M. mettra le dernier sceau à sa gloire, en donnant la paix
„au monde, les places qu’elle confiera alors à ma garde, à celle de mes enfans,
’„aux soldats Hollandais qui ont combattu à Austerlitz sous ses yeux, ces places
’,'seront bien gardées. Unis par l’intérêt, mes peuples le seront aussi par les sen-
„timens d’amour et de reconnaissance de leur Roi à Y. M. et à la France.
La séance fut levée alors, et le Prince Louis-Napoléon proclamé Soi de Hol-
lande.
Voici comment l’Empereur s’expliqua au Sénat dans son message du 5 juin:
Adhérant aux voeux de LL. HH. PP., nous avons proclamé notre bien
aimé frère Louis-Napoléon, Roi de Hollande, pour ladite couronne être héréditaire,
en toute souveraineté par ordre de primogéniture dans sa -descendance
naturelle, légitime et masculine. Notre intention étant en même temps que le
Roi de Hollande et ses descendans conservent la dignité de Connétable de
l’Empire, notre détermination dans cette circonstance, a paru conformé aux
intérêts de nos peuples.
Sous le point de vue militaire, la Hollande possédant toutes les places fortes
qui garantissent notre frontière du nord, il importait à la sûreté de nos Etats
que la garde en fut confiée à des personnes sur l’attachement desquelles nous
ne puissions concevoir aucun doute. Sous le point de vue commercial, la Hollande
étant située à l’embouchure des grandes rivières qui arrosent une partie
de notre territoire, il fallait que nous eussions la garantie que’le
traité que nous conclurons avec elle sera exactement exécuté, afin de concilier
l’intérêt de nos manufactures et de notre commerce avec ceux du commerce
de ces peuples. Enfin, la Hollande est le premier intérêt politique de la
France, Une magistrature élective serait devenue le signal d’une guerre nouvelle.
Le Prince Louis, n’étant animé d’aucune ambition personnelle, nous a donné
une preuve de l’amour qu’il a pour nous, et de son estime pour les peuples de
la Hollande, en acceptant un trône qui lui impose de si grandes obligations.
Proclamation fa ite en Hollande, le 9 juin 1806.
Louis-Napoléon, par la grâce de Dieu et les lois constitutionnelles de l’Etat,
ltoi de Hollande, à tous ceux -qui la présente liront ou entendront, lire, salut.
Savoir faisons, par la présente proclamation* à tous en général et à chacun
en particulier, que nous avons accepté et acceptons la couronne de Hollande,
conformément au voeu du pays, aux lois constitutionnelles, et au traité .muni
des ratifications réciproques, lequel nous a été présenté aujourd’hui par les
députés de là nation hollandaise.
A notre avènement au trône* notre soin le plus cher sera de veiller aux intérêts
de notre peuple. Nous prendrons toujours à coeur de lui donner des preuves
constantes et multipliées de notre amour et de notre sollicitude; nous maintiendrons
la liberté de nos sujets et leurs droits, et nous nous occuperons sans
cesse de leur bien-être.
L’indépendance du royaume est garantie par l’Empereur notre frère; les lois
constitutionnelles garantissent également à chacun ses créances sur l’État, sa
liberté personnelle, et sa liberté de conscience. C’est après cette déclaration que
nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
1. Les Ministres de la marine et des finances, par décret de ce jour, entreront
en fonctions: les autres Ministres continueront les leurs jusqu’à nouvel ordre.
2. Toutes les autorités constituées, quelles qu’elles soient, civiles ou militaires,
continueront leurs fonctions jusqu’à ee qu’il en soit autrement ordonné.
3. Les lois constitutionnelles de l’Etat, le traité conclu à Paris entre la France
et la Hollande, seront immédiatement publiés, ainsi que le présent décret, de
la manière la plus authentique.
Donné, à Paris, ce 5 juin de l’an 1806, et de notre règne le premier.
Signé: Louis.